Tunisie – Crise politique : L’ultimatum de BCE !


sebsi-5454545454-art.jpgHomme
de décision, BCE parle comme un chef. En prenant l’initiative d’une offre de
retrait dans l’honneur, mas rapide, au gouvernement Laarayedh, BCE s’octroie le
leadership national. Bien joué.

S’exprimant le dernier, BCE savait, en stratège averti, qu’il aurait le beau
rôle. D’expérience, celui qui s’empare de l’initiative en politique devient
maître du jeu. Il a bien ruminé son retour sur la scène et, de ce fait, a adapté
le moment propice pour annoncer l’épilogue. Et c’est ce qui a donné du relief à
son propos et de l’aplomb à sa proposition qui devient ainsi quasiment
exécutoire.

Les concertations avaient trop duré et on ne voyait rien venir. Le mot de la fin
ne venait pas et il s’est donné l’occasion pour dire “stop, à présent il faut
tourner la page“.

Le compte à rebours a-t-il pour autant commencé?

La partie est terminée, il faut repartir du bon pied

Le choix des mots a beaucoup joué dans l’intervention de BCE. L’instant est
grave et il faut sauver la patrie. La messe est dite. Il a choisi d’être
pondéré. C’est sous cette allure que l’on peut interpeller la majorité
silencieuse, c’est-à-dire le bon peuple, ce socle de la légitimité.

Sa trajectoire militante dans le parcours de l’indépendance lui a enseigné que
le peuple est capable de tous les sacrifices sous réserve qu’on lui tienne un
langage de raison. Et, il s’y est tenu. Il n’a pas versé dans la surenchère, ni
pyromane ni sapeur pompier. La juste mesure. Il a bien montré la responsabilité
du gouvernement dans le traitement docile de la question du terrorisme. Mais n’a
pas cherché à l’accabler. C’étai la démonstration qu’il avait le sens de l’Etat.
Mais cela donnait plus de poids à sa sentence finale.

Le gouvernement est fautif, il doit partir. C’est sans appel. C’est sans
vindicte. C’est une conclusion de raison. Elle tombe sous le sens.

De par sa retenue, c’est lui qui soufflera le chaud et le froid. Le gouvernement
a mis le pays dans une situation inédite, précisera-t-il à Hamza Belloumi, qui a
utilisé le qualificatif de “catastrophique“. Il ne faut pas faire paniquer le
bon peuple et lui faire perdre la tête. Le peuple doit comprendre, dans la
lucidité et, en effet, quand BCE soutient que le gouvernement ayant mis le pays
dans cet état est incompétent pour le redresser, cela encore tombe sous le coup
du sens. C’est inévitable, tant c’est rationnel.

Il se trouvait en cohérence avec lui-même quand il annonce l’ultimatum pour la
fin de la semaine.

Une offre qu’on ne peut pas refuser

Impérial, BCE avait l’accent churchillien. Avec une savante théâtralité, il
indiquait la sortie au gouvernement actuel. C’était épique, tant c’est
authentique. En exigeant la reddition du gouvernement, responsable de ce passif
lourd, il lui propose en même temps un armistice. Il n’y aura pas d’inquisition,
pas plus qu’il n’y aura de bûcher, ni de guillotine. Il a bien fumé le calumet
de la paix avec Rached Ghannouchi, à l’hôtel le Bristol, enseigne hôtelière
encore plus prestigieuse que le Crillon, mitoyenne du Théâtre Marigny et à deux
encablures du palais de l’Elysée; il ne cherchera pas à voir son scalp.

Et en Grand Sachem, il n’a pas la langue fourchue. N’étant pas adepte du double
langage, quand il prend langue avec un partenaire, c’est jamais pour le rouler
dans la farine. Il reconnaît à Ennahdha sa place dans la scène politique
nationale, ce qui vaut réhabilitation démocratique pour ce parti. Quand BCE
décrète, en toute solennité, demandant au peuple de le suive dans ce choix, qu’Ennahdha
doit figurer dans le cénacle démocratique national, il lui donne son
sauf-conduit et en même temps en devient le protecteur.

Ensuite, en homme de parole, il saura s’y tenir parce que dans son intervention,
BCE a montré qu’il est capable de calmer le jeu. Il a bien désavoué la chasse
aux sorcières dans le cadre de la campagne “Errahil“, sans renier son leadership
du FSN et sans accabler les autres dirigeants du mouvement. De la sorte, il ne
casse pas la dynamique de contestation populaire et ne provoque pas de lézarde
dans le mouvement. Chapeau bas !

Par conséquent, quand il indique la sortie au gouvernement Laarayedh, ce n’est
pas pour l’envoyer aux gémonies mais c’est d’une certaine façon pour le délivrer
de son noviciat et pour épargner la patrie.

Tout indique qu’il sera entendu, pour avoir mis la raison et le bon peuple de
son côté. S’il n’avait pas existé, il aurait bien fallu l’inventer, celui-là!