Tunisie : Touche pas à mon fonctionnaire!

jendouba-inondation.jpgEn matière politique, on distingue en général 4 profils, le visionnaire, le stratège, l’opportuniste et l’imbécile. Bourguiba et Mandela étaient des visionnaires, Mme Merkel une stratège, Sarko un SACRE opportuniste; et les imbéciles sont légions, commencer par notre ex ZABA ou bien le père WADE qui fait du tort aussi bien à son pays qu’à lui-même.

En Tunisie et dans cette période transitoire que nous vivons, on est passé d’un blackout total à un déferlement d’excès en tous genres, car même la nature s’en est mêlée et la Medjerda s’est mise de la partie en débordant de tous bords…

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, je précise que je suis et je reste respectueuse de ceux qui sont au pouvoir et je ne peux en aucun cas les critiquer car ils ont subi dans leur chair leur volonté de s’opposer à un régime, et durant de nombreuses années, ils ont subi les pires outrages coupés du reste du monde. Mais voilà le hic, c’est que lorsqu’on est resté 15 ou 20 ans à l’ombre, on sort complètement désorienté. C’est comme si le temps s’était arrêté, et reprendre est encore plus difficile d’autant plus que le temps court plus vite que la musique.

Je pense donc que c’est cette période de vide passée en dehors du temps qui est à l’origine des multiples erreurs commises par les uns et par les autres, les échelles de valeur changent, les peuples évoluent. Et si on n’est pas dans la course, on est noyé comme toutes ces plaines que la télé se complait à nous montrer en boucle; comme si c’était un événement exceptionnel alors que cela est arrivé plus souvent qu’on ne veut se rappeler. Alors on cherche des têtes de turcs, et pour ce, on émet un communiqué on ne peut plus officiel où on l’on prétend que l’une des plus grandes directions générales de l’administration n’a pas été à la hauteur! De quoi décourager des directeurs généraux du pays qui perçoivent moins de 600 euros par mois… et ce sans parler des chauffeurs et des techniciens…

Ces erreurs d’appréciation et autres abus et excès, on les retrouve aussi dans la presse, elle aussi, se découvrant une soudaine liberté, s’est mise à gambader dans tous les sens et on l’accuse même de donner une mauvaise image de la Tunisie! Or, le symbole de l’excès est cette nouvelle race d’extrémistes qui portent le même uniforme et qui aurait aimé vivre comme au VIIe siècle; encore heureux que leur violence n’ait été que verbale jusqu’à nouvel ordre, car leurs commanditaires sont de mauvais perdants. Mais par contre, ce que je n’apprécie pas -les querelles larvées au sein de la Constituante le prouvent-, c’est un certain nombres d’erreurs imbéciles qui peuvent coûter cher à tout le monde y compris à leurs auteurs, et vu la chronologie desdits événements, on se demande quel stratège malfaisant en est à l’origine et dans quel but.

Alors examinons ces événements dans leur chronologie après une révolution sortie du fin fond de la Tunisie ayant comme porte-flambeau, si j’ose dire, un jeune dont le nom a fait le tour du monde.

– Une récupération par des gens qui n’ont aucune révolution de leur vie depuis la nuit des temps du pouvoir.

– Et qui dit prise de pouvoir dit gestion et comment gérer sérieusement un pays où le taux d’analphabétisme est l’un des plus faibles du monde arabe quand on est resté malheureusement 20 ans hors circuit -avouez que si on saute 4 chapitres d’un livre, on ne peut rien comprendre de ce livre? Même si cela n’est pas de votre faute.

– Ensuite, on développe des actions plus ou moins douteuses:

o une armée de barbus et de niqabées pour perturber l’enseignement,

o on jette des poubelles devant l’UGTT quee personne n’a réussi à détrôner à ce jour, force incontournable du pays depuis qu’elle existe,

o enfin et cerise sur le gâteau, on accuse d’incompétence l’administration et l’un de ses fleurons, celle qui a construit au moindre coût et gère plus de 40 barrages sans compter les retenues collinaires par une poignée de fonctionnaires qui ont passé des nuits blanches à optimiser entre les volumes à stocker et ceux à relâcher, fonctionnaires très demandés à l’étranger vu leur rareté et leur compétence, et qui valent sur le marché international au moins 15.000 dollars par mois mais qui aiment leur pays; d’ailleurs, dans des pays comme les USA, pour gérer ce stock de barrages, il y a au moins 1.000 personnes et des ordinateurs à la pelle!

J’aurais pu écrire des pages et des pages, mais si vous voulez faire de la politique, amusez-vous, mais ne jouez pas avec les fondamentaux du système économique d’autant plus que cette année présage de 5 années agricoles productives, et là on aura oublié ces fonctionnaires jugés incompétents! Et je n’ose pas dire par qui car je reste respectueuse des hommes et des fonctions.