“Beyond : Two Souls” brouille la frontière entre jeu vidéo et cinéma

cf0bc9f34f32fd20f870e13ce1b5dfaa8ff48832.jpg
à New York, le 27 avril 2013

[07/10/2013 09:18:14] Paris (AFP) Le studio parisien Quantic Dream, remarqué pour “Heavy Rain” en 2010, continue à explorer le champ de la narration interactive avec “Beyond : Two Souls” et brouille encore davantage la frontière entre jeu vidéo et cinéma en faisant appel aux stars du grand écran Ellen Page et Willem Dafoe.

Cette production, qui sort cette semaine en Amérique du Nord et en Europe exclusivement sur Playstation 3, s’apparente à un thriller suivant la vie de Jodie Holmes pendant une quinzaine d’années, depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte.

L’héroïne est au centre d’un phénomène paranormal puisqu’elle est reliée à une entité invisible, nommée Aiden, capable d’agir sur son environnement en faisant tomber des objets ou en prenant possession de l’esprit d’autres personnages. Cette particularité vaut à Jodie d’être l’objet d’études, notamment de la part du scientifique Nathan Dawkins.

Comme “Heavy Rain”, “Beyond : Two Souls” a nécessité d’importantes sessions de “performance capture”, cette technologie qui permet de capter les mouvements et les voix d’acteurs avant de les retranscrire à l’écran. Mais Quantic Dream a, cette fois, fait appel à des vedettes du 7e Art, à savoir Ellen Page (Jodie Holmes) et Willem Dafoe (Nathan Dawkins), pour interpréter les rôles principaux.

A l’écran, tout a été fait pour fluidifier au maximum l’action. Qu’il contrôle Jodie ou Aiden, le joueur est ainsi peu sollicité et se contente le plus souvent d’appuyer sur une touche au bon moment pour que l’histoire continue. S’il échoue, le scénario avancera tout de même mais d’une autre manière, avec à la clé vingt-trois fins différentes.

L’aventure se vit à travers plusieurs épisodes marquants de l’existence de Jodie, dans le désordre, le puzzle de sa relation complexe avec Aiden prenant progressivement forme.

Budget comparable à celui d’un gros film français

Pour venir à bout des quelque 2.000 pages de script, quatre semaines de tournage ont eu lieu dans un studio spécialement aménagé, sous l’objectif d’une soixantaine de caméras. Des moyens conséquents pour une production qui a coûté 20 millions d’euros, un budget comparable à celui d’un gros film français.

Si l’interactivité via la manette est donc réduite à la portion congrue, c’est au niveau émotionnel que le créateur de cette production, David Cage, souhaite avant tout impliquer le joueur.

“Beaucoup de jeux se résument à tirer sur tout ce qui bouge ou à conduire des voitures. Je vise autre chose. J’ai davantage envie de parler de la réalité, des rapports entre les gens, de sensations comme la peur ou de thèmes comme la mort, afin de proposer quelque chose de différent”, a expliqué M. Cage à l’AFP.

Cette ambition, portée de longue date par Quantic Dream, se traduit par une certaine empathie vis-à-vis de Jodie Holmes.

Elle vaut aussi à David Cage des critiques récurrentes de la part d’une frange de joueurs, qui lui reprochent d’être davantage un réalisateur de films qu’un créateur de jeux.

“Il y a des joueurs différents, des goûts différents, des jeux différents”, a répliqué début octobre M. Cage lors de l’avant-première de son dernier titre… dans un grand cinéma parisien.