Arnault : le mystère demeure sur les plans du patron de LVMH en Belgique

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éant du luxe LVMH Bernard Arnault, le 31 mars 2011 (Photo : Eric Piermont)

[11/09/2012 14:26:18] PARIS (AFP) Le mystère reste entier sur les motivations de Bernard Arnault à devenir belge, la plupart des experts croyant en des raisons politico-fiscales malgré les dénégations du patron de l’empire du luxe LVMH, cible d’une nouvelle attaque mardi du journal Libération.

Le quotidien de gauche, contre lequel le milliardaire a porté plainte pour injures publiques après sa Une choc de lundi (“Casse-toi, riche con!”), ironisait mardi: “Bernard si tu reviens, on annule tout !”, détournant à nouveau une tirade attribuée à l’ancien président Nicolas Sarkozy, dont M. Arnault est un proche.

Edouard de Rothschild, actionnaire principal de Libération, a défendu le “style provocant” du journal, jugeant la Une incriminée “dans la droite ligne de ce que Libération doit faire et doit être”.

La révélation samedi de la demande de naturalisation déposée par le patron de LVMH, en quête de double nationalité franco-belge, a enflammé en France le débat sur la fiscalité, alors que le budget 2013 comportera 20 milliards d’euros de nouveaux impôts et une taxe à 75% des très hauts revenus.

Les réactions politiques continuaient de fuser mardi.

Défendant la liberté de la presse, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a toutefois jugé qu’il n’y avait pas “matière à polémique” puisque M. Arnault “a été relativement clair”, assurant qu’il continuerait à payer ses impôts en France et donc “entendait contribuer comme tout le monde à l’effort fiscal à fournir à ce pays”.

Pour Olivier Besancenot (NPA), le patron de LVMH a “envoyé un bras d’honneur” au président François Hollande et à ses projets fiscaux.

La présidente du Medef, Laurence Parisot, a déploré que “personne ne soit capable de rendre hommage” à ce “chef d’entreprise exceptionnel” et résumé le malaise qui entoure l’affaire: “on ne connaît pas encore la fin de l’histoire et il est par conséquent très difficile d’interpréter. Nous ne savons pas quel est l’objectif poursuivi, quelle est la motivation profonde de Bernard Arnault, d’autant plus qu’il a dit très clairement qu’il restait résident fiscal français”.

De fait, le flou persiste. Le milliardaire belge Albert Frère a affaibli l’hypothèse d’une opération en Belgique avec son ami Arnault: “nous n’avons aucun projet concret” ensemble, a assuré le baron au Figaro. Et “ma succession est une affaire réglée”, a précisé M. Frère, en réponse à l’hypothèse d’une implication de M. Arnault dans ses affaires.

Par ailleurs, les fiscalistes interrogés rejettent en bloc l’idée que le passeport belge puisse faciliter un investissement en Belgique, l’une des pistes évoquées pour justifier la démarche de M. Arnault.

Et “on peut clairement écarter la thèse affective, l’histoire du gars du Nord et de ses liens forts avec la Belgique. Arnault est tout sauf un naïf et on ne va pas en Belgique pour les sentiments, ni pour la météo”, estime un analyste.

Plusieurs connaisseurs de l’empire Arnault croient plutôt en des intentions d’exil fiscal à plus long terme, malgré le démenti actuel du patron de LVMH.

“Il ne peut pas dire le contraire, évidemment. Pour l’instant, on a un écran de fumée, comme l’histoire d’un investissement +sensible+, et M. Arnault a les moyens de faire une acquisition en Belgique rien que pour justifier tout ça. Mais c’est de la super cosmétique. En fait, il réfléchit à sa succession, il pense à ses enfants, et peut-être à un déménagement du siège de Groupe Arnault à l’étranger”, avance un expert économique.

D’autres, comme Xavier de Villepion chez Global Equities, croient en “un avertissement lancé au gouvernement”: Bernard Arnault, 4e fortune mondiale et première d’Europe selon le magazine Forbes, “est quand même l’une des stars mondiales en matière de détention de fortune. Sa demande de nationalité belge est une pression sur le gouvernement et sa politique fiscale”, dit-il.