L’Eurogroupe se penche sur plusieurs casse-tête mais repousse les décisions

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à Bruxelles le 28 juin 2012 (Photo : Georges Gobet)

[09/07/2012 12:11:11] BRUXELLES (AFP) Les ministres des Finances de la zone euro se réunissaient lundi pour parachever l’aide aux banques espagnoles, éplucher les finances grecques et avancer vers l'”union bancaire”, sur fond de tractations concernant la succession de leur chef de file Jean-Claude Juncker.

“L’ordre du jour est plutôt rempli, mais il ne faut pas s’attendre à des décisions formelles”, a averti un haut responsable de la zone euro.

Pourtant le temps presse, ont souligné au cours du week-end la France et l’Italie. Après un bref répit, le coût d’emprunt de l’Espagne et de l’Italie s’envole à nouveau. Lundi, le taux espagnol à 10 ans était ainsi repassé au-dessus des 7%, un seuil intenable à long terme.

C’est pourquoi la zone euro doit traduire “vite” en actes les décisions du sommet des 28 et 29 juin, notamment la supervision bancaire intégrée afin d’ouvrir la voie à la recapitalisation directe des banques espagnoles, a déclaré dimanche le ministre français des Finances Pierre Moscovici.

Le président du Conseil italien, Mario Monti, lui a fait écho en espérant que les décisions prises soient “traduites en termes opérationnels par l’Eurogroupe rapidement”.

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ésident du CESE Jean-Paul Delevoye, le 9 juillet 2012 à Paris (Photo : Martin Bureau)

Pour commencer, la réunion de lundi à Bruxelles doit permettre de finaliser sur le plan “politique” le programme d’aide à l’Espagne, dit “mémorandum”, ont indiqué plusieurs sources européennes. La zone euro a mis sur la table une enveloppe pouvant aller jusqu’à 100 milliards d’euros, assortie de conditions.

Selon le quotidien espagnol El Pais, la réunion devrait imposer à toutes les banques espagnoles d’augmenter leur niveau de fonds propres.

Mais la signature attendra fin juillet. M. Moscovici et d’autres sources européennes ont parlé d’un prochain Eurogroupe, le 20. Quant au montant précis de l’aide qui sera versée aux banques espagnoles, il ne sera pas connu lundi. “C’est un processus lent, il faut identifier les besoins banque par banque”, a souligné un haut responsable européen.

Reste aussi à lever toute ambiguïté sur les modalités de la recapitalisation directe des banques par le fonds de sauvetage de la zone euro, le MES. Le débat ne semblait pas clos lundi sur la nécessité que les Etats soient tenus ou non d’apporter leur garantie.

Les ministres examineront aussi la situation financière de la Grèce, qui a reçu la semaine dernière la visite de la “troïka” des créanciers publics (UE, BCE et FMI), après la suspension des réformes pour cause d’élections.

“Il n’y aura pas de versement tant que l’Eurogroupe n’aura pas constaté que le programme est de nouveau sur les rails”, a mis en garde vendredi une source européenne. Selon elle, il ne faut pas s’attendre à une décision concernant la suite de l’aide à la Grèce avant “fin août”.

En attendant, le nouveau Premier ministre grec Antonis Samaras a obtenu dimanche un vote du Parlement pour appliquer une politique centrée sur les privatisations, et espère convaincre l’Eurogroupe que la Grèce est repartie sur la bonne voie.

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à Athènes, le 9 juillet 2012 (Photo : Louisa Gouliamaki)

Les ministres des Finances devraient évoquer les conditions d’octroi d’une aide à Chypre, mais là encore sans prendre de décision dans l’immédiat. Nicosie a annoncé vendredi avoir demandé 5 milliards d’euros à la Russie, en plus de sa demande à l’UE et au FMI.

Tous ces sujets pourraient être éclipsés par les discussions sur la succession du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la tête de l’Eurogroupe. La décision doit être prise “aujourd’hui”, a indiqué l’intéressé en arrivant au siège du Conseil européen.

Son mandat s’achève le 17 juillet, et le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, s’est porté candidat, mais le gouvernement français est réticent.

Pour gagner du temps, M. Juncker est d’accord pour rester à ce poste particulièrement stratégique en temps de crise, mais pour une durée limitée, et en échange de la nomination d’un autre Luxembourgeois, Yves Mersch, au directoire de la Banque centrale européenne.