La Toussaint rallongée, une bouffée d’air mais pas une manne touristique

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éparts en vacances, Gare de Lyon à Paris (Photo : Miguel Medina)

[19/10/2012 16:19:29] PARIS (AFP) Pas de ruée sur la Toussaint. Si l’extension des vacances scolaires à deux semaines pleines est plutôt vue d’un bon oeil par l’industrie du tourisme, elle est toutefois loin de profiter à tous cette année.

“Il n’y a pas une foule de gens qui se précipitent sur des séjours. La mesure n’est pas une manne”, déclare à l’AFP Jean-Marc Rozé, du Syndicat national des agents de voyage (Snav).

Le Syndicat national des résidences de tourisme (SNRT) évoque lui “un tout petit plus” d’activité chez ses adhérents, dont Pierre et Vacances, Lagrange, Néméa…

Tous deux soulignent que la période de fin octobre-début novembre n’est pas propice aux vacances, à cause d’une météo grincheuse et des budgets des ménages, déjà “malmenés par la rentrée scolaire et les impôts”, a fortiori en période de crise.

Pour les tour-opérateurs, explique leur patron René-Marc Chikli (Ceto) “l’allongement est plus positif sur le moyen-courrier que sur le long-courrier”. Mais “ce n’est pas la ruée, tout le monde a encore des disponibilités à J-8”.

Le Club Med confirme: “la deuxième semaine de vacances a créé un appel d’air et le remplissage est bon, mais il reste des places. La tendance est favorable mais ce n’est pas non plus l’euphorie”

De fait, si 65% des Français sont favorables à ces vacances rallongées, les prévisions de départ reculent de 3% sur un an, selon un sondage Mondial Assistance publié vendredi.

Seuls 19% des Français (selon Mondial Assistance) et 28% des familles (sondage OpinionWay pour VoyagerMoinsCher.com) devraient partir.

Et ce, avec un gros bémol financier: quatre vacanciers sur dix guettent des offres de dernière minute, et le budget moyen sera particulièrement bas, autour de 630 euros.

Seule “une famille sur quatre” profitera de cet allongement pour partir plus longtemps ou plus loin, selon OpinionWay.

“On a donné plus de temps de vacances à des gens qui n’ont pas forcément plus d’argent pour cela”, résume Jean-Pierre Nadir, du site Easyvoyage.

allongement annoncé trop tard

La mesure profite toutefois clairement à certains, comme Abritel, site de locations entre particuliers, qui enregistre un bond de 86% des demandes de réservations, surtout des biens en France, Provence en tête.

Les résidences Odalys prévoient 20 à 25% de réservations en plus et se réjouissent d’une meilleure répartition des séjours, sur 14 jours pleins.

Certains opérateurs ont modifié leurs offres en conséquence, avec un effet positif.

Chez TUI France, où l’on a rajouté 30 à 40% de capacités aériennes sur la deuxième semaine, des ventes vers les îles (Maurice, Réunion, Guadeloupe…) ont progressé de 40% après le lancement d’une offre de 14 nuits pour le prix de 10.

Mais beaucoup d’autres “n’ont pas eu le temps de s’adapter car d’allongement des vacances a été annoncée tard”, relève M. Nadir.

De toute façon, “la Toussaint est traditionnellement la période de l’année où les gens partent le moins, et quand ils partent, c’est beaucoup dans leur famille et chez des amis, donc en séjour non marchand”, dit-il.

Selon Mondial Assistance, plus de quatre vacanciers sur 10 seront hébergés chez des proches.

De nombreux professionnels redoutent qu’une activité supplémentaire à la Toussaint se fasse au détriment d’autres vacances et au profit de l’étranger.

“Cela va à l’encontre de l’économie francaise” car les gens vont chercher le soleil ailleurs, juge le président de l’Umih, fédération des hôteliers-restaurateurs, Roland Héguy.

“Va-t-on retrouver le marché de novembre-décembre, alors même que le carnet de commandes pour l’hiver est en recul de 10% à date ?”, s’interroge M. Chikli. “L’allongement à la Toussaint est a priori une bonne nouvelle, mais qui pourrait en cacher une mauvaise”.