Japon : la robuste croissance du printemps conforte les “Abenomics”

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à Tokyo après la session du comité olympique à Buenos Aires, le 9 septembre 2013 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[09/09/2013 08:04:40] Tokyo (AFP) La croissance du Japon est restée robuste entre avril et juin, à 0,9% par rapport au trimestre précédent, confortant la politique du Premier ministre qui veut tirer une nouvelle flèche de ses “Abenomics” avec les Jeux olympiques 2020.

Le gouvernement a rehaussé lundi une première estimation de progression du produit intérieur brut (PIB) qui était fixée mi-août à 0,6%.

En récession au printemps et à l’été 2012, la troisième puissance économique mondiale avait commencé à rebondir en fin d’année, avant que son produit intérieur brut (PIB) ne décolle au premier trimestre (de 1,0% d’après de nouvelles données révisées).

L’équipe du Premier ministre de droite Shinzo Abe s’est tout de suite réjouie de ces données qui apportent de l’eau au moulin aux “Abenomics”, la politique économique lancée par le pouvoir installé depuis décembre.

Relance budgétaire pour financer des grands travaux, politique monétaire ultra-accommodante de la Banque du Japon (BoJ) et réformes “structurelles” de dérégulation pour doper le potentiel de croissance, cette stratégie se déclinait jusqu’à présent en trois “flèches”.

Mais M. Abe en distingue une de plus depuis que Tokyo a gagné samedi l’honneur d’organiser les JO en 2020: “il s’agira clairement d’un bonus pour la croissance, qui constituera +la quatrième flèche+”, a-t-il déclaré à la télévision dimanche.

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à Tokyo. (Photo : Yoshikazu Tsuno)

L’ampleur de l’apport à venir des JO pour la croissance fait débat parmi les économistes, tout comme les effets des mesures déjà lancées par le gouvernement. Mais la robustesse du rebond au Japon, elle, est incontestable et fait actuellement de l’archipel le plus dynamique des pays développés.

Entre avril et juin, la croissance a continué d’être soutenue par une solide consommation des ménages, adossée à une amélioration du moral depuis le renvoi dans l’opposition d’un parti de centre-gauche dont l’exercice du pouvoir avait fortement déçu.

Les investissements des entreprises se sont aussi repris et ont augmenté pour la première fois depuis la fin 2011, tandis que les commandes publiques sont restées vigoureuses grâce à des dépenses supplémentaires notamment pour le secteur du BTP.

Au printemps, le commerce extérieur a aussi contribué à la croissance, grâce entre autres à de nombreuses livraisons de voitures nippones vers le marché américain et en dépit d’achats importants d’hydrocarbures.

Ces statistiques encourageantes pourraient permettre au gouvernement de relever la taxe sur la consommation, de 5% actuellement à 8% en avril 2014, puis à 10% en octobre 2015, conformément à une loi déjà votée.

Sur la base des derniers indicateurs dont le taux de croissance, l’équipe de M. Abe doit se prononcer cet automne sur cette augmentation, fortement conseillée par le Fonds monétaire international (FMI) qui s’inquiète de la colossale dette publique japonaise, équivalente selon lui à quelque 245% du PIB nippon.

Les autorités hésitent de crainte de tuer dans l’oeuf la reprise.

“Vu que la croissance est tirée par la consommation et la dépense publique, la hausse probable de la taxe devrait être accompagnée d’un soutien budgétaire pour éviter un coup de frein trop brutal de l’activité”, a estimé Marcel Thieliant du centre de recherche Capital Economics.

Des responsables du Parti Libéral-Démocrate (PLD) de M. Abe proposent ainsi d’abaisser l’impôt sur les entreprises pour compenser l’effet de la hausse de la taxe sur la consommation, comme le réclame le patronat.

Les économistes spéculent en outre sur un assouplissement monétaire supplémentaire de la banque centrale, qui prévoit déjà d’élever son stock d’obligations d’Etat de 50.000 milliards de yens par an (385 milliards d’euros), afin de doubler la masse monétaire en deux ans.

Le tout vise à en finir avec une déflation d’une quinzaine d’années qui dissuade les entreprises d’investir et incite les consommateurs à repousser leurs achats dans le but de bénéficier de meilleurs tarifs ultérieurement.

Le déversement de ce flots de liquidités par le BoJ a entraîné une forte dépréciation du yen. Confrontés à des produits “made in Japan” plus compétitifs, certains Etats, dont l’Allemagne et les Etats-Unis, ont fait connaître leur mécontentement au Japon lors du sommet du G20 la semaine dernière, pressant Tokyo d’accélérer le versant “réformes structurelles” de son plan de revitalisation économique.