Tunisair – Administration – Syndicats : Nous ne renoncerons pas, nous redresserons Tunisair

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Tunisair souffre, se bat mais ne renoncera pas. C’est le principal message que l’on peut retenir de la conférence de presse organisée lundi 2 décembre 2013 au siège de la compagnie battant pavillon national et, à ce jour, l’un des symboles de la souveraineté de la Tunisie.

Tunisair, leader sur le marché national avec 40% de parts de marché et plus de 3,7 millions de passagers par an, est plutôt déficitaire et n’arrive pas à rentrer dans ses frais. C’est en partie en raison de l’exercice «désastreux» de 2011 et particulièrement de la réintégration des sociétés telles celles du Catring et du Handling qui ont alourdi encore plus les frais de fonctionnement de la compagnie.

Le directeur général de Tunisair Handling a été jusqu’à recruter 800 nouveaux employés (populisme révolutionnaire) dans une entreprise d’ores et déjà souffrant d’un surplus de main-d’œuvre.

Avec un sureffectif de 8.500 employés, une faible productivité, l’arrêt des contrats d’intérim qui permettaient de remplacer rapidement le personnel défaillant surtout dans le Handling et le Catring, Tunisair ne peut en aucun cas évoluer comme il se doit dans un secteur hautement compétitif rien qu’en déployant très haut ses ailes de «Gazelle». En 2011, le déficit des activités générées par la compagnie était de 135 MDT, en 2012, il y a eu une nette amélioration des performances avec une reprise de ses activités de +19%.

Il n’empêche, le déficit financier n’a pas beaucoup reculé, s’élevant à 126 MDT. Pour l’année 2013, le gap est de 100 MDT: «Nous vivons des difficultés tous azimuts, même si l’Etat a décidé de garantir les prêts que peut contracter la compagnie, et même si nous avons des facilités de paiements avec nos principaux partenaires en Tunisie, à savoir l’OACA et l’ETAP. Ce qui est plutôt inquiétant, c’est que les promesses émises par l’Etat pour venir en aide à la compagnie n’ont pas été honorées à ce jour et c’est ce qui complique un peu les choses, mais cela ne veut aucunement dire que la compagnie est victime d’un complot visant à en faire une proie facile pour tout acheteur potentiel. Nous ne pouvons céder l’une des plus institutions représentatives par excellence de la souveraineté nationale», a déclaré Rabeh Jrad, PDG (partant) de Tunisair.

La flotte de Tunisair, dont l’âge moyen est de 15 ans, souffre également de vétusté. Dans les prochains mois, 5 avions seront hors service et la flotte sera renforcée dans le but de développer les vols longs-courriers à destination du Canada et de l’Afrique de l’Ouest. Cela se passera dans le cadre de partenariats stratégiques, explique Rabeh Jrad, dont celui avec la compagnie Afriqiyah Airways grâce auquel la conquête de nouveaux marchés sera plus aisée. Ainsi, selon l’accord signé entre la Tunisie et la Libye, il y aura une exploitation mixte de nombre d’appareils des deux flottes et principalement les longs-courriers à destination du Canada (Montréal), du Moyen-Orient (Dubaï), de l’Afrique (Lomé, Douala, Abidjan et autres), de l’Europe de l’Est (Budapest, Copenhague) et de l’Asie (Chine). Tunisair, qui peut s’enorgueillir de disposer de formateurs compétents et de personnels PNT et PNC qualifiés, pourrait, par ailleurs, procéder à la formation des personnels de la compagnie aérienne libyenne.

Représentations de Tunisair à l’étranger : deux représentants recalés sous prétexte que ce sont des «Azlem»

Il est étonnant, voire choquant de réaliser à quel point les autorités de tutelle au ministère du Transport sont dans l’incapacité d’accompagner les ambitions d’émancipation de Tunisair qui revendique plus de souplesse au niveau de son management afin d’être plus réactive quant aux exigences du secteur aéronautique. Il y en a qui voient grand, trop nombreux sont ceux qui restent petits. Ainsi, concernant les représentations de Tunisair à l’étranger pour lesquelles il a été décidé cette année de procéder par concours pour sélectionner les candidats, deux représentants ont été recalés après avoir réussi le concours.

