Les “self garages” ou quand le client devient le mécano

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ôle technique sur un véhicule particulier (Photo : Mychele Daniau)

[22/11/2013 13:14:34] Metz (AFP) Et si le client devenait le mécano ? Les “self garages” connaissent un succès grandissant en France, crise économique oblige, de plus en plus d’automobilistes optant pour cette solution bon marché pour l’entretien de leur véhicule.

Roger Rodriguez a lancé en septembre Pièces Auto Service, un self garage à Marly (Moselle), dans la banlieue de Metz.

L’idée lui est venue un jour “en croisant dans un parking souterrain un monsieur qui changeait lui-même ses pneus et se plaignait de ne pas disposer d’un local adéquat dans la région pour le faire”, raconte ce garagiste de 52 ans, ancien vendeur de pièces détachées chez Ford.

Devenu grossiste indépendant de pièces automobiles, il les achète à des tarifs préférentiels et répercute cet avantage auprès des clients de son self garage, ce qui lui permet d’être “entre 15 et 50% moins cher que les garages classiques”, estime-t-il.

C’est la première fois que Stéphane David, 43 ans, effectue lui-même la vidange de sa voiture, suspendue sur l’un des deux ponts de levage du garage de M. Rodriguez, qui l’assiste discrètement.

Et M. David y prend plaisir: “Le faire soi-même, c’est gratifiant, c’est un peu comme la cuisine, après on est fier du résultat”.

“Et quand on est au chômage comme moi, on ne crache pas sur une économie de 20 ou 30 euros”, ajoute-t-il. D’autant plus que M. Rodriguez, qui a lui aussi connu le chômage, offre des remises aux personnes sans emploi.

“Les garages classiques essaient par tous les moyens de vous gonfler la facture, ici on s’en tient au nécessaire”, se félicite pour sa part Yves Blanchard, un retraité de 73 ans venu lui aussi faire la vidange de son véhicule.

Des bonnes pratiques à harmoniser

“La crise a développé ce type de concept”, alors que la main-d’oeuvre des garages classiques coûte “de plus en plus cher”, analyse Nicolas Chevallier, fondateur et administrateur depuis 2009 de l’annuaireselfgarage.org, qui recense environ 100 garages associatifs, solidaires et autres self garages en France.

“Beaucoup de mécaniciens se sont retrouvés au chômage et ont décidé de lancer leur propre structure”, encouragés par les avantages du statut d’auto-entrepreneur. L’offre se limite la plupart du temps “aux opérations les plus rentables car courantes, pouvant être faites rapidement et n’exigeant pas beaucoup de qualification”, comme la vidange, le changement de filtres ou des plaquettes de freins, ajoute M. Chevallier.

Par ailleurs, il est devenu très facile pour les particuliers de s’approvisionner soi-même grâce aux sites de vente en ligne de pièces automobiles tels que oscaro.com, yakarouler.com ou mister-auto.com.

Comme “beaucoup de garages refusent de monter ces pièces, pour des questions d’assurance et de garantie”, de plus en plus de particuliers se tournent vers les garages en libre-service, explique Olivier Hoarau, “selfgaragiste” en Gironde. Il a monté vgass.com, un site internet proposant à la fois un annuaire d’environ 80 self garages et des conseils aux professionnels pour en créer, dans l’espoir de développer un label harmonisant les bonnes pratiques dans le secteur.

“Beaucoup pensent que c’est la ruée vers l’or, mais il faut faire attention”, prévient M. Hoarau. Il faut notamment “bien faire comprendre au client qu’il ne va pas forcément faire de grandes économies, parce qu’il ne sait pas faire de la mécanique, qui est réservée aux professionnels”.

“Il faut veiller à avoir un espace sécurisé pour l’utilisateur”, à lui fixer des limites et à être transparent sur les prix “parce que si le self garage est malmené, le concept est mort dans deux ans”, insiste-t-il.

Il prédit d’ailleurs une récupération de l’idée par les concessionnaires dans les années à venir, à la manière de ce qui se fait déjà pour le lavage des véhicules.