Forcing allemand en Tunisie

tunisie-allemagne-cooperation-04.jpg«J’ai un pied sur l’accélérateur et un autre sur le frein». On prête cette phrase à Jens Uwe Plötner, ambassadeur d’Allemagne à Tunis. Ces propos donnent à penser que ce pays aurait pu faire plus et mieux en faveur de la Tunisie, si la situation qui y règne, notamment sur le plan politique et sécuritaire, était plus claire et moins inquiétante.

Mais malgré l’inquiétude que lui inspirent les difficultés actuelles du processus de transition en Tunisie, l’Allemagne continue à y faire pousser ses pions. Comme si elle ne reconnaissait pas –mais l’a-t-elle jamais reconnu?- ce que certains considèrent comme «la primauté» de la présence et des intérêts de la France dans notre pays.

Troisième partenaire économique et investisseur –avec 280 entreprises employant près de 45.000 personnes-, l’Allemagne concentre actuellement son action sur les terrains politique, associatif et éducatif.

Sur le plan politique, on a récemment vu les Verts, seule force politique allemande, parmi les plus importantes, jusqu’ici absente de Tunisie, y planter leur drapeau à travers la Fondation Henrich Böll qui vient d’y ouvrir une représentation. Ses efforts et son action viendront se conjuguer à ceux de quatre autres fondations allemandes –Friedriech Ebert, Konrad Adenauer, Friedriech Naumann et Haans Seidel- déjà actives en Tunisie.

Dans le domaine éducatif, Berlin encourage la création d’écoles allemandes. Le programme «Ecoles, partenaires de l’avenir», lancé en 2008 par le ministère des Affaires étrangères allemand vise à créer un réseau de plus de 1.500 écoles à travers le monde où la langue allemande est enseignée. Une première école de Tunisie vient de voir le jour. Mais pour l’Afrique du Nord, l’objectif serait de quelques dizaines.

L’Allemagne est également très active dans le monde associatif. Dernière initiative en date, la création d’une Association pour le développement durable en Tunisie, à l’instigation de Sabine Guenther, une allemande originaire de Berlin et qui a déjà à son actif le lancement à Marseille de l’Association de Passage & Co-Echanges culturels franco-allemand.

Par ailleurs, l’ambassade d’Allemagne à Tunis a discrètement œuvré au renouvellement du personnel politique tunisien travaillant au développement des relations tuniso-allemandes. Alors que les promoteurs de la défunte Association d’amitié tuniso-allemande (AATA) se sont réorganisés –après la retraite politique de l’homme d’affaires Adel Boussarssar, et d’Alifa Farouk (ex-médiateur de la république et membre du bureau politique du RCD), respectivement président et vice-présidente- au sein d’une association tuniso-allemande, pilotée par Ali Bouzaien (président), Moncef Zghal (vice-président) et Mohamed Noureddine Yaïche (secrétaire général), qui faisaient partie de l’équipe dirigeante de l’AATA, les éléments les moins marqués politiquement avant le 14 janvier se sont regroupés au sein de l’Association de rapprochement tuniso-allemand, dont la présidence est récemment passée du banquier et expert financier Ezzeddine Saidane, qui a démissionné, à Hassen Chaari, un diplomate à la retraite.

Mais le ballet incessant de personnalités allemandes en Tunisie donne à penser que le forcing allemand n’y est qu’à ses débuts.