Echappée à la Cité des Sciences de Tunis par une journée de grande chaleur

dinosaures-040612-1.jpgOù aller dimanche quand il fait chaud? A la plage. Comme Amine B. G. ; des écoliers et des lycéens ont préféré se rendre à la Cité des Sciences de Tunis. Où se tient une exposition sur les «Dinosaures sahariens», des dinosaures bien de chez nous. Récit de moments inoubliables.

Reportage

Les premières heures du jour annoncent une forte chaleur. Le thermomètre inscrit 31 degrés pour Tunis. Mais où aller en ce dimanche 3 juin 2012? Alors que c’est les premiers rushs vers les plages de La Marsa, La Goulette, Gammarth ou encore Hammamet, Amine B.G. a choisi de faire différent.

Depuis jeudi, il n’a cessé de harceler son père, commerçant à El Manar, pour l’accompagner à la Cité des Sciences de Tunis. Pour revoir les dinosaures. Car ce n’est pas la première fois qu’il y va à la Cité des Sciences.

«C’est même la troisième fois», lance-t-il sous sa casquette blanche aux couleurs d’une grande marque de cigarettes. Tee-shirt noir, pantacourt en jean et chaussures de basket grise portées sur des chaussettes de même couleur, Amine est venu du quartier Montfleury à Tunis où il habite et où il fréquente depuis quatre ans l’école primaire de la rue du Sahel.

Entre Amine B.G. et les dinosaures, c’est du reste une vieille histoire d’amour. Il y a quelques années, il les a adoptés au travers d’un dessin animé, «Dinosaur King» sur la chaîne saoudienne, la MBC 3. Un an plus tard, il suivra les pas de ce dessin animé lorsqu’il sera diffusé sur la deuxième chaîne publique marocaine, la 2M. Il a, toutefois, beau, aujourd’hui, zapper en permanence sur le satellite de Nilesat, il ne trouve pas la trace de «Dinosaur King». Et ses sympathiques personnages: Max, Rex et Zoé. Dommage!

Pour ce grand rendez-vous, Amine s’y est bien préparé. Il a amené avec lui un cahier de 24 pages savamment couvert d’un protège-cahier de couleur verte qu’il entend dédier à cette visite et deux stylos à bille; le premier, de couleur bleue, pour écrire des notes; le second, de couleur rouge, pour inscrire les notes qu’il entend «enrichir en consultant Internet».

Carcharodontosaurus, Iguanodon, et autres Spinosaurus

Dix ans à peine et le pas pressé, Amine essaye, en arrivant à la Cité des Sciences, vers 10 heures du matin, de se frayer un chemin parmi les quelque cent lycéens et élèves venus en groupes visiter l’exposition des «Dinosaures sahariens» (24 mai-31 août 2012).

Il avale les paroles prononcées, dans ce qui sert de vestibule à l’espace accueillant l’exposition par un guide chargé donc de raconter l’histoire de ces animaux qui ont peuplé la Tunisie il y a 65 millions d’années.Tout en se retournant, de temps à autres, pour écouter les sons émis par les maquettes des Carcharodontosaurus, Iguanodon, Jobaria, Afrovenator et autres Spinosaurus, les cinq spécimens de dinosaures sahariens.

Tenue kaki, la trentaine dynamique, notre guide, tout sourire, est fidèle au poste même s’il arbore un bandeau rouge autour du bras pour annoncer que les employés de la Cité ont engagé un mouvement de protestation. C’est de bonne guerre en cette période. Amine B.G. s’approche de lui pour poser des questions ou répondre aux questions que notre guide pose à la foule d’élèves venus de l’école primaire Sidi Thabet 2 ou des lycées Testour et Ibnou Zeidoune de Testour.

Pourquoi appelons-toi les dinosaures tunisiens des dinosaures sahariens? «Parce qu’ils ont vécu au Sahara», répond l’assistance. Oui et non, réagit notre guide qui précise toutefois que le Sahara tunisien d’aujourd’hui n’a pas du tout ni faune ni encore la flore qui existaient il y a 65 millions d’années.

Des sculpteurs et des peintres adroits aux gestes délicats

Il était peuplé d’arbres d’au moins 20 mètres, de grands espaces verts, de nombreux lacs et points d’eau, il connaissait une grande chaleur et les pluies étaient abondantes.

Conclusion: les dinosaures vivaient dans un environnement qui était bien favorable à leur développement. Avant que des météorites viennent, des millions d’années plus tard, les faire disparaître, causant les transformations climatiques qui ont bouleversé leur vécu quotidien.

Dépassé ce vestibule, les élèves se dispersent. Certains comme Amine, continuent la visite proposée par le guide, d’autres préfèrent consulter les différentes bornes interactives plantées dans la grande salle d’exposition et s’approcher des vitrines qui exposent des restes de dents ou de fémurs de dinosaures.Ou encore s’essayent à l’exercice qui consiste à se prendre en photos grâce à leur téléphone portable.

Amira, qui arbore un téléphone portable dernier cri, n’a cessé du reste de prendre en photo son amie Samira. Voiles bariolés, robes longues et bijoux discrets, elles s’assoient sur un banc pour partager leurs photos grâce au procédé du Bluetooth. Mécontentente du rendu de son appareil «à cause du manque de lumière dans la salle», Amira opère un nouveau réglage avant de prendre de nouvelles photos.

«Cela fait bel et bien partie de la sortie du dimanche»

Grands éclats de rire après avoir jeté un regard sur les nouvelles photos «tout aussi mauvaises que les premières». Des éclats de rire que suit avec une certaine attention Amine B.G. qui continue à regarder le grand écran qui présente quelques séquences vidéo sur la fabrication des maquettes des dinosaures exposés par la Cité des Sciences. Une sorte de «making-of» filmant des artisans dont des sculpteurs et des peintres adroits et aux gestes délicats.

Il insiste lui aussi auprès de son père pour qu’il le prenne en photo. Histoire d’immortaliser ces instants de bonheur gagnés après une semaine studieuse. Et avant que ne s’engage une autre tout aussi studieuse. Car Amine a encore un petit chemin à faire dans son école. Les vacances ne pourront intervenir que dans deux semaines.

Avant de repartir chez lui, il insiste pour autre chose: manger un sandwich aux salami-fromage et boire un petit soda. Même s’il sait qu’il est midi et qu’il est bien l’heure d’aller déjeuner. «Mais que voulez-vous, cela fait bel et bien partie de la sortie du dimanche», commente-t-il en accélérant le pas vers la sortie de la Cité des Sciences.