Pour les syndicats, l’Etat pousse Areva à la sous-traitance en cascade

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à Beaumont-Hague (Photo : Charly Triballeau)

[26/06/2014 13:42:12] Beaumont-Hague (France) (AFP) L’intersyndicale de l’usine Areva La Hague a estimé jeudi que son actionnaire principal, l’Etat, exigeait trop de rentabilité de cette entreprise, et la poussait ainsi à une “sous-traitance en cascade” qui nuirait à la sûreté de ce site nucléaire.

Lors d’une commission locale d’information (CLI) réunissant direction d’Areva, syndicats et élus locaux, Arnaud Baudry (CFDT) a dénoncé au nom de l’intersyndicale la “remise en cause de la sécurité/sûreté sur le site de la Hague au travers de multiples réorganisations, externalisations complètes d’activités avec leurs cortèges de suppression de poste”.

Pour les syndicats, cette situation “n’est que la conséquence de conflits entre entreprises à capitaux d’Etat”: EDF (principal client d’Areva NC, ndlr) et Areva, “mais aussi d’une injonction faite à Areva par l’ancien ministre du Budget François Baroin, non remise en cause par ses successeurs, demandant un résultat à deux chiffres”, c’est-à-dire une hausse de plus de 10% de ses bénéfices annuels.

L’Etat détient 82% d’Areva.

“La gauche avait dénoncé cette directive Baroin à l’époque. La gauche est là depuis deux ans, la directive est toujours là”, a regretté le conseiller général PS de la Manche Pierre Bihet, interrogé par l’AFP.

Près de 5.000 personnes travaillent sur le site, dont environ 3.100 employés d’Areva NC.

L’externalisation “concerne 10 emplois” en 2014, a nuancé Alexandre Marinot, de la direction de la communication du site, interrogé par l’AFP.

L’intrusion à son insu le 13 juin d’une famille de clandestins sur le site illustre les conséquences de la sous-traitance, a ajouté Yann Perrotte, de FO. La direction affirme que le service concerné n’est pas sous-traité. Les effectifs qui contrôlent les véhicules à l’entrée du site ont depuis été augmentés, selon M. Marinot.

Autre illustration, selon les syndicats, le fait qu’une cheminée de 52 mètres de haut, neuve, ait dû être démontée en décembre car elle montrait des signes de faiblesses après un coup de vent.

“Il y avait des aéroréfrigérants à proximité, la clôture de la zone sensible, et des stocks conséquents d’hydrocarbures” s’est inquiété Patrick Mahaut, de la CGT. “Vous avez raison sur le fond”, a commenté le président de la CLI, le conseiller général DVD Michel Laurent, ex-salarié de l’usine.

L’usine de retraitement des déchets nucléaires de Beaumont-Hague est le site qui concentre le plus de matière radioactive en Europe.