CHRONIQUE : Le salaire de la peur !

salaire-peur-film.jpgLes cinéphiles avertis et aussi les plus âgés doivent sûrement connaître ce chef-d’œuvre du cinéma tourné en 1951 et qui peut, d’une certaine manière, être assez représentatif de ce qui se passe en Tunisie aujourd’hui.

Néanmoins, pour permettre a nos jeunes lecteurs de suivre, je voudrais rappeler le synopsis dudit film «Guatemala, 1951. Après diverses péripéties, quatre Européens ont échoué à Las Piedras, une misérable bourgade où règnent la misère et le chômage. Un jour, un puits de pétrole est ravagé par un gigantesque incendie. Une compagnie pétrolière américaine, la SOC, décide alors d’embaucher les quatre Européens afin de convoyer 400 kilos de nitroglycérine, répartis en deux camions, jusqu’au puits de pétrole qui se situe à plus de 250 km. Mais la tâche ne sera pas aisée, car les routes sont presque impraticables. Le moindre cahot peut donc être fatal…»

Commençons par le cadre: la pauvreté s’installe dans notre pays où il faut avoir un salaire à 4 chiffres pour commencer à émerger de la misère, et où les produits de base disparaissent tous les jours un peu plus, alors on se demande si nos vaches, elles aussi, ont décidé de faire grève… Quant au chômage, il devient endémique et le pire c’est qu’il n’y a pas de solution viable.

Le puits de pétrole qui explose, c’est un peu le 17 décembre qui a mis le feu aux poudres -et que Dieu reçoive Bouazizi dans son paradis éternel. Les mauvaises langues prétendent aussi que les Américains sont dans le coup mais ont-ils prévu l’explosion?

L’explosion c’est un peu ce qui se passe partout : des grèves à répétition, des antigrèves, des menaces de grève, des agressions verbales et autre, ça s’étale comme un incendie non maitrisé et qu’il faut éteindre, et cela crée une instabilité explosive comme la nitroglycérine du film!

Maintenant les moyens utilisés : il y a les deux camions qui fonctionnent comme les deux systèmes antinomiques de chez nous qui d’ailleurs, comme dans le film, passent leur temps à se doubler les uns les autres, et ce au risque de faire perdre la vie aux acteurs qui, dans le film, sont quatre comme dans le pays, et se comportent un peu comme les principaux acteurs de la vie politique tunisienne dont je vous laisse deviner les noms: il y a l’homme de caractère et qui sait où il va, le pernicieux qui utilise tous les mauvais tours pour rester dans la course, l’homme droit et strict qui ne croit qu’à ses idées, et le dernier qui obéit aux ordres…

Mais la route est en mauvais état, et comme on dit chez nous, «une route c’est un trou avec du bitume autour», les virages dangereux, bref un parcours du combattant tracé par l’UGTT avec des pièges à chaque détour mis en place par les fameuses ligues qui ne protègent que leur commanditaire qui rêve d’un beau feu d’artifice!

Je ne vous raconte pas la fin du film, mais ce que je peux vous dire c’est que, pendant que le millier de politiciens et politicards se battent à couteaux tirés et monopolisent les écrans de télévision et qu’en fin de ce mois je suis presque contente d’avoir perçu le salaire de la peur, le mois prochain j’ai peur pour mon salaire!