GRH – “L’enthousiasme au travail : chance ou état d’esprit?”

Par : Tallel


enthousiasme.jpg“L’enthousiasme
est le premier signe extérieur du bonheur au travail”, juge Philippe Laurent,
conférencier, coach et formateur. Mais comment acquérir cet état d’esprit?

EMPLOI – “L’enthousiasme est cette manière d’être avec les autres qui s’impose
comme une évidence incontestable, affirme Philippe Laurent. Il est cette envie
d’avancer, de réussir, de dépasser les obstacles, de SE dépasser”.

Quel plaisir de travailler avec une personne enthousiaste! Et quel plaisir de
travailler avec enthousiasme. Est-ce une chance? Pouvons-nous faire quelque
chose pour améliorer notre situation?

L’enthousiasme est à la fois cette flamme brûlante qui embrase le discours et ce
souffle qui dynamise. Il est un feu intérieur qui jaillit de la personne et
donne du relief à sa parole. L’homme enthousiaste prend les problèmes à bras le
corps, lance des projets avec confiance, vit à fond… Il se consume tout en se
régénérant. Quand il est à la tête d’une équipe comme manager, il embarque son
équipe dans une aventure, l’entraîne dans un mouvement et revitalise ses
collaborateurs par son dynamisme. L’énergie débordante et positive qu’il dégage
autour de lui par sa manière de parler et d’interagir avec les autres le rend
moteur, source de mouvement.

L’enthousiasme est cette manière d’être avec les autres qui s’impose comme
une évidence incontestable

Que reste-t-il de cette première définition de l’enthousiasme dans le monde du
travail du XXIe siècle? Quel est ce lien divin capable de transporter la
personne enthousiaste? La Pythie aurait-elle pu être emportée et transportée par
l’esprit divin si elle n’avait pas cru au pouvoir d’Apollon? A l’origine de
cette extase, devait donc se trouver la confiance. L’enthousiaste est projeté
vers un autre monde qu’il anticipe et auquel il croit. Il est déjà tendu vers ce
qui le finalise et donne sens à son action. Ce faisant, il est en mesure
d’éclairer les autres et de les motiver en leur faisant entrevoir sincèrement et
positivement leur propre futur.

L’enthousiasme est cette manière d’être avec les autres qui s’impose comme une
évidence incontestable. Il est cette envie d’avancer, de réussir, de dépasser
les obstacles, de SE dépasser. Il est cette joie d’entreprendre, de construire,
de conduire. Il rayonne dans ce discours spontané et dynamique où la personne
est source et se donne sans compter ni calculer. Il a un pouvoir quasi magique
(divin) sur les autres qui le perçoivent comme un souffle (pneuma), une énergie
spirituelle.

D’où vient donc cet enthousiasme? Y aurait-il une méthode à suivre pour être
enthousiaste?

Rappelons-nous que la Pythie de Delphes devait être pure et mener une vie saine
pour entrer en extase. La première condition de l’enthousiasme ne serait-elle
pas d’être bien avec soi-même et de ne pas souffrir dans son corps? La
souffrance physique ne contribue-t-elle pas à replier la personne sur elle-même
au lieu de l’élever “vers le divin”, de la tourner vers les autres?

De même en est-il de la personne qui se sent moralement coupable, incapable de
mener correctement ce qu’elle a envie de faire ou d’éviter ce qu’elle n’a pas
envie de faire. L’homme enthousiaste est un homme en bonne santé physique et
psychique: il peut ressentir de la douleur physique mais son esprit lui permet
de ne pas se replier sur elle dans la souffrance; il peut avoir conscience de
ses limites personnelles, voire de ses échecs, mais il regarde résolument vers
l’avant avec confiance.

L’enthousiaste est sensible et peut s’enflammer rapidement si le sujet le
touche

En plus d’une vie pure et saine, la Pythie de Delphes devait avoir un esprit
disponible et serein. Un esprit disponible est un esprit libre qui n’est pas
trop encombré par les soucis du quotidien. Quand j’étais moine, je me rappelle
avoir souvent chanté ce cantique qui commençait par “déposons tout souci du
monde”. Se libérer l’esprit, c’est accepter de “déposer” volontairement ses
soucis, de les abandonner un instant. N’est-ce pas le plus sûr moyen de mieux
les résoudre par la suite? C’est un esprit qui tolère l’imperfection de soi, des
autres et de son environnement. Il relativise en mettant les choses, les
personnes et les évènements en perspectives, en les resituant dans la ligne de
l’enjeu.

A l’opposé de l’apathique, qui ne ressent plus rien, ne réagit plus ou s’ennuie,
l’enthousiaste est sensible et peut s’enflammer rapidement si le sujet le
touche. Il manifeste sa joie et peut montrer sa déception ou exprimer sa colère.
Il est dynamique, tonique et redonne du tonus à qui le côtoie. Il est motivé par
ce qu’il fait, car il aime faire ce qu’il fait. Tout en gardant les pieds sur
terre, il n’a pas peur de l’avenir car il sait qu’il en est responsable. Ce
n’est pas un naïf béat qui dit d’accord à tout ce qu’on lui propose. C’est une
personne de caractère qui prend à cœur ses engagements, défend les causes
auxquelles elle croit.

L’enthousiasme est le premier signe extérieur du bonheur au travail dans la
mesure où c’est ce qui saute aux yeux. C’est la manière dont le bonheur peut
s’incarner dans un type particulier de travailleur: l’entrepreneur. Il vit
pleinement dans l’action et a besoin de l’action pour vivre. C’est un homme de
projets et d’initiatives qui parvient à motiver les autres de manière naturelle.
Son bonheur s’exprime à travers ses paroles et ses gestes.

L’enthousiasme est un débordement de vie qui donne vie et envie. John Wesley
n’écrivait-il pas: “Prends feu avec enthousiasme et les gens viendront de loin
pour te voir brûler”?

Philippe Laurent, conférencier, coach et formateur