Tunisie : La filière des plantes aromatiques et médicinales est porteuse, selon une étude

Par : TAP

plante-22062013-130-3.jpg“Amélioration
de la qualité et du positionnement des plantes aromatiques et médicinales”,
c’est l’intitulé d’une étude réalisée par l’Agence de promotion des
investissements agricoles (APIA) afin d’établir le diagnostic de la filière des
plantes aromatiques et médicinales (PAM), “une filère porteuse”, estime
Abdelmoumen Toukabri, administrateur général directeur du partenariat et de la
qualité à l’APIA.

L’étude effectuée avec le concours d’un bureau tunisien de prestations de
services se subdivise en quatre parties: les tendances du marché mondial des
PAM, le secteur des PAM en Tunisie, les exportations des produits PAM, le
positionnement et orientations stratégiques de la filière. L’objectif final est
de mettre en place un plan d’action visant l’accroissement de la production,
l’amélioration de la qualité et le renforcement du positionnement des PAM
tunisiennes sur le marché international, et ce à l’état frais, cultivé, sauvage,
séché, transformé en eaux florales ou huiles essentielles, a indiqué, à TAP, M.
Toukabri.

“Cette filière innovante, à forte valeur ajoutée capable de drainer des capitaux
tunisiens et étrangers, demeure sous-exploitée et marginalisée, quoique des
efforts considérables visant la promotion du secteur des PAM aient été déployés
par l’APIA…” a-t-il ajouté.

En effet, un maillon très important n’est pas visible sur l’échiquier du
développement des PAM, à savoir “le lien entre l’institutionnel et le privé”,
a-t-il expliqué, car elle se distingue, à ce titre, des autres activités
économiques par la diversité des intervenants qui sont constitués des opérateurs
économiques (agriculteurs, négociants, herboristes, conditionneurs,
transformateurs, laboratoires pharmaceutiques, entreprises dans les parfums et
le cosmétique, les exportateurs) et des structures de pilotage et de soutien
(administrations centrales, structures d’études et de recherche, de formation,
de vulgarisation, d’appui à l’exportation, de normalisation, agences de
promotion de l’investissement, organisations professionnelles.

Le secteur des PAM en Tunisie

Les PAM contribuent, en moyenne, à hauteur de 0,8% à la formation de la valeur
de la production agricole, de 1% à l’effort d’exportation, outre leur
contribution à l’emploi, à travers l’offre de 250.000 journées de travail par
an, ce qui correspond à 0,9% des journées de travail offert par le secteur
agricole.

La superficie totale des PAM cultivées en Tunisie est estimée, en 2011, à 4.550
hectares répartis en plantes médicinales (1.396 ha) et plantes aromatiques ou
condiments (3154 ha).

La flore des PAM tunisiennes s’élève à 2160 espèces vasculaires, ce qui fait de
la Tunisie “un véritable réservoir phytogénétique”, eu égard à la nature tant
méditerranéenne que saharienne de la Tunisie, selon l’étude.

Les superficies des plantes aromatiques ou condiments ont atteint 3.154 ha en
2011 après s’être établies à 1274 ha en 2002, soit une hausse de 147%. Les
principales cultures pratiquées sont la coriandre, le carvi, le cumin, le
fenouil et la corrette avec une prépondérance pour les deux premiers (coriandre,
carvi) qui occupent, à eux seuls, 80% de la superficie totale emblavée.

Les PAM biologiques occupaient 750 hectares, en 2007, pour passer, en 2011, à
1000 ha, réalisant un accroissement de 33%. Le romarin et le myrte constituent
les seules espèces spontanées exploitées dans l’entreprise d’une manière
organisée pour l’extraction des huiles essentielles. Toutefois, la superficie
exploitable de romarin n’est que de 160 000 ha alors que les nappes de romarin
sont de l’ordre de 346 000 ha.

Cette situation, précise l’étude, est due au manque de main-d’oeuvre disponible
pour assurer la collecte des plantes et à l’augmentation du prix d’exploitation
des nappes proposés par l’administration aux producteurs.

Les exportations tunisiennes de PAM et d’huiles essentielles (HE)

Les PAM tunisiennes sont écoulées sous les formes séchée, fraîche, graines,
huiles essentielles (HE) et eaux florales. Les exportations des produits PAM ont
été de l’ordre de 27, MDT en 2011, connaissant, selon l’étude, une évolution
significative sur la longue période en raison d’une augmentation des prix et
d’une certaine diversification de l’offre.

Les principaux produits exportés sont le néroli, le romarin, l’HE d’orange,
autres HE, les eaux de fleurs d’orangers, l’HE de myrte et les eaux de fleurs de
rose. Ces sept produits représentent 97,5% de l’ensemble du groupe.

Pour ce faire, la stratégie de renforcement du positionnement des produits PAM
tunisiens nécessitera des actions axées sur “le développement de la production
des PAM”, l’organisation et la promotion du secteur PAM en Tunisie” et “la
protection de la biodiversité et durabilité du secteur PAM en Tunisie”, souligne
l’étude.

Quant aux importations de PAM, elles ont atteint 7,3 MDT, en 2011, et ont
progressé à un rythme moins rapide que les exportations, d’où une amélioration
du taux de couverture des échanges en ces produits. Ces importations se
distinguent par la diversité des fournisseurs (France, Espagne, Italie,
Allemagne, Egypte, Syrie, Maroc, Chine, Inde et Indonésie).

Forces, faiblesses et perspectives des PAM

La demande sans cesse accrue des PAM pour des usages aromatique et alimentaire,
cosmétique (y compris la parfumerie), pharmaceutique et médicinal ainsi que
comme composant pour la production de pesticides dans le monde ne peut qu’ouvrir
de larges opportunités aux PAM tunisiennes.

La demande mondiale est concentrée dans trois centres commerciaux principaux, à
savoir l’Allemagne, les Etats-Unis d’Amérique et Hong Kong. L’étude indique, à
ce titre, que le marché des fines herbes atteindrait les 10,3 millions de tonnes
en 2015 contre 9,2 millions de tonnes en 2010 et 7,9 mille tonnes en 2005.

Les huiles essentielles se caractérise, également, par une demande dynamique et
à fort potentiel sur le marché international. La demande mondiale en ces
produits est estimée à 1,5 milliard de dollars.

Le marché mondial des PAM est estimé à environ 64 milliards de dollars. Les PAM
présentent, selon l’étude, plusieurs points forts à même de leur permettre de
conquérir de nouveaux marchés. Il s’agit notamment du savoir-faire dans la
distillation, sachant que la Tunisie compte 36 unités de transformation, d’un
coût de production compétitif sur les marchés extérieurs et d’une diversité des
produits PAM.

Toutefois, la filière souffre de certaines failles, situées particulièrement, au
niveau des systèmes d’exploitation qui doivent être révisés, affirme l’étude,
dans le cadre d’une stratégie nationale.

En outre, la filière ne dispose d’aucune politique des prix, ni de veille
technologique, économique et environnementale, en plus de la prédominance des
petits agriculteurs et la concentration des exportations sur des marchés qui
connaissent une certaine stagnation. “Si ce secteur est promu de la manière la
plus efficiente, les importations de la Tunisie en médicaments et cosmétiques
seraient réduites, outre l’expansion de la filière vu sa haute valeur ajoutée”,
selon M. Toukabri.

A cet effet, il préconise de mettre les technologies et la recherche à la
disposition de la filière, de développer la formation des jeunes dans le domaine
des PAM, moyennant l’introduction de modules appropriés à la gestion, la
production et l’exploitation, la distillation et la valorisation par le
packaging ainsi qu’aux procédures de certification. “Certains textes juridiques
concernant le mode d’exploitation du couvert végétal doivent être revus pour
préserver les ressources naturelles et la pérennité de l’entreprise, outre le
renforcement de l’encadrement des opérateurs”, ajoute le responsable.

Pour pallier les difficultés et assurer l’essor de la filière PAM, un plan
d’action s’étalant sur la période 2014-2018 sera présenté, prochainement, aux
différentes parties concernées. Ce plan dont le coût est évalué à environ 60MDt
est axé sur “l’amélioration des connaissances spécifiques aux PAM”, “le
développement de la production des PAM, l’organiqation du secteur”, “la
promotion de la filère” et la biodiversite et durabilité du secteur PAM”.

WMC/TAP