Le FBI enquête sur Snowden, la Chine se tait

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à Hong Kong (Photo : Philippe Lopez)

[13/06/2013 21:17:07] WASHINGTON (AFP) Le FBI a annoncé jeudi avoir lancé une enquête contre l’ancien consultant de 29 ans à l’origine de révélations sur des programmes secrets de surveillance des communications, Pékin assurant de son côté ne rien savoir sur cet Américain réfugié à Hong Kong.

Auditionné par des élus jeudi matin, le directeur de la police fédérale américaine, Robert Mueller, a affirmé qu’une enquête pénale était “en cours” contre Edward Snowden, ancien employé d’un sous-traitant de l’agence d’espionnage américaine NSA (Agence nationale de sécurité).

“Ces fuites ont causé des dommages importants à notre pays et à notre sécurité. Nous prenons toutes les mesures nécessaires pour que cette personne soit tenue responsable de ces fuites”, a-t-il souligné devant la Chambre américaine des représentants.

Mais des élus ont mis en doute l’impact des révélations: “N’importe quel terroriste avec un demi-cerveau doit déjà supposer que toutes les communications électroniques sont vulnérables et susceptibles d’être interceptées”, a lancé le démocrate Jerrold Nadler.

Comme le directeur de la NSA Keith Alexander l’avait fait la veille, le chef du FBI a défendu ces programmes de surveillance, dénoncés par Edward Snowden, qui en avait transmis des éléments la semaine dernière au Guardian et au Washington Post.

Le général Alexander avait assuré mercredi devant le Sénat que ces programmes avaient permis de déjouer “des dizaines” d’actes “terroristes” et promis d’en donner les détails d’ici une semaine. La présidente de la commission du Renseignement du Sénat, Dianne Feinstein, a annoncé que des preuves à leur sujet seraient déclassifiées lundi.

Selon le patron de la NSA, le programme de recueil de données d’internet visant les étrangers, baptisé Prism, a notamment joué un rôle crucial pour déjouer en 2009 un projet d’attentat dans le métro de New York, fomenté par un jeune Afghan, Najibullah Zazi.

M. Mueller a estimé pour sa part que l’autre programme de collecte de données téléphoniques aux Etats-Unis, lancé en 2006, aurait permis, s’il avait été lancé plus tôt, de capturer l’un des auteurs des attentats du 11 septembre 2001.

Frictions

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à Edward Snowden devant le consulat américain à Hong Kong, le 13 juin 2013 (Photo : Philippe Lopez)

Les deux responsables américains ont défendu la légalité du système. “Ces programmes ont été menés dans le respect du droit américain”, a dit M. Mueller.

Introuvable depuis lundi midi alors qu’il avait annoncé s’être réfugié depuis le 20 mai à Hong Kong, Edward Snowden a refait surface mercredi dans un nouvel entretien au quotidien South China Morning Post, où il affirme vouloir rester dans le territoire autonome chinois pour y “combattre le gouvernement américain dans les tribunaux”.

L’ancien consultant de la NSA y évoque aussi les méthodes américaines d’espionnage, précisant que les Etats-Unis ont accès “aux communications de centaines de milliers d’ordinateurs” y compris à Hong Kong et en Chine.

Mais Pékin a indiqué jeudi n’avoir “aucune information à fournir” sur l’Américain, la presse chinoise exigeant de son côté des explications de Washington.

“Je n’ai aucune information à fournir” sur Edward Snowden, a déclaré Hua Chunying, porte-parole de la diplomatie chinoise, ajoutant que “la Chine faisait elle-même partie des victimes majeures d’attaques informatiques”, répétant la position traditionnelle de Pékin sur cette question.

L’espionnage informatique est une source régulière de frictions entre les deux premières puissances de la planète et a été au menu d’une rencontre samedi dernier entre le président américain Barack Obama et son nouvel homologue chinois Xi Jinping.

L’affaire Snowden faisait jeudi la une des grands sites d’information chinois, un journal estimant même que les relations sino-américaines se trouvaient “mises à l’épreuve”.

“Avant que les autorités chinoises parviennent à faire taire Snowden, il est nécessaire que la Chine obtienne des explications des Etats-Unis”, a estimé le Global Times.

La Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, a elle pointé du doigt les “régimes de surveillance adoptés par certains Etats sans garanties suffisantes pour protéger le droit des individus à la vie privée”.