Côte d’Ivoire : Paris affiche son soutien malgré de premières inquiétudes

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écembre 2012 à Abidjan (Photo : Sia Kambou)

[01/12/2012 15:46:31] ABIDJAN (AFP) La France a donné samedi le coup d’envoi d’une aide massive au développement de la Côte d’Ivoire, affichant un soutien appuyé même si des inquiétudes commencent à poindre à Paris sur la capacité d’Abidjan à en finir avec les tensions nées de le crise meurtrière de 2010-2011.

Le ministres français de l’Economie et du Développement, Pierre Moscovici et Pascal Canfin, ont signé à Abidjan avec le gouvernement ivoirien un contrat de désendettement-développement (C2D) de 630 millions d’euros sur la période 2013-2015. Sur une durée de 15 à 20 ans, l’aide représentera en tout 2,85 milliards d’euros, une somme qui provient de la récente annulation quasi-totale de la dette ivoirienne à l’égard de Paris.

C’est une visite “symbolique” de “la nouvelle relation que nous voulons construire avec l’Afrique subsaharienne”, sur la base de “valeurs” comme “le progrès social, la transparence, la bonne gouvernance et l’égalité”, a déclaré Pierre Moscovici devant des journalistes.

Ce C2D est “exceptionnel par son montant”, a-t-il souligné.

Des projets précis sont identifiés: construction et réhabilitation d’écoles, d’hôpitaux et de tribunaux, aménagement des pistes rurales, assainissement de la métropole d’Abidjan…

Soulignant que son pays était “quasiment en ruines” au sortir de la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait environ 3.000 morts, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan a remercié la France pour son soutien “sans cesse renouvelé”.

Le contrat de développement a été préparé sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Durant son mandat, la France a joué un rôle décisif, en particulier militaire, dans l’installation en avril 2011 du chef de l’Etat Alassane Ouattara, à la fin de la crise qui l’opposait à son prédécesseur Laurent Gbagbo.

Mais, depuis, la France est parfois accusée d’une trop grande indulgence à l’égard de son ex-colonie. Or, l’ONU a dénoncé samedi des cas de torture et des détentions arbitraires, un signal d’alarme qui intervient après ceux d’ONG internationales accusant l’armée ivoirienne d’exactions massives.

“Nous sommes préoccupés par ce que nous pouvons lire dans ces rapports”, a reconnu Pascal Canfin, tout en démentant que Paris soit “en retrait” sur la question des droits de l’Homme.

“Message de confiance”

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écembre 2012 à Abdijan (Photo : Sia Kambou)

Selon lui, la France sera “très attentive” sur “l’approfondissement de la réconciliation”, encore très limitée, même s’il s’agit d’un “processus complexe”. “Nous ne sommes pas là pour donner des leçons”, a toutefois averti Pierre Moscovici après un entretien avec le président Ouattara.

Le Premier ministre ivoirien, dont le gouvernement a récemment reconnu de possibles “dérapages” de militaires, a fait valoir les avancées réalisées selon lui en matière de réconciliation et de sécurité.

Et les responsables français ont surtout insisté à Abidjan sur leur “message de confiance”.

“Nous parions sur le développement de la Côte d’Ivoire”, a lancé le ministre du Développement. “Dans ce moment important pour votre pays, de réconciliation et de redressement”, “la France est à votre côté”, a renchéri celui de l’Economie.

Leur délégation était d’ailleurs accompagnée par douze entreprises françaises, dont des PME, appelées par Pierre Moscovici à “passer à l’offensive” pour garder à la France, dans la “compétition” livrée face à la Chine notamment, son statut de premier partenaire commercial du pays, hors pétrole.

Malgré cet optimisme affiché, des inquiétudes plus marquées commencent à s’exprimer à Paris.

Le Quai d’Orsay a appelé cette semaine les autorités ivoiriennes à faire “cesser sans délai toutes ces exactions” et à combattre “l’impunité quels que soient les auteurs de ces crimes”.

Selon une source diplomatique, la France est inquiète du “délitement progressif de la situation ivoirienne et des difficultés du président Alassane Ouattara à asseoir son autorité”.