Moissons en retard, les céréaliers jonglent avec les orages

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é le 25 juillet 2013 à Civray-sur-Esves (Photo : Jean-François Monier)

[30/07/2013 10:06:53] Sainte-Maure-de-Touraine (France) (AFP) La météo capricieuse des derniers mois a contraint les céréaliers à démarrer les moissons avec plusieurs jours de retard en région Centre, l’un des greniers à blé de l’Europe, où les exploitants jonglent maintenant avec les orages pour boucler la récolte à temps.

Le Centre, frappé comme le reste de l’Hexagone par les orages des derniers jours, produit 5,6 millions de tonnes de blé (blé dur et blé tendre), soit environ 4% de la production européenne.

Depuis la mi-juillet et jusqu’à la fin de la première quinzaine d’août, les céréaliers de la Champagne berrichonne, de la Gâtine tourangelle et du plateau de Sainte-Maure-de-Touraine, puis de la Beauce et du Gâtinais, vont ramasser leur production d’orge et de blé tendre.

Sur les 213 hectares que Christophe Dubois exploite à une trentaine de kilomètres au sud de Tours, ce retard atteint “trois semaines”.

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ête à moissonner un champ le 26 juillet 2013 à Civray-sur-Esves (Photo : Jean-François Monier)

L??il rivé sur son ordinateur, croisant les cartes météo et la cartographie de ses sols, cet agriculteur installé à Civray-sur-Esves (Indre-et-Loire) commente la situation: “L’automne pluvieux a gêné nos semis. Le printemps froid et humide a ralenti la maturation, qui s’est soudain accélérée avec les températures chaudes. Et nous devons jongler avec les alertes aux orages pour les moissons”.

Conséquence: le céréalier vient de renoncer à une semaine de vacances. “Nous savions dès l’automne que nos rendements seraient en baisse. Les fortes chaleurs ont échaudé des plants, les rendant plus fragiles. Tout se joue maintenant pour nous, j’aurai le temps de prendre du repos en hiver”, assure-t-il.

Selon Météo France, 2013 est pour l’instant la sixième année la plus humide depuis 1959.

“La filière sous pression”

“La fenêtre pour les moissons s’est comprimée, ce qui met toute la filière sous pression. Beaucoup de nos magasins s’organisent pour permettre des réparations de machines à tout moment. Ce qui passe par quelques modifications de congés annuels dans les équipes”, indique Guillaume de Vulpian, directeur de Promodis, une coopérative basée à Saint-Cyr-en-Val (Loiret), leader français de la distribution et de la réparation de machines agricoles grâce à 350 points de ventes et services aux agriculteurs.

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à Civray-sur-Esves (Photo : Jean-François Monier)

Dans le garage d’un point de vente du réseau Promodis, Ouvrard Touraine à Sainte-Maure-de-Touraine (Indre-et-Loire), Xavier Girault se présente avec l’énorme boîte de vitesse d’une moissonneuse-batteuse qu’il a déjà commencé à démonter. “Je suis en panne au milieu d’un champ depuis la nuit dernière. Il me faut une pièce pour reprendre dans une heure”, explique ce céréalier installé près de Loches, inquiet pour sa récolte.

Sourire crispé quand le mécanicien lui annonce qu’il faut commander la pièce et la faire venir de Belgique, soit au moins 24 heures d’attente. “Nous allons lui fournir un véhicule de courtoisie, comme chez votre carrossier. Là, il s’agit d’une moissonneuse de plusieurs tonnes”, explique Jean-Pierre Bejenne, le directeur de l’agence. Satisfait, Xavier Girault reprend ses allers-retours dans les rangées de céréales le jour même.

Selon les chiffres de France Agrimer, l’observatoire du ministère de l’Agriculture, la production française de céréales est en recul de 3% cette année et devrait atteindre 51 millions de tonnes. Le recul est plus fort pour l’orge, dont la récolte est presque terminée : -8%. Alors que la production de blé tendre sera stable, voire légèrement positive : +0,7%, soit 36 millions de tonnes.

“La France exporte plus de la moitié du blé qu’elle produit, réparti à parité entre l’Europe, Benelux et Italie en tête, et pays tiers. En volume, l’Algérie est le premier client de la France”, explique Paul Gaffet, analyste marchés chez Offres et demandes agricoles (ODA).

Le 27 juillet, le cours du blé tendre affichait 187,75 euros la tonne. Soit une contribution du blé tendre à la balance commerciale supérieure à 3,3 milliards d’euros.