Devinez pourquoi. Parce qu’ils seraient des «Azlems», d’après le ministère du Transport. Pourquoi ne pas remplir le bassin des Aghlabites d’acide sulfurique et y mettre tous les azlem, c’est-à-dire tous les hauts cadres, les cadres moyens et les autres, ceux qui constituent l’Etat?

Mais à quoi bon discuter avec ceux qui ne peuvent porter l’habit des hommes d’Etat?… Toutefois, ces agissements, même s’ils portent un coup terrible au moral des troupes à Tunisair, ne peuvent lui nuire comme le fait de voir les bagages des voyageurs dérobés, les avions de la compagnie accuser des retards insupportables ou encore des défaillances techniques suscitant la peur des passagers.

«Tout d’abord, nous voudrions préciser que nous avons conclu un accord de partenariat technique avec Air-France technique. Une commission tuniso-française se penchera sur l’audit du personnel et s’assurera de la qualité de la formation; il y aura également un partenariat avec Air France Industrie pour la restructuration de la compagnie.

Par ailleurs, si nous n’appliquions pas les réglementations d’entretien, en particulier le PART 145, nous n’aurions jamais pu obtenir le certificat de navigabilité pour les équipements réparés ou révisés qui nous aurait permis de nous poser sur tous les aéroports européens.

D’autre part, et concernant les pièces de rechange, le problème se pose plus avec la BCT qui ne nous accorde pas les autorisations requises pour faire sortir des devises et acquérir les équipements et les pièces nécessaires qu’au niveau de la compagnie elle-même».

Vols de bagages…

Concernant les bagages «perdus» ou «dérobés», «ce qui n’est pas propre à la Tunisie», a tenu à préciser le PDG de Tunisair, des enquêtes ont été ouvertes en étroite collaboration avec les services de douane, la police de frontières et le ministère de l’Intérieur pour dévoiler le réseau ou les personnes qui osent enfreindre la loi et trahir la confiance des passagers Tunisair nuisant gravement à l’image de la compagnie.

D’autres mesures seront prises dans le cadre du plan de réforme proposé à l’Etat pour améliorer les prestations du Handling et du Catring ainsi que pour alléger la lourdeur administrative de la machine décisionnelle de Tunisair.

Besoin de liquidités…

Pour que le plan de redressement de la compagnie, soumis depuis quelques semaines à l’appréciation du gouvernement Larayedh, il va falloir procéder au renflouement rapide des liquidités au sein de la compagnie et rétablir ses équilibres financiers en procédant à la vente de 9 avions, d’actifs immobiliers et en reportant tout investissement non stratégique.

L’Etat devrait, pour sa part, accorder à Tunisair des facilités de trésorerie dont une avance de 300 MDT et souscrire à l’augmentation du capital de la compagnie directement ou en association avec les organismes publics actionnaires, proposent les maîtres d’œuvre du plan de restructuration de la compagnie approuvé par les syndicats. Ils auraient dû associer à leur proposition les investisseurs privés, cela aurait pu donner un coup de fouet à la gestion de la compagnie dont ils revendiquent plus de souplesse et d’autonomie en matière de management.

Syndicats…

Pour les syndicats, ça sera Tunisair à la vie, à la mort: «Nous la défendrons de toutes nos forces notre compagnie. Nous sommes ouverts à toutes les propositions et prêts à toutes les négociations. Nous ne sommes pas contre alléger ses effectifs dans le respect des droits des uns et des autres. Mais Tunisair restera toujours la compagnie battant pavillon national qui représentera la Tunisie partout et à toute occasion ».

Les syndicats, présents lors de la conférence de presse, déplorent le non respect du gouvernement de ses engagements envers la compagnie et l’accusent d’être responsable de la détérioration de sa situation financière. Ils dénoncent la campagne de calomnies orchestrée par des hauts responsables au gouvernement et principalement du ministère du Transport à l’encontre d’un symbole de la souveraineté nationale. Ils ont également annoncé qu’aucun, parmi ceux qui ont diffamé la compagnie, ne sera transporté à bord des avions Tunisair.

A ce propos, il serait pertinent de rappeler à ceux qui salissent tout ce qui a fait la fierté de la Tunisie pendant des décennies, l’adage arabe: «La gueule d’un canon est moins dangereuses que la bouche d’un calomniateur».

Wil fahem yifhim….