Tunisie – Dialogue national : Attention, le populisme nous guette

 

dianogue-nationan-320.jpg
C’est prouvé. La lassitude finit par jeter en pâture des millions de personnes de mouvements qui avancent –et c’est leur grande caractéristique- avec des «il n’y a qu’à». Certains de ces mouvements ont fait, à l’occasion de la célébration du 3ème anniversaire du 17 décembre 2010, le moyen de sortir la tête de l’eau.

En politique comme d’ailleurs dans d’autres domaines, les mêmes causes finissent par produire les mêmes effets. Aujourd’hui comme hier donc, la division n’est pas bonne pour la gouvernance des Etats.

Le propos, vous l’avez sans doute compris, concerne la poursuite du Dialogue national. La désignation de Mehdi Jomaâ a laissé comprendre un temps que la Tunisie pourrait connaître encore la mésentente voire installer les désaccords et la zizanie d’hier dans les rangs des différents acteurs politiques.

Cette situation n’est pas encore à écarter. Et les Tunisiens dans leur ensemble croisent, pour ainsi dire, les doigts pour que les parties en présence arrivent à finir cette nouvelle transition politique qui ne finit pas. Sans doute la dernière qui conduira le pays à des élections libres et démocratiques.

On veut du reste y croire. Notamment avec l’ajournement de la réunion de reprise de ce Dialogue, initialement prévue pour le vendredi 20 décembre 2013, à ce lundi 22 décembre 2013. On peut croire que cet ajournement est mis à profit pour trouver des terrains d’entente entre les uns et les autres.

On peut deviner en effet que l’absence de la reprise du Dialogue national, pour aujourd’hui, ne serait pas bonne pour tout le monde. A commencer par les parties en présence. Car le blocage ne peut que servir des partis et mouvements marginaux que les sondages ne citent pas en tant qu’expression crédible aux yeux de l’opinion.

Certains n’ont pas attendu pour montrer la tête. Ils ont profité –l’occasion était bien propice- pour sortir la tête de l’eau croyant sans doute trop tôt que leur heure est bien venue. Ou revenue. Vous l’avez constaté, dès les premières heures de la matinée du 17 décembre 2013, des personnes qui se disent être membres d’un «Conseil de soutien à la Révolution» ont battu le pavé à La Kasbah. Criant haut et fort qu’ils sont là. Et qu’ils peuvent prendre la relève.

Faire une bouchée du paysage politique

Le même jour, un mouvement politique de même tendance a voulu tenir la vedette à Sidi Bouzid, le fief de la Révolution tunisienne. Tentes et drapeaux ont rappelé qu’il y a une autre voie à suivre que celle qu’ils ont toujours condamnée. Celle évidement du Dialogue national. Se faisant les champions d’un retour aux sources, un retour à l’authenticité et à un passé glorieux.

Inutile de faire un dessin: ces mouvements extrêmes ne fleurissent –la longue histoire de l’humanité le prouve- que lorsque les politiques sont en panne. Saisissant la balle au bond, ils fleurissent alors et se développent. Jusqu’à faire une bouchée du paysage politique. N’exagérons rien, mais cela peut arriver si par malheur nos politiques décident de se mettre les bâtons dans les roues.

L’expérience nous a montré que la pérennisation d’une telle situation finit par lasser. On en voit les prémices dans les réactions du peuple qui s’expriment notamment par la forte abstention que ne cessent de dessiner les sondages. Le taux d’abstention atteindrait plus que 50% selon une enquête d’opinion rendue publique le 17 décembre 2013 par le cabinet 3C études. Une abstention qui tranche avec l’émotivité qui a marqué les premiers mois de la Révolution.

La lassitude finit à jeter en pâture des millions de personnes au profit de mouvements qui avancent –et c’est leur grande caractéristique- avec des «Il n’y a qu’à». Privilégiant plutôt des dogmes que le bon sens, ils promettent monts et merveilles et caressent toujours les sentiments des masses populaires dans le sens du poil, n’ayant que peu de prise sur la réalité.

Cela s’appellent le populisme. L’histoire nous a enseigné que lorsque ces derniers arrivent au pouvoir, à quelque niveau que se soit, ils ne tardent pas à «découvrir» que les choses sont beaucoup plus compliquées qu’ils ne l’aient pensé. Alors c’est souvent la fuite en avant. Dans cet entêtement, il arrive souvent qu’ils instaurent des dictatures pures et dures.