Pétrole : les monarchies du Golfe en mesure de faire face à la chute des prix

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étrole de Ras Tannura, près de Dammam en Arabie Saoudite, le 27 décembre 2004 (Photo : Bilal Qabalan)

[23/10/2014 08:48:51] Koweït (AFP) Les riches monarchies du Golfe sont en mesure de faire face à la chute des prix du brut au moment où d’autres producteurs s’emploient à freiner la dégringolade des cours sur fond d’offre abondante et de sombres perspectives économiques, selon des analystes.

Les cours du brut ont chuté à un plus bas en quatre ans, perdant depuis juin un quart de leur valeur, en raison d’une abondance de l’offre, d’une baisse de la demande et de mauvaises prévisions économiques mondiales. Ce qui a amené des membres de l’Opep, hors Conseil de coopération du Golfe (CCG), à appeler à réduire la production pour juguler la baisse.

Les six monarchies du CCG, conduites par l’Arabie saoudite, premier exportateur de brut dans le monde, produisent ensemble plus de 17 millions de barils par jour (mbj), dont 12 à 13 mbj sont exportés, générant 90% de leurs revenus.

Le CCG comprend l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, Oman, le Qatar et le Koweït.

Quatre membres -Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Koweït et Qatar– sont membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et pompent 16 mbj, soit plus de la moitié de la production de l’Opep, qui est de 30,5 mbj.

“Je ne pense pas que les Etats du CCG soient profondément affectés par la baisse des prix du brut à court terme. L’impact sur les producteurs non membres du CCG sera beaucoup plus fort”, déclare à l’AFP l’économiste saoudien Abdallah al-Kuwaiz.

“La plupart des pays du CCG se sont constitués un coussin financier solide qui leur permet de supporter les conséquences. Tous ont élaboré leur budget à un prix du pétrole à 80 dollars/baril ou moins”, ajoute cet ex-responsable économique du CCG.

– Immense manne pétrolière –

Les revenus des pays du CCG, notamment les recettes pétrolières, sont passés de 366 milliards USD en 2009 à 729 milliards USD l’an dernier, selon des statistiques du groupe koweïtien KAMCO Investments et du Fonds monétaire international (FMI).

Ces pays ont ainsi constitué des réserves financières de 2.450 milliards USD, accumulées au cours des dernières décennies grâce à leur manne pétrolière, selon l’Institut de finance internationale.

Ils “sont en position solide pour rester inébranlables encore quelques années” si un différend sur la production éclatait, estime l’analyste koweïtien Moussa Maarafi.

“L’Arabie saoudite et la plupart des Etats du CCG (…) seront en mesure de résister aux pressions pour réduire la production et perdre des parts de marché”, ajoute à l’AFP M. Maarafi, ancien membre du Conseil suprême du pétrole du Koweït.

Dans un récent rapport, le FMI a indiqué que les réserves financières des pays du CCG leur permettraient de poursuivre leurs programmes de dépenses à court terme.

– Défendre leurs parts de marché –

Signe de leur détermination à préserver leur part de marché, l’Arabie saoudite et d’autres monarchies du CCG ont réduit les prix du brut livré aux marchés asiatiques et ignoré les appels à une réduction de la production ou à la tenue d’une réunion extraordinaire de l’Opep.

“Les déclarations en provenance d’Arabie saoudite ne montrent aucun signe que le royaume va renoncer à une partie de sa production pour calmer le marché”, déclare M. Kuwaiz.

Au contraire, l’Agence internationale de l’Energie (AIE) a indiqué la semaine dernière que l’Arabie saoudite avait augmenté en septembre sa production à 9,73 mbj.

“Ryad semble déterminé à défendre sa part de marché”, a souligné l’AIE.

Le royaume, qui exporte quelque 7 mbj, a jugé “confortable un prix à 90 dollars” le baril, a indiqué la semaine dernière Matt Smith de Schneider Electric, ajoutant que Ryad s’intéressait “plus à sa part du marché qu’au prix”.

Les cours du brut tournent actuellement autour de 85 dollars/baril.

Selon HSBC Global Research, l’Arabie saoudite dispose de réserves financières suffisantes pour maintenir pendant trois ans ses dépenses publiques à leur niveau actuel.

MM. Maarafi et Kuwaiz conviennent que le prix du baril pourrait descendre à 70 dollars, un niveau beaucoup plus préjudiciable aux producteurs non membres du CCG, notamment l’Iran et la Russie.

Mais le FMI avait averti que le prix actuel est proche de celui retenu par les monarchies du CCG pour élaborer leurs budgets, laissant entendre que de nouvelles baisses du cours du brut pourraient les plonger dans le rouge.