Contrairement aux frères du Golfe, l’Occident se tient aux côtés du gouvernement tunisien

europe-030412.jpgLe pays vit des moments difficiles. La révolution demeure un champ magnétique d’exigences sociales. La prudence populaire ruse pour n’être pas trop gouvernée. La foule est potentiellement émeutière et insurgée. Le chômage gagne du terrain. Le soupçon s’installe. Les invectives des politiques déstabilisent l’opinion publique. Les surenchères dominent les débats. L’exécutif l’emporte sur l’Assemblée constituante. L’émeute gronde dans les régions intérieures. Le matelas des devises est à la baisse. Affirme le dernier rapport de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Car le patronat attend le retour de la confiance. Le tourisme tarde à se reprendre. Et les exportations du phosphate sont en dents de scie.

Soucieux de redresser la barre, le gouvernement de Hamadi Jebali, dont la marge de manœuvre paraît de plus en plus limitée en raison de la persistance de la crise dans la zone euro et des promesses d’investissement, qui tardent à se concrétiser des frères du Golfe, essaie d’homogénéiser la loi des finances complémentaire 2012, de rassurer la capital national et international, d’aiguiser les forces du marché, de hiérarchiser les priorités, de contenir le déficit budgétaire, de limiter le volume général de l’endettement extérieur, d’impliquer des expertises indépendantes et des membres de la société civile dans ses diagnostics économiques, de mobiliser toutes les ressources internes du peuple tunisien et de réaliser un deal global avec les hommes d’affaires, cités dans le rapport de la Commission nationale d’investigation et de lutte contre la corruption de feu Abdelfattah Amor.

Cependant, face à cette dure réalité économique, liée au contexte de la transition démocratique et à l’irruption sur la scène sociopolitique du pays des revendications des bannis d’hier, fer de lance de la révolution du Jasmin, l’Occident, partenaire traditionnel de la Tunisie, a fait preuve de compréhension. Collaboré activement avec le locataire de La Kasbah. Œuvré au raffermissement des liens commerciaux. Manifesté de la sympathie aux Tunisiens. Soutenu l’effort de redressement de nos entreprises. Délié souvent sa bourse. Sous forme de dons. Ou de prêts à long terme. Contrairement aux frères du Golfe. Qui n’ont pas répondu aux attentes du mouvement Ennahdha et de larges secteurs de l’opinion publique nationale.

En fait, d’après des sources au ministère des Finances, seul le Qatar aurait placé 500 millions de dollars à la Banque centrale de Tunisie (BCT). Sous forme de dépôt. Avec un intérêt ordinaire. Les autres émirats font assaut d’amabilités. Sans plus. Ce qui va sans aucun doute contribuer à la prise de conscience, chez nos dirigeants actuels, de la réalité d’un monde brutal, ultraconcurrentiel. Des relations internationales. De la gouvernance des enjeux. Des luttes d’influence. Des rapports de force. Des valeurs de l’âge multipolaire.

Alors que l’Allemagne a décidé d’effacer les dettes de la Tunisie, évaluées à 83 millions de dollars pour les transformer en projets d’investissement. Pour le grand bonheur des pouvoirs publics, dont le souci majeur est de maintenir les équilibres budgétaires.

Durant tout le processus transitionnel, l’Union européenne a octroyé des aides multiples. La France a renforcé ses lignes de financements habituels. Et le Japon nous a cédé un prêt avec un faible intérêt, de 1% seulement.

Les Etats-Unis d’Amérique ont privilégié des aides directes aux régions. Tout en assurant au pays des garanties à hauteur de 30 millions de dollars, ce qui peut permettre au gouvernement de pouvoir emprunter, sur les marchés financiers internationaux, des prêts pouvant atteindre la somme de 500 millions de dollars.

Finalement, répètent à l’envie certains observateurs de la scène politique locale, le véritable levier de la Troïka au pouvoir pour assurer ses arrières, convaincre les élus de l’Assemblée constituante des finalités de la loi des finances complémentaire 2012 et arriver à la prochaine échéance électorale avec un bon palmarès, est de dominer sa langue, de donner l’exemple de l’austérité, de chercher le consensus et de nouvelles manières de s’incarner, de faire preuve d’humilité dans son dialogue avec l’opposition, de continuer d’apaiser les tensions avec l’UGTT et de réussir la réconciliation avec les hommes d’affaires. Dans la transparence. La justice. Et l’équité.

Car une société qui ne sait pas comment se défendre contre elle-même ne survivra pas, disait Pompidou.