Japon : Shinzo Abe se rend en Asie du Sud-Est, un nouvel eldorado

f0cbd5056000ae42ab589116244661520a38e148.jpg
égiment royal de Malaisie, le 25 juillet 2013 à Putrajaya (Photo : Mohd Rasfan)

[25/07/2013 13:32:57] Tokyo (AFP) Le Premier ministre japonais Shinzo Abe est parti en Malaisie et pour une tournée en Asie du Sud-Est afin de soutenir les efforts des entreprises nippones, qui investissent en masse dans la région aux dépens d’une Chine jugée moins sûre.

M. Abe a quitté Tokyo jeudi pour Kuala Lumpur, où il doit rencontrer le Premier ministre Najib Razak. Son voyage de trois jours l’amènera ensuite à Singapour puis aux Philippines.

“Nous espérons profiter du dynamisme de l’Asie du Sud-Est pour relancer l’économie du Japon”, a-t-il déclaré à la presse avant d’embarquer.

Le chef du gouvernement nippon va courtiser la classe moyenne de cette région émergente, devenue stratégique pour les entreprises japonaises.

“Le gouvernement japonais est très actif” pour y pousser les firmes nippones, souligne Toru Nishihama, économiste à l’Institut de recherche Dai-Ichi Life.

En mai, M. Abe s’était rendu en Birmanie pour y annoncer un plan d’aide au développement, comprenant des centaines de millions de dollars de dons et de prêts, afin de renforcer la présence japonaise dans cet Etat en pleine phase d’ouverture et de réformes. M. Abe a aussi annulé une dette de 1,8 milliard de dollars, lors d’une visite réalisée avec une quarantaine de chefs d’entreprise nippons.

“Il devient attrayant pour les entreprises japonaises d’investir en Asie du Sud-Est, via des soutiens financiers liés au gouvernement nippon”, précise M. Nishihama à l’AFP.

Les firmes japonaises ont déjà dépensé pas moins de 8,2 milliards de dollars dans la région pour des fusions et acquisitions en 2013, un nouveau record absolu pour une année alors que nous ne sommes qu’à la fin juillet, d’après la firme de statistiques Dealogic.

Deux opérations d’achat par des banques nippones ont pesé lourd: Mitsubishi UFJ a annoncé l’acquisition de 75% de son homologue thaïlandaise Bank of Ayudhya pour 5,6 milliards de dollars, tandis que Sumitomo Mitsui Banking dévoilait son intention d’acheter 40% de l’indonésienne PT Bank Tabungan Pensiunan Nasional pour 1,5 milliard de dollars.

b82591eb1c796cd5b69a02c47821ea744323b133.jpg
érence de presse à Putrajaya le 25 juillet 2013 (Photo : Mohd Rasfan)

Dealogic, qui tient compte des fusions et acquisitions dès qu’elles sont annoncées, a précisé que les firmes japonaises tenaient le haut du pavé en Asie du Sud-Est dans ce domaine cette année, devant les sociétés thaïlandaises et singapouriennes.

Des relations sino-nippones tendues

Au-delà des fusions/acquisitions, les entreprises nippones réalisent aussi des investissements productifs.

Le dernier en date a été annoncé mercredi par le premier constructeur mondial d’automobiles, Toyota, qui va dépenser l’équivalent de 230 millions de dollars pour bâtir une deuxième usine de moteurs en Indonésie. En mars, le groupe avait inauguré une deuxième usine d’assemblage de voitures dans le même pays où la barre du million de véhicules vendus (toutes marques confondues) a été franchie l’année dernière.

Cette frénésie d’investissements est d’autant plus remarquable que le yen a fortement baissé depuis la fin 2012, ce qui aurait pu limiter les intentions d’achat à l’étranger, rendues mécaniquement plus onéreuses côté japonais.

“Les entreprises japonaises cherchent des destinations autres que la Chine pour investir. Cette tendance devrait se poursuivre pendant cinq ou dix ans”, précise M. Nishihama.

Les relations sino-nippones se sont notoirement tendues depuis la nationalisation japonaise, en septembre 2012, de trois de cinq îles de mer de Chine orientale, appelées Senkaku par les Nippons et Diaoyu par les Chinois.

Le gouvernement japonais, qui administre ces territoires, a racheté ces îles à leur propriétaire privé nippon, ce qui a provoqué la colère de la Chine qui les revendique.

Des manifestations antinippones ont eu lieu alors en Chine et les ventes de produits japonais y ont chuté pendant de longs mois.

3cc36164858b2f5449768e7224de0262b0fe5c8c.jpg
ération internationale (JBIC) (Photo : 1MDB)

Les entreprises nippones sont massivement présentes en Chine mais nombre d’entre elles s’interrogent depuis sur l’ampleur de leur présence et hésitent à y réinvestir, d’autant que les salaires n’y sont plus aussi attractifs et les coûts de production si compétitifs qu’auparavant.