La France rattrapée par les prix négatifs de l’électricité

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à haute-tension (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[19/06/2013 12:34:08] Paris (AFP) La France est à son tour rattrapée par les prix négatifs de l’électricité sur les marchés de gros, ce qui sape la rentabilité des centrales à gaz et donc la sécurité d’approvisionnement, a averti mercredi le cabinet Sia Partners.

Le week-end dernier, 14 heures de prix négatifs ont été constatés dans l’Hexagone sur la Bourse de l’électricité Epex-Spot, soit plus que les 10 heures enregistrées sur l’ensemble de 2012, et un record à -200 euros le mégawattheure a même été observé dimanche, observe Sia.

Ce phénomène, déjà observé chez des grands producteurs éoliens ou solaires comme l’Espagne, l’Allemagne et le Danemark, est imputé à l’essor des énergies renouvelables.

L’électricité solaire ou éolienne bénéficie d’une “priorité d’injection”, c’est-à-dire qu’elle est écoulée en priorité sur les réseaux électriques, devant les autres moyens de production (barrages hydrauliques, centrales nucléaires, centrales thermiques à fioul, gaz ou charbon).

Elle est de plus subventionnée, et produite à coûts fixes, ce qui incite les exploitants à surproduire. Du coup, les prix de gros de l’électricité en Europe sont tirés à la baisse durant les pics de production éolienne ou solaire, jusqu’à, ponctuellement, devenir négatifs.

Pour Sia Partners, ce phénomène “met à mal le difficile équilibre des marchés européens de l’électricité”, et notamment la rentabilité des centrales à gaz, comme l’illustre la multiplication des fermetures ou mises sous cocon d’installations en Europe (dont 3 centrales à gaz françaises de GDF Suez), victimes d’un “carnage” économique.

En effet, en période de prix négatifs, leurs propriétaires doivent payer pour écouler leurs électrons, ou stopper leurs installations, qui tournent donc de moins en moins.

Or, “quand il n’y a pas de vent et pas de soleil, il faudra bien produire avec des centrales d’appoint, et si tout le monde les ferme, on risque de se retrouver face à un problème insoluble”, prévient Cédric Jeancolas, de Sia Partners.

En effet, l’éolien et le solaire, qui fonctionnent par intermittence, nécessitent par définition des moyens de production d’appoint, hydrauliques ou thermiques (la production des centrales nucléaires étant difficilement modulable) pour prendre le relais quand ils ne sont pas disponibles.

En outre, cela ne profite pas vraiment aux consommateurs, selon lui. Car d’un côté, ils financent les subventions aux renouvelables, et de l’autre, lorsque des producteurs d’électricité doivent payer pour écouler leur production, cela finit par se répercuter sur les factures.