Science, technologie et innovation (ST&I) : Un bateau de sauvetage pour la Tunisie! (1/6)

Par : Autres

Cette modeste contribution intervient à un moment où la Tunisie cherche à trouver son chemin vers une véritable démocratie, une croissance équitable ainsi que la dignité pour son peuple. Le chômage des jeunes en général et celui des diplômés du supérieur en particulier ont constitué le carburant principal de la Révolution du Jasmin.

À moins d’identifier les véritables causes sous-jacentes, toutes les solutions prescrites, aussi ingénieuses soient-elles, ne produiront pas les résultats collectivement désirés.

Ce bref document tente de montrer que la cause-clé sous-jacente, et donc le talon d’Achille de la Tunisie, est la mauvaise structure de son industrie.

Le cadre analytique du Système national d’innovation (SNI) est utilisé pour s’attaquer à ce problème complexe et durable. Des indicateurs normalisés, couvrant les principales composantes du SNI, sont utilisés dans le but de démystifier les coupables et d’engager un processus curatif collectif pour notre société souffrante.

jalel-ezzine-2013.jpgLe 14 janvier 2011, le peuple tunisien a chassé du pouvoir son dirigeant corrompu et a collectivement voulu construire une société démocratique moderne éprise de paix. Le 23 octobre 2011, il a confirmé son choix historique et organisé les premières élections démocratiques réussies.

La Révolution de Jasmin qui continue, ponctuée par ces deux dates clés, a été un paisible réveil spontané sans idéologie, sans hiérarchie, réclamant la justice sociale et économique. Elle a été activée par la soif du peuple pour la dignité, la paix et la démocratie, les mots brise-chaînes de nos poètes et les prières qui cherchent des bénédictions divines pour nos martyrs qui ont donné leur sang pour la liberté ou qui sont morts en attente d’une miche de pain. Ces événements sans précédent ont déclenché le Printemps arabe et inspiré le Mouvement Occupy.

Malgré le succès des élections, le processus politique relativement démocratique et le soutien de la communauté internationale, la Tunisie est encore aux prises, entre autres, avec un chômage élevé, des inégalités régionales significatives et une corruption croissante. Il va sans dire que cette situation durable est le résultat de près d’un demi-siècle de leadership autocratique, exacerbée par une transition post-révolution de deux ans trop irrégulière. En effet, au moment d’écrire ces mots, le chef du gouvernement de la Troïka a présenté sa démission, après avoir échoué à constituer un gouvernement réduit apolitique et composé de technocrates; ceci, à la suite d’une première, et espérons dernière, exécution politique fermement condamnée.

Ces échecs gouvernementaux successifs témoignent de l’incapacité des dirigeants politiques, au sein et hors du gouvernement, à appréhender les problèmes les plus urgents. Ils ont continué à parler de plusieurs questions comme la sécurité, la croissance nationale et régionale, ainsi que de l’emploi, sans proposer d’actions ou de plans viables pour gagner la confiance de la population et commencer à alléger la pression sociale.

La dernière spirale de deux ans, menant à un grotesque assassinat politique commis de sang-froid, a été accélérée par une lutte acharnée pour le pouvoir, un populisme futile et une absence de volonté et/ou de compétence pour démystifier les véritables causes de la crise.

En fait et au mieux, presque toutes les actions et les programmes déployés nous rappellent le gouvernement d’avant la révolution!

La crise du chômage des jeunes a été le témoin d’une défaillance systémique persistante, une bombe à retardement qui a été systématiquement ignorée, en faveur d’une restriction des libertés, d’une intimidation des citoyens et du pillage du pays, mais abordée théâtralement avec des politiques illusoires.

Cette situation de chômage était caractérisée par un pourcentage élevé, apparemment absurde mais symptomatique, de diplômés du supérieur sans emploi. En effet et pendant la dernière décennie ou presque, plus le demandeur d’emploi était instruit moins il/elle avait de chances à trouver un emploi! Cette situation absurde sera dénommée le “Paradoxe tunisien“.

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