L’assassinat de Chokri Belaïd à travers les médias algériens

Par : Tallel

chokri-belaid-070213.jpgComme l’on pouvait si attendre, l’assassinat de l’opposant tunisien, Chokri Belaid, dans la matinée du mercredi 6 février 2013, n’est pas passé inaperçu dans les journaux algériens. Et pour cause : cet assassinat leur rappelle les années de guérilla à l’actif des groupes islamistes.

Pour commencer, le site tsa-algerie.com a recueilli tout ce qui a circulé sur les réseaux sociaux, y compris en Tunisie, en titrant ainsi: “L’assassinat de Chokri Belaïd agite les réseaux sociaux: Les Algériens s’inquiètent de voir la Tunisie sombrer dans le terrorisme“.

Le portail écrit: «L’assassinat du secrétaire général du Parti des patriotes démocrates, Chokri Belaid, ce mercredi, suscite de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux».

En effet, le site rapporte que sur Twitter, beaucoup d’internautes tunisiens désignent le parti islamiste Ennahdha comme étant le coupable. «Ces criminels islamistes sont venus se venger de la Tunisie», commente Zaiim. «Sortez les Kalachnikov mes frères, Ennahdha a déclaré la guerre», ajoute Nana. «Pourquoi accuser uniquement Ennahdha. Et El Marzouki [président tunisien, NDR] qui reçoit les terroristes, il n’est pas coupable?», remarque Hakim. Mais d’autres internautes tunisiens, la France et d’autres parties seraient impliquées. «Beaucoup en Tunisie pensent que les services secrets français se cachent derrière l’assassinat politique de ce matin», avance Yosri. «La France a soutenu la dictature [régime de Ben Ali] jusqu’à la dernière minute. Les Tunisiens ne l’ont pas oublié», argumente-t-il.

Quid de l’Algérie?

Selon tsa-algerie.com, «… les internautes algériens s’inquiètent de voir la Tunisie sombrer dans le terrorisme!». «Les pays touchés par les révolutions arabes sont en train de vivre ce que l’Algérie a vécu il y a un peu plus de 20 ans. Maintenant la Tunisie va souffrir», prédit Ryad. «Prions pour ce ne soit pas le cas. La Tunisie est-elle sur le point de prendre le chemin qu’avait pris l’Algérie dans les années 90?», s’interroge Amelsaher».

Les internautes algériens ont également exprimé «leur soutien à leurs voisins tunisiens». C’est le cas d’Amiral17 qui lance un appel: «grand peuple de Carthage qui avait chassé les Romains et les Espagnols, chassez les salafistes islamistes du pouvoir». «Courage peuple tunisien», ajoute Rama.

Sur Facebook, certains Tunisiens pointent du doigt également Ennahdha. «Ennahdha a ouvert la porte de l’enfer sur la Tunisie», commente Habib. «Sans doute c’est Ennahdha qui l’a assassiné; bande de terroristes, bande de criminels, c’est pour ça que la Tunisie n’arrive toujours pas à se mettre debout», accuse Niz Ar. «Qui d’autres à part les islamistes l’aurait fait?», rétorque Karim.

Chakib regrette la situation dans laquelle se trouve actuellement la Tunisie: «voilà le régime de terreur, voilà la nouvelle Tunisie sous le règne d’Ennahdha. Je veux dire à ceux qui ont voté pour eux, vous n’êtes que des terroristes qui veulent mener la Tunisie vers une guerre civile. La nouvelle révolution est en route».

Cependant, d’autres facebookeurs tunisiens écartent l’implication d’Ennahdha dans cette affaire. «Je déteste Ennahdha, mais ils ne sont pas coupables. C’est les USA et Israël qui l’ont fait pour que l’on accuse Ennahdha», pense Abdel. «Réfléchissez un peu avant d’accuser Ennahdha. Hier, Chokri Belaid avait tenu des propos contre Ennahdha. Et si cette dernière voulait se venger vraiment, elle n’irait pas le tuer le lendemain. C’est flagrant», tente d’analyser Amouna.

Quant aux facebookeurs algériens, ils pensent que «cet acte criminel est le début d’un scénario semblable à celui de l’Algérie au début des années 1990». «Scénario algérien: on commence par les opposants puis les intellectuels. Mais qui tue qui?», commente Mena. «Le même scénario qu’on a vécu durant les années 90 se répète chez nos voisins», s’inquiète Tess.

Mais d’autres internautes algériens sont moins pessimistes et pensent que la Tunisie ne connaitra pas le sort de l’Algérie: «Non, la Tunisie ne sera pas l’Algérie de 1992. Les Tunisiens sont plus éduqués et plus conscients et tolérants malgré une toute petite minorité de fanatiques extrémistes», souligne Rabah.

Pour sa part, liberte-algerie.com titre : «Tunisie : les islamistes passent à la “méthode GIA”». Et résume la situation : «Le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, et le ministre de l’Intérieur sont directement accusés par les manifestants d’être derrière cet attentat. L’opposition démocratique…».

Le site souligne que “la Tunisie est sous le choc. Tout le pays a été ébranlé, hier matin, juste après l’assassinat du leader du parti des Patriotes démocrates, tué à bout portant, à 8h15, par trois terroristes au parking de son immeuble à Menzah-6, quartier chic de Tunis.

L’information est tombée tel un couperet sur les chaînes de télévision. Tous les Tunisiens suivaient l’évènement avec émoi, la peur au ventre. On s’est rendu à Menzah, mais rien ne donnait l’air que ce quartier venait de vivre un attentat terroriste. Sauf que toutes les bouches ne parlaient que de l’assassinat de Chokri Belaïd».

Dans un autre article, la même source fait le portrait de Chokri Belaid, en soulignant entre autres qu’il était un farouche opposant à Ennahdha. «Le Tunisien Chokri Belaïd assassiné hier à l’âge de 48 ans était un farouche opposant aux islamistes au pouvoir et un militant de tendance marxiste et panarabe, qui a été propulsé par les médias au-devant de la scène politique depuis la révolution de 2011. Coordinateur général du Parti des patriotes démocrates (PPD, légalisé en mars 2011), ce tribun à la voix rugueuse et au franc-parler a souvent défié de front les islamistes du parti Ennahdha, s’attaquant directement à son chef Rached Ghannouchi».

Le journal rappelle que «le 2 février, Belaïd a accusé “des mercenaires” d’Ennahdha d’avoir attaqué un rassemblement de ses partisans. Et la veille de sa mort, il a dénoncé “des tentatives de démantèlement de l’État et de création de milices pour terroriser les citoyens et entraîner le pays dans une spirale de violence”».

Le quotidien algérien echoroukonline.com, à l’instar d’autres médias, a fait le récit des événements de la journée, depuis l’annonce de l’assassinat de Chokri Belaid : les manifestations à Tunis et dans les différentes villes du pays, les déclarations des principaux responsables du pays (notamment le Premier ministre, Marzouki, Ghannouchi, Radhia Nasraoui…).

Idem pour le lexpressiondz.com qui a rappelé les faits et retracé sommairement le parcours de l’opposant tunisien assassiné mercredi 6 février dans la matinée devant son domicile.