Les enfants des îles croates s’accrochent au continent grâce à l’éducation en ligne

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île de Susak en Croatie suivent des cours via internet, le 18 octobre 2013 (Photo : -)

[28/04/2014 06:25:47] Susak (Croatie) (AFP) En Croatie, donner une bonne éducation à une centaine d’enfants éparpillés sur une vingtaine d’îles est un défi, qui vise à maintenir en vie les archipels sous-peuplés qui longent la côte adriatique.

“L’école est synonyme de vie dans les petites îles”, fait valoir Olivela Franko, directrice de l’école élémentaire de Losinj, une île paradisiaque du nord de l’Adriatique.

Mme Franko est aussi la coordinatrice d’un programme d’éducation en ligne qui relie les écoles insulaires de la région.

A Susak, par exemple, voisine de Losinj, seuls cinq élèves sont scolarisés.

“Nous faisons tout pour qu’ils n’aient pas l’impression de vivre au bout du monde. Ce système développe la maîtrise des ordinateurs chez les enfants et aide à leur socialisation”, explique-t-elle.

Sur les quelque 1.200 îles de l’Adriatique croate, seules 66 sont peuplées de nos jours et abritent une vingtaine d’écoles.

Prises d’assaut l’été par des touristes à la recherche de nature préservée et de baies d’eau turquoise, elles sont dans l’isolement le reste de l’année.

Au siècle dernier, nombre de ces îles vivaient de la production de vin, mais au fil des décennies les habitants sont partis à la recherche d’une vie meilleure ou ont fui à l’étranger pour échapper au régime communiste ex-yougoslave.

Susak est un exemple criant. Au milieu du XXe siècle l’île comptait 2.000 habitants avec plus de 100 écoliers encadrés par six instituteurs.

Aujourd’hui seulement 150 personnes, dont cinq enfants, vivent encore sur cette île longue de 3 km et large d’1,5 km, sans voiture.

La plupart sont des personnes âgées vivant de leurs retraites, de la pêche, de l’agriculture ou du tourisme.

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île de Susak en Croatie utilisent internet durant leurs cours, le 18 octobre 2013 (Photo : -)

L’hiver, le ferry reliant Susak à l’île voisine de Losinj n’est pas toujours en mesure d?accoster en raison d’intempéries.

A Susak, comme dans la plupart des écoles insulaires, une même institutrice est chargée de l’éducation primaire, quel que soit le niveau.

“Lorsque je suis entrée dans la classe il y a 25 ans, je ne disposais que d’une craie et d’une éponge et j’avais onze élèves d’âges différents”, confie Barbara Busic-Ribaric, 48 ans, dont les cinq élèves actuels sont âgés de huit à quatorze ans.

– “Nous sommes comme une famille” –

Il y a cinq ans, l’établissement a rejoint le programme d’éducation en ligne qui relie les différentes écoles pour améliorer la qualité de l’éducation et prévenir les départs vers le continent.

Le programme fait partie d’une stratégie du gouvernement croate qui entend investir 150 millions d’euros par an afin de revitaliser les îles adriatiques, considérées comme un patrimoine culturel et historique national de premier ordre.

Susak, un labyrinthe de ruelles étroites balayées par les vents et bordées de maisons de pierre pittoresques, dispose d’une poste, de deux magasins, d’une église et d’un phare datant du XIXe siècle.

Faute d’élèves, l’école, récemment rénovée, a cédé son premier étage aux autorités portuaires, dont elle abrite les locaux.

Dominik Malovic et Ivan Macic, 12 ans, assis devant un écran, font des signes de la main à leurs camarades de classe virtuels.

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île de Susak en Croatie suivent des cours via internet, le 18 octobre 2013 (Photo : -)

Dominik a des dizaines d’amis, mais sur Facebook, avec lesquels il est en contact virtuel. Pourtant, il n’échangerait “pour rien au monde” sa petite classe contre une plus grande.

“J’adore jouer sur la plage, il n’y a pas d’automobiles et nous pouvons aller où nous voulons”, s’exclame-t-il.

En hiver, il leur semble que l’île désertée par les touristes et dont les plages ne sont visitées que par quelques mouettes, leur appartient.

Le principal problème est le manque d’émulation et l’isolement des élèves, estime Mme Busic-Ribaric.

Le mauvais temps les a empêchés cette année d’aller à Losinj assister à une manifestation sur la préparation du pain.

“Nous avons envoyé nos échantillons la veille, mais nous avons malheureusement dû rester à la maison”, a-t-elle regretté.

Ses élèves, qui lui rendent régulièrement visite à son domicile, lui remontent rapidement le moral. “Nous sommes comme une famille”, dit-elle.

Pour Ivan, ils sont une équipe.

“L’institutrice et moi nous sommes la meilleure équipe de basket-ball, nous pouvons battre tout le monde”, dit-il fièrement.