Claude Maidemberg, inventeur autodidacte à la Pointe du Raz

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. (Photo : Fred Tanneau)

[28/01/2012 11:10:32] AUDIERNE (Finistère) (AFP) Exilé volontaire au “bout du monde” à quelques encablures de la Pointe du Raz dans le Finistère sud, Claude Maidemberg, inventeur autodidacte, expérimente et commercialise ses trouvailles comme la D-Carte, un mini DVD utilisé comme une carte postale numérique.

Depuis le bureau de sa start-up, la vue sur l’océan est imprenable. Ici, à la sortie d’Audierne sur la route qui mène à la célèbre Pointe du Raz, le grondement régulier des vagues ponctue inlassablement la journée.

“Souvent je sors avec mon portable pour montrer mon environnement à mes interlocuteurs enfermés dans leurs bureaux à Paris…”, s’amuse ce grand adolescent de 52 ans à la tignasse poivre et sel et aux yeux bleu profond en mimant le panoramique qu’il réalise avec la webcam de son PC.

En 2001, après 40 ans de capitale, ce Parisien invétéré, petit-fils d’un photographe juif ukrainien émigré en France après la révolution russe et d’une Polonaise rescapée du ghetto de Varsovie, décide de mettre un terme “à une vie répétitive”.

Claude, qui vient de passer près de vingt ans chez Bull et Packard Bell/Nec, et sa compagne, la peintre Natacha Sovaj, posent leurs valises dans une petite maison de pêcheur de Plozévet (Audierne). Il doit y créer son propre emploi.

Il réalise des sites internet puis invente un “produit touristique +Ciel et mer du Finistère+”, un mini DVD contenant des photos de leur département d’adoption prises par Natacha.

Le mini DVD est devenu une carte postale numérique, D-carte, produite à ce jour à “un million d’exemplaires pour 300 modèles différents et presque autant de clients”, souligne Claude.

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à Audierne, dans le Finistère. (Photo : Fred Tanneau)

Les composants électroniques de ses réalisations sont fabriqués en Chine mais l’assemblage se fait dans des établissements et service d’aide par le travail (ESAT ex-CAT) ou les ateliers de la prison de Rennes.

“partager la condition ouvrière”

Le touche-à-tout qui manie aussi le fer à souder pour ses prototypes, a convaincu Attali et Associés, le cabinet de conseil et de capital risque de Jacques Attali, de rentrer dans le capital de sa start-up D-Carte.

“On a failli déposer le bilan plusieurs fois. C’est un vrai parcours du combattant, un truc de malade!”, résume Claude en parlant de D-carte qui n’a qu’un seul concurrent aux Etats-Unis, Americhip.

Ex-étudiant maoïste à l’université de Vincennes, Claude Maidemberg a été terrassier pour “partager la condition ouvrière”. Il a aussi été pianiste de bar, soudeur, gardien de nuit, projectionniste, tout en étudiant le droit des affaires, les lettres modernes et le théâtre à la faculté.

A l’orée des années 1980, il a participé au lancement d’Antenne 1, la première télé pirate en France. Il est devenu éditeur notamment au Bénin où il relance l’imprimerie nationale du pays en publiant recueils de poésie et romans.

Aujourd’hui, sa raison de vivre est de penser, créer, tester et mettre sur le marché des inventions. Il a ainsi conçu le “Videopaper”, un écran de la taille d’un smartphone installé dans un cartonnage façonné en présentoir pour de la PLV (publicité sur le lieu de vente) à bas coût, des dossiers de presse, et bientôt dans des livres.

Avec ce nouveau produit, l’entrepreneur est persuadé de tenir le bon bout. Il imagine l’avenir: écran souple, totale autonomie avec des panneaux solaires et l’arrivée prochaine d’un véritable papier vidéo.

“Ca me fait marrer quand je me dis que toutes ces idées sont parties d’un petit caillou paumé au fond de la Bretagne!”, rit-il encore.