Florange : la fermeture définitive des hauts-fourneaux annoncée aux syndicats

photo_1349092648129-1-1.jpg
à Florange, en Moselle, le 1er octobre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[01/10/2012 12:15:23] SAINT DENIS (France) (AFP) La direction d’ArcelorMittal a annoncé lundi en comité central d’entreprise (CCE) la fermeture définitive des hauts-fourneaux de Florange, à l’arrêt depuis 14 mois, et laisse 60 jours au gouvernement pour trouver un repreneur.

Selon les syndicats, la direction a annoncé “un projet de fermeture définitive de la filière liquide de Florange” qui inclut les hauts-fourneaux. Cet arrêt signifie que 629 salariés (500 dans la filière liquide et 129 dans les fonctions support) sur les 2.500 employés à Florange (Moselle) se retrouveront au chômage, sans compter les sous-traitants.

La direction a confirmé à la mi-journée sa volonté de fermer les hauts-fourneaux, ajoutant qu’elle jugeait “possible d’éviter tout licenciement sec”.

ArcelorMittal indique vouloir “concentrer ses efforts et ses investissements sur les activités aval” qui emploient plus de 2.000 personnes.

Selon les syndicats, elle a aussi donné au gouvernement un délai de 60 jours pour trouver un repreneur pour cette filière, y compris pour la cokerie qui alimente son autre usine à Dunkerque.

La direction répondait ainsi à une demande du gouvernement, formulée dimanche par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.

photo_1349093419567-1-1.jpg
annonce de la fermeture des hauts-fourneaux (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

ArcelorMittal s’est toujours refusé à dissocier l’ensemble des installations du site de Florange, comprenant notamment les hauts-fourneaux et la cokerie, mais aussi la filière dite “froide” que le groupe compte garder.

En arrivant au siège à Saint-Denis, près de Paris, le délégué FO Walter Broccoli a appelé l’Etat à “nationaliser la sidérurgie”.

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a préconisé de son côté une “maîtrise publique” des activités sidérurgiques à Florange.

Tous les représentants syndicaux venus participer au CCE ont souligné la nécessité de ne pas scinder le site mosellan.

“Personne ne rachètera Florange s’il n’y a pas toute l’usine”, a dit Xavier Le Coq (CFE-CGC).

A l’issue du CCE, ce syndicaliste a relevé que sans la cokerie, il y avait “zéro chance de reprises”, et qu’avec, le taux passe à “0,1% de chance”.

Une loi pour obliger au rachat de sites

photo_1349093637626-1-1.jpg
à Saint-Denis, près de Paris, le 1er octobre 2012 (Photo : Lionel Bonaventure)

Les syndicats ont également dénoncé vigoureusement le fait que la direction n’attende pas le délai de deux mois pour entamer les discussions sur un plan social, une réunion étant prévue dès le 16 octobre.

“Ils voudraient ne pas perdre de temps, c’est-à-dire rentrer tout de suite dans un accord de méthode pour préparer le plan social”, a dénoncé Norbert Cima (FO).

“Ca veut dire que tout est déjà ficelé”, a déploré Jean-Marc Vecrin (CFDT).

En outre, a fait valoir le syndicaliste, la direction n’a pas annoncé de mesures d’investissements significatives “pour pérenniser le reste du site”, ce qui fait qu'”à terme, c’est la mort complète de la sidérurgie Lorraine”.

La direction a bien annoncé des “investissements sur le train à chaud” pour lui permettre de rester opérationnel, mais “c’est peanuts”, a estimé le syndicaliste.

Arnaud Montebourg demandait à ArcelorMittal d’injecter au moins 150 millions d’euros sur la partie du site qu’elle conserverait.

Pour les syndicats, la balle est désormais dans le camp du gouvernement.

Le groupe socialiste doit déposer dans la semaine une proposition de loi, permettant le rachat de sites aux industriels qui veulent s’en débarrasser. Le texte, soutenu par M. Montebourg, pourrait être voté d’ici la fin de l’année.

ArcelorMittal justifie l’arrêt des hauts-fourneaux de Florange, après ceux de Gandrange, par une forte baisse de la demande d’acier et un coût de production trop élevé en Europe.

A Florange, plusieurs dizaines de salariés ont bloqué lundi matin les locaux de la direction du site, dont ils ont soudé les grilles d’entrée.

Devant le siège, Walter Broccoli (FO) a prévenu que le site risquait de rester “bloqué entièrement” pendant les prochains jours, prévenant M. Mittal qu’il allait “perdre plusieurs millions d’euros par jour”.

“Pour nous, c’est une date historique: la fermeture officielle des derniers hauts-fourneaux de Lorraine”, a regretté M. Broccoli.