Inde : les espoirs des industriels étrangers de l’armement suspendus aux élections

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ésentée à New Delhi lors du Defexpo le 30 mars 2012 (Photo : Manan Vatsyayana)

[07/02/2014 13:14:50] New Delhi (AFP) Les industriels étrangers de l’armement, présents au salon Defexpo de Delhi, rongent leur frein en attendant l’arrivée d’un nouveau gouvernement en Inde, dans l’espoir qu’il donnera son feu vert aux nombreux contrats de modernisation de l’armée en suspens.

Les grands groupes français, britanniques, russes ou américains d’armement terrestre et naval rivalisent de proposition de partenariats et de partage de technologie jusqu’à dimanche pour répondre aux besoins indiens, premier pays importateur d’armes conventionnelles au monde.

Mais le ministre de la Défense, A. K. Antony, a mis fin jeudi aux derniers espoirs de signature de gros contrats, dont celui du Rafale surnommé “mère de tous les contrats”, en déclarant que le budget pour l’exercice en cours était épuisé et qu’il reviendrait au prochain exécutif de trancher. Les élections législatives sont prévues d’ici mai.

Ainsi le missilier européen MBDA espère la conclusion définitive d’un important contrat de missiles sol air de courte portée (SR-SAM) “dans les prochains mois”, déclare le patron du groupe en Inde, Loïc Piedevache, à l’AFP.

L’achèvement des négociations de ce contrat, d’un montant de plusieurs milliards de dollars, avait été annoncé lors de la visite de François Hollande en Inde en février 2013 mais il reste soumis au feu vert du gouvernement indien. Le missile doit être produit par l’industriel indien Bharat Dynamics Ltd (BDL) mais le groupe européen doit toucher une part substantielle du contrat.

L’Inde est le deuxième client de MBDA derrière le Moyen-Orient, et pourrait “facilement” devenir le premier en cas de conclusion de contrats bien avancés, relève le groupe, présent sur place depuis 40 ans.

Tous les industriels étrangers ont adapté leur discours au souhait de l’Inde, qui importe plus de 70% de ses équipements militaires et affirme depuis plusieurs années vouloir s’affranchir de la dépendance étrangère, en nouant des partenariats lui permettant d’acquérir des technologies.

“Les ambitions de l’Inde de devenir un producteur de matériel de défense autonome demeurent mais une remise en question est nécessaire pour que cette ambition devienne réalité”, relève Deba R Mohanty, analyste spécialisé dans la tête et patron du cabinet conseil Indicia Research.

Les affaires de corruption, la complexité de la chaine de prise de décision et le faiblesse de la recherche ralentissent cette modernisation.

“Le processus d’achat est une machine tellement complexe qu’elle paralyse toute avancée”, dit M. Mohanty à l’AFP.

“L’utilisateur final, qui voulait un certain équipement, obtient in fine autre chose”, ajoute-t-il.

Manques criants

Pourtant les manques sont criants, selon les industriels et les analystes.

La vente de 197 hélicoptères de reconnaissance, que se disputent Eurocopter, devenu Airbus Helicopters (groupe Airbus) et le groupe russe Kamov est ainsi à l’arrêt depuis 2009. Ces appareils doivent remplacer les Cheetha et Chetak de l’armée indienne, en place depuis plusieurs décennies.

“Les besoins sont là et les élections ne sont qu’un épiphénomène”, explique Olivier Lambert, vice-président senior chargé des ventes d’Eurocopter, à l’AFP. “Il est urgent d’obtenir une décision car la maintenance des appareils actuels est de plus en plus compliquée”.

Le besoin de renouvellement se fait tout aussi criant pour l’artillerie de l’armée de terre, qui n’a pas été modernisée depuis les années 80, selon Laxman Kumar Behera, expert du think tank indien spécialisé dans la défense,l’Institute for Defence Studies and Analyses (IDSA).

L’armée de terre “a des lacunes en termes d’équipement en gilet pare-balles, en outils d’observation de nuit ou en fusil d’assaut”, explique-t-il à l’AFP.

Le gouvernement tente de soutenir les groupes du secteur privé dans la production d’armes. Tata Motors serait ainsi sur le point de remporter un contrat pour plus de 1.200 engins de transport lourds pour remplacer des véhicules de plus de 10 ans.

Mais la faiblesse de leurs dépenses de recherche et développement et le manque de coordination avec les donneurs d’ordre publics freinent le mouvement, selon les analystes.