La question du prêt du FMI à la Tunisie fait débat à l’ANC

Par : TAP

Intervenant à l’Assemblée nationale constituante, jeudi 23 mai, le ministre des Finances, Elyes Fakhfakh, a expliqué que le recours au marché international pour mobiliser 3.100 millions de dinars est essentiellement dû aux difficultés que rencontre le secteur des exportations tunisiennes, mais également en raison d’entraves locales ou encore au vu des problèmes de croissance en Europe, sans oublier les difficultés d’investissement en Tunisie.

Il rappellera  que la Tunisie a déjà entamé des négociations avec la Banque mondiale, en 2011 et 2012, en vertu desquelles elle a obtenu des financements pour engager des réformes urgentes. Ces négociations, selon les propos du ministre, ne diffèrent pas de celles, maintenant, en cours avec le FMI.

Cependant, la position du ministre est quelque délicate, puisque certains constituants, y compris de la Troïka, appellent à ne pas s’endetter auprès du Fonds monétaire international (FMI). C’est le cas entre autres de Sadok Chourou qui considère que “l’emprunt auprès du FMI coïncide avec les appels à lutter contre la mouvance Ansar Al-Chariaâ, en Tunisie, rappelant que le FMI a une longue histoire avec la Tunisie, dans ce domaine, et avait demandé, auparavant l’exclusion d’Ennahdha de la Tunisie”.

Pour sa part, Mourad Amdouni souligne que “le FMI intervient dans les politiques économiques des pays emprunteurs en imposant des réformes structurelles et la privatisation de plusieurs secteurs publics”.

Selma Mabrouk abonde dans le sens pour indiquer que le crédit à titre de précaution du FMI sera conditionné.

Idem pour le constituant Mongi Rahoui qui estime que “les réformes imposées ne reflètent pas les objectifs de la Révolution et que les conditions de remboursement du crédit sont coûteuses et peuvent mener la Tunisie à la faillite”.

Abderrazak Khallouli recommande va plus loin de demander carrément de recourir à “un référendum auprès du peuple pour décider de l’obtention ou non du crédit, expliquant au passage que le FMI surveille de près toutes les transitions démocratiques dans le monde arabe, et que l’obtention du crédit auprès du FMI paralysera la transition démocratique”.

Quant à la députée Souad Abderrahim, elle s’inquiète d’une éventuelle introduction de mesures au niveau de la Caisse de compensation, notamment l’adoption de décisions qui ne seraient pas en faveur des catégories démunies…

Mohamed El Hamdi appelle identifier d’autres alternatives pour obtenir des crédits, rappelant que la Malaisie a pu édifier son économie en dépit de son refus de se plier aux conditions du FMI.

Autre son de cloche, celui de Fadhel Moussa qui croit que la Tunisie a besoin de cet emprunt et a obtenu auparavant des crédits. Au passage, il appelle à clarifier la question d’audit des banques publiques que le gouvernement compte effectuer.

WMC TAP