Les créances accrochées des banques tunisiennes vont-elles augmenter?


banque-tunisie-24122011-art.jpgAprès avoir baissé de 23,6% en 2005 à 12% en 2010, les créances accrochées
devraient augmenter à court terme en raison de l’instabilité politique et
économique, estime un rapport de la
BEI.

Malgré des progrès au cours des deux dernières décennies, le secteur bancaire
continue à souffrir de plusieurs faiblesses. Selon un récent rapport de la
Banque européenne d’investissement (BEI) –intitulé “Banking in the Mediterranean,
challenges and opportunities“-, la première de ces faiblesses réside –toujours-
dans la fragmentation de ce secteur. Avec les trois plus grandes banques
–Société Tunisienne de Banque (STB), Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT)
et Banque Nationale Agricole (BNA)- ayant une part de marché à peine supérieure
à 10%. En termes de dépôt, la BIAT est leader –avec 15% du total- suivie de la
STB, BNA et de la Banque de l’Habitat.

Cette forte fragmentation du
secteur bancaire représente un risque pour le
fonctionnement efficient du secteur financier. Et ce problème n’est pas près
d’être résolu, puisque le plan de restructuration du secteur bancaire public
–avec un projet de fusion de la STB et de la BH-, annoncé fin 2010, dans le but
de générer des gains de coûts des synergies, a finalement été mis entre
parenthèses par le soulèvement qui a éclaté début 2011.

Une deuxième faiblesse provient de la pauvre qualité des actifs des banques
«devenue encore plus prononcée à la lumière des récents développements
politiques», selon le rapport de la BEI. En effet, bien qu’elles aient baissé de
23,6% en 2005 à 12% en 2010, les créances accrochées «continuent à représenter
une vulnérabilité significatives» et devraient augmenter à court terme en raison
de l’instabilité politique et économique. A cette différence près que la cause
n’en est plus la même, selon la BEI.

Alors que les créances accrochées reflétaient jadis la mauvaise qualité du
management, et la faiblesse des standards de supervision, en particulier des
banques publiques, la situation actuelle provient de la forte exposition à des
clients individuels ou des entreprises ayant des liens avec l’ancien régime.
Mais quoique cette détérioration ultérieure de la qualité des actifs soit
attendue, son ampleur n’est pas encore claire.

Selon Fitch Ratings, cette exposition devrait représenter au moins 67% des
actifs des banques en 2010. Et, circonstance aggravante, les banques souffrent
de sous-provision, puisque malgré des améliorations graduelles depuis 2005, les
pertes de provisions ont représenté 58% des créances douteuses à la fin 2010.

La dernière faiblesse est imputée par