Les budgets français et italien s’invitent au sommet européen

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éen de Bruxelles, le 23 octobre 2014 (Photo : John Thys)

[24/10/2014 09:38:28] Bruxelles (AFP) Les budgets français et italiens, sur la sellette de la Commission européenne, se sont invités vendredi au sommet européen, consacré à la relance de la croissance.

Parallèlement, le Premier ministre britannique David Cameron devrait lancer un assaut contre Bruxelles, qui demande à Londres une énorme rallonge de 2,1 milliards d’euros au budget 2014 de l’Union européenne. De leur côté, la France bénéficierait d’un rabais de un milliard et l’Allemagne de 780 millions.

A quelques jours d’une possible sentence de la Commission européenne sur les budgets français et italien, le débat sur la flexibilité et l’application des règles budgétaires fait rage.

Le bouillant chef du gouvernement italien Matteo Renzi a relancé le débat jeudi en rendant publique une lettre dans laquelle la Commission européenne pointe une “déviation importante” dans le projet de budget italien et demande de proposer des remèdes d’ici vendredi.

La Commission pourrait en effet demander à plusieurs Etats de la zone euro de revoir leur projet de budget si elle constate des manquements graves en terme de réformes ou d’objectifs budgétaires. Ce serait une première, qui passerait très mal en France et en Italie, deuxième et troisième économies de la zone euro.

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éen de Bruxelles, le 24 octobre 2014 (Photo : Emmanuel Dunand)

“Le budget italien ne pose pas de problèmes”, a soutenu jeudi M. Renzi, qui entend “ouvrir un débat politique sur qui décide quoi” en matière budgétaire. Le projet de budget italien prévoit un déficit sous la barre des 3%, contrairement à la France, mais l’effort structurel (hors conjoncture) est insuffisant au vu des critères européens et la dette publique, au-dessus de 130% du PIB, inquiète.

Le ton est également ferme du côté français. Avec un budget prévoyant 21 milliards d’économies, “on n’ira pas au-delà”, a assuré le président François Hollande. “Il faut chercher d’autres moyens d’atteindre les objectifs qui sont ceux du déficit structurel”, a-t-il insisté, tout en promettant de respecter les règles européennes “mais avec le maximum de flexibilité”.

– ‘Calcul compliqué’ –

Le budget français prévoit un déficit à 4,3% du PIB en 2015, loin des 3% auxquels Paris s’était engagé. Même en termes structurels, le compte n’y est pas, avec un effort de seulement 0,2%.

“C’est un calcul compliqué”, a souligné le président français, qui a refusé de rendre publique la lettre “très banale” que lui aussi a reçu de la Commission européenne. Outre la France et l’Italie, trois autres pays de la zone euro ont reçu des courriers de Bruxelles: l’Autriche, la Slovénie et Malte.

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ésident français François Hollande au sommet européen de Bruxelles, le 24 octobre 2014 (Photo : Thierry Charlier)

Même si les deux pays campent sur des positions très fermes, des consultations ont lieu en coulisses pour rapprocher les vues avec la Commission, garante des traités, et éviter un scénario humiliant aux deux pays. Le verdict pourrait tomber mercredi prochain.

Mais les petits pays qui ont dû faire de lourds efforts d’assainissement budgétaire craignent que Rome et Paris bénéficient d’un traitement de faveur. “L’austérité et les investissements vont de pair. L’Estonie en est un bon exemple”, a lancé vendredi son Premier ministre Taavi Roivas.

Outre le débat sur les règles budgétaires, les Européens vont prendre acte de la dégradation de la conjoncture économique et chercher des moyens de relancer l’investissement, leur priorité affichée avec la lutte contre le chômage.

Tous comptent sur le plan de 300 milliards d’euros sur trois ans promis par Jean-Claude Juncker, qui prend la tête de l’exécutif européen début novembre. L’idée est d’aller vite, après un plan de croissance de 120 milliards d’euros en 2012 qui avait rapidement montré ses limites. M. Juncker s’est engagé à présenter son plan d’ici Noël. Pour accélérer les travaux, Paris et Berlin planchent de leur côté sur des propositions communes.

Le problème reste l’origine des fonds et la répartition de l’effort entre public et privé. Malgré de nombreux appels du pied, l’Allemagne se refuse à “signer des chèques” pour stimuler l’activité et faire profiter par ricochet ses voisins européens. Pour Berlin, la clé de la guérison de la zone euro passe avant tout par un assainissement des finances publiques et des réformes.