Tunisie – Transport et logistique : Le passage à l’acte!

logistique-tansport.jpgNon ce ne sont pas des mots, que des mots. Chiheb Ben Hmed, ministre du Transport, est passé à l’acte en créant, en partenariat avec le ministère de l’Intérieur, une unité affiliée à Tunisair chargée de veiller sur la sécurité des bagages des voyageurs, en équipant l’Aéroport Tunis-Carthage d’un nombre plus important de caméras de surveillance, en renforçant la présence des contrôleurs de l’OACA pour appliquer la mesure d’interdiction de l’usage du tabac dans l’enceinte de l’aéroport et prévenir des actes illicites ou de corruption et en créant une brigade spéciale destinée à protéger les usagers de l’aéroport des mauvaises pratiques de certains chauffeurs de taxis en poste devant Tunis-Carthage.

Ce ministre, rompu à l’art des négociations avec les syndicats, auparavant directeur général adjoint de Tunisair, et président du Conseil d’administration de Tunisair Technics, a su convaincre ses partenaires dans les différents établissements publics sous tutelle de la nécessité de revoir leurs politiques de développement et de se fixer de nouveaux objectifs avec pour maîtres-mots “performance et rentabilité“.

Il a également su mettre en place des canaux de dialogue efficients et constructifs avec les syndicats. Aujourd’hui, on ne peut plus, sous prétexte d’une protection inconditionnelle de la part des syndicats, se permettre des défaillances pour ce qui est de la qualité de service à l’aéroport Tunis-Carthage: ponctualité et productivité sont de mise.

L’entreprise n’est pas simple, car comme tout le monde le sait, le passage d’Abdelkrim El Harouni au ministère lui a été fatal. Non seulement cet activiste pur et dur du parti islamiste l’a truffé de ses disciples nahdhaouis, mais pire, il n’a même pas désigné des compétences à la tête de nombre de sociétés et de départements ministériels.

Conséquence: la descente à l’enfer d’un ministère qui comptait, parmi ses établissements sous tutelle, des entreprises bénéficiaires comme la STAM.

Ce sont donc des restructurations auxquelles compte s’attaquer le ministre et son équipe. Des restructurations réfléchies, concertées et négociées. A commencer par Tunisair où l’on commence d’ores et déjà à discuter des critères de départ à la retraite volontaire et des listes des personnels intéressés par la proposition. Sans oublier, comme annoncé auparavant l’ouverture du capital aux différents personnels de la compagnie et aux privés si besoin est avec une majorité détenue par l’Etat.

Chiheb Ben Hmed serait également en train de gérer un surplus d’aéroports dont une partie pourrait mieux fonctionner si nous arrivions à les transformer en des terminaux. Ces aéroports qui fonctionnent aujourd’hui à perte, comme ceux de Tabarka, Gabès ou de Tozeur.

L’aéroport de Monastir, qui réalisait des bénéfices de l’ordre de 35 millions de dinars par an, n’arrive plus à les atteindre. Et d’ailleurs avons-nous besoin d’autant d’aéroports quant 1.200 km seulement séparent le Cap Blanc de Borj El Khadra? Mais en implanter autant était, semble-t-il, porteur pour l’ancien régime.

L’utile et l’agréable…

La politique de Ben Ali consistait, entre autres, à joindre l’utile à l’agréable, en construisant des aéroports qui coûtent très cher, ce qui lui permettait de se graisser les pattes de commissions auprès des fournisseurs et, d’un autre côté, de se jouer des populations les laissant croire qu’ils ont un grand acquis alors qu’en réalité il s’agit de grosses pertes, et pour eux et pour le pays.

Le problème est que pour pouvoir introduire une nouvelle dynamique à ces aéroports pour mieux les rentabiliser, il faut mettre en place la logistique qui s’impose. Les transformant à titre d’exemple en des terminaux permettant aux voyageurs d’être enregistrés dans leurs lieux de résidence et d’embarquer à partir de l’aéroport le plus proche.

Il s’agit de mettre en place des réseaux ferroviaires et autoroutiers liant directement les terminaux aux salles d’embarquement.

Tout un programme et qui plus est handicapé par des procédures administratives trop compliquées et des conditions d’octroi de marché qui viendraient à bout de la bonne volonté de plus d’un.

Transformer les mentalités

Selon une source au ministère du Transport, nombreux sont ceux qui seraient intéressés par l’investissement dans la logistique en Tunisie, qu’il s’agisse de privés tunisiens ou encore de pays comme la Chine ou la France: «Un pays comme la Chine nous offre d’investir dans l’implantation d’un réseau ferroviaire liant les grandes villes ainsi que les aéroports sous forme de concessions limitées dans le temps. La Tunisie ne versera pas un sou de ses caisses mais 50% des bénéfices lui reviendront. Et avec toute notre bonne volonté pour que de possibles transactions soient transparentes, bénéfiques pour le pays, utiles pour nos concitoyens, il y a peu de chances pour que les décisions adéquates soient prises. Car aucun haut cadre de l’Administration tunisienne ne pourrait s’engager avec un partenaire sachant qu’il pourrait être un jour jugé pour corruption ou malversations. Nous pourrions déclarer notre patrimoine et signer des papiers autorisant des audits ou des contrôles sur nos possessions et risquer quand même pareille accusations et même d’être trainés devant des juges d’instruction».

Plus que l’assouplissement des procédures, c’est à toute une mentalité que nous devons tous nous atteler à métamorphoser en consacrant la suprématie de la loi, l’importance de plus d’efficience dans le service public et la confiance que nous devons accorder aux décideurs respectueux de la légalité et conscients de leurs responsabilités envers la nation.

Oser décider…

Les institutions tunisiennes ont été trop fragilisées. Bien sûr que la corruption existe encore. Elle a toujours existé et ne disparaîtra pas de sitôt, mais nous nous devons à nous-mêmes et à notre pays de nous donner les moyens de nos ambitions. Parmi ces moyens, celui de négocier les grands projets et de rassurer ceux qui peuvent œuvrer à la construction et l’édification d’une nouvelle Tunisie sans avoir à craindre ensuite des représailles.

Oser décider, assurer et assumer… ce sont des mots qui ne doivent pas être pris à la légère.