![]() |
| à Bercy (Photo : Eric Piermont) |
[13/06/2012 16:17:54] PARIS (AFP) Le gouvernement “étudie” l’éventualité d’un nouveau coup de pouce au secteur automobile, réclamé par Renault pour contrer la chute des ventes, mais se garde de toute promesse sur des mesures dont le coût s’avèrerait forcément délicat à assumer pour les finances publiques.
Le numéro deux du constructeur automobile français, Carlos Tavares, a fait un appel du pied mardi à l’Etat en plaidant pour “qu’on soutienne le marché français et le marché européen”.
Message reçu par Arnaud Montebourg. “Cette demande n’a pas été faite officiellement au gouvernement mais cette demande est parvenue jusqu’au gouvernement (…) Nous avons mis à l’étude cette proposition”, a réagi mercredi le ministre du Redressement productif.
“Le secteur automobile fait l’objet aujourd’hui d’une instruction particulière au ministère”, a-t-il assuré lors d’une conférence de presse.
Montebourg prudent
Prudent, M. Montebourg ne s’est pas avancé plus loin, confessant avoir au préalable “besoin d’en discuter avec le Président de la République (François Hollande) et le Premier ministre (Jean-Marc Ayrault)”.
Tout en estimant que l’Etat “peut toujours prendre des décisions”, il a aussi semblé poser les limites d’une action publique. “Si vous avez un contexte de chute de la demande d’automobiles, il est extrêmement difficile pour un Etat d’aller contre le vent négatif du marché”, a-t-il souligné.
L’Etat a fortement aidé depuis la crise de 2008 les constructeurs nationaux, Renault et PSA Peugeot Citroën, et plus largement toute la branche, qui génèrerait un emploi sur dix dans le pays, selon la profession.
Une prime à la casse a notamment été versée entre décembre 2008 et décembre 2010 à tout acheteur d’un modèle neuf et peu polluant s’il mettait au rebut un véhicule de plus de dix ans. A cela s’est ajouté un dispositif du bonus-malus pour encourager l’achat de modèles moins gourmands en carburant.
Mais ces mesures ont eu un coût: 1 milliard d’euros environ pour la prime à la casse et 1,2 milliard pour le bonus-malus.
Sourde oreille à Bruxelles
Il n’est pas certain que le gouvernement soit prêt à remettre la main à la poche au moment où l’économie française menace, selon les dernières prévisions de la Banque de France, de retomber en récession.
Un appui à l’échelle de l’Europe apparaît aussi hypothétique. Le patron du constructeur italien Fiat, Sergio Marchionne, et celui de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin, ont déjà estimé qu’un soutien politique serait bienvenu en cas de restructuration du secteur, mais ils n’ont pas été entendus jusqu’ici.
“Pour ce que j’en sais, la Commission européenne n’a pas du tout l’intention de se mêler de cette question là”, a lui-même reconnu mardi Carlos Tavares.
Les difficultés des constructeurs concernent au premier chef les “généralistes” comme l’italien et les français, encore très dépendants du marché européen.
PSA a déjà lancé de sévères mesures d’économies et supprime des emplois. Renault n’en est pas là, mais le groupe encourage les salariés à limiter les dépenses et il a annoncé mercredi le départ d’intérimaires dans l’Hexagone en raison de “la dégradation du marché européen et de la baisse des commandes”.
“Nous nous préparons au pire”, a lui-même déclaré son PDG Carlos Ghosn mardi à New York.
Après avoir eux aussi été soutenus par un dispositif de prime à la casse, les constructeurs allemands, Volkswagen, Daimler et BMW, s’en sortent bien mieux grâce aux ventes de leurs modèles haut de gamme hors du continent.
Une porte-parole du ministère allemand de l’Economie s’est d’ailleurs empressée de dire mercredi que “notre ministère est fondamentalement sceptique à l’égard de subventions” et que l’automobile allemande, “en gros”, se portait bien.



