Liberté d’expression : «Il n’y en a ni de bon ni de mauvais usage, il n’en existe qu’un usage insuffisant».

censure-010212.jpgDans la Déclaration universelle des droits de l’Homme et des peuples, on peut lire: «La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme».
«Le premier alinéa de l’article 11 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne stipule pour sa part que: «Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontières».

Partout dans les pays développés, la liberté d’expression est considérée comme étant le baromètre de la démocratie. Car c’est bien grâce aux médias que le peuple peut être informé de qui fait quoi. Et c’est aussi à cause de cela que les régimes dictatoriaux se sont fait un devoir de ligoter les médias et de les réduire à de simples mégaphones de la voix du Maître.

La Tunisie n’a pas échappé à la loi de l’oppression et pendant des décennies, le régime au pouvoir s’est acharné sur les médias, faisant tout pour les asservir, appauvrir leur formation, leur imposer des lignes rouges qu’ils ne pouvaient franchir sous peine d’être sanctionnés. Il a également tout fait pour fragiliser leur situation matérielle pour en faire des proies faciles aux tentatives d’intimidation et de corruption. Quoi de mieux pour qu’ils perdent leur crédibilité et fauchent le mépris du peuple?

Ceux qui ont résisté ont été emprisonnés, violentés, menacés jusque dans leur intégrité physique et morale et dans leurs familles et enfants.

Le 14 janvier a sonné le glas des exactions à l’encontre des journalistes. Plus jamais cela! Un cri et une promesse exprimés d’une seule voix par tous les médias, du moins ceux qui se respectent et par tous les journalistes crédibles, intègres et convaincus, ceux qui ont la vocation et la passion du métier.

Les journalistes tunisiens de tous horizons ont décidé d’assurer leur rôle d’informer, de ne plus se taire ou s’autocensurer. D’être au service de leurs concitoyens et de s’employer à rechercher l’information crédible, objective, utile et sûre. Parce que démocratie et liberté d’expression sont étroitement liées et que tous et toutes ont droit à l’information. Partant de ce fait, pouvoirs publics, société civile, institutions de l’Etat et organismes privés ont également le devoir d’œuvrer à rendre plus aisée la mission d’informer.

Pour qu’un peuple arrive à prendre des décisions concernant son avenir, à court, moyen ou à long terme, il doit savoir de quoi il retourne chez lui dans son propre pays et c’est aux médias de l’informer et de l’impliquer. Pour que son choix soit réfléchi et conscient, l’information doit être objective et désintéressée. D’où le lien entre liberté d’expression et démocratie.

Liberté d’expression et celle de la presse vont de pair et doivent être protégées dans les Etats de droit comme nous voulons que notre Tunisie soit aujourd’hui. Et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, les journalistes qui découvrent le bonheur de s’exprimer librement comprennent mal qu’on la leur reproche, qu’on les accuse d’être des partisans ou qu’on les traite de vendus. Vendus de qui? Les agressions récentes dont furent victimes certains confrères et consœurs n’ont qu’une seule explication, la nouvelle liberté de paroles et de ton retrouvés par la presse tunisienne dérange ceux qui n’étaient habitués qu’à entendre le son de leur propre voix et ceux qui veulent qu’on plébiscite tous ce qu’ils font sous peine d’être considérés comme leurs ennemis.

Les médias tunisiens refusent aujourd’hui toutes les méthodes employées pour les faire taire, ils sont au service de leur pays, rien n’est plus sacré que la liberté de s’exprimer et rien de plus noble ! Voilà qui explique qu’en cette journée du 1Er février ils crient leur colère contre tous ceux qui veulent entraver leur liberté d’INFORMER.

Raoul Vaneigem disait «Il n’y a ni bon ni mauvais usage de la liberté d’expression, il n’en existe qu’un usage insuffisant».

Nous en prenons acte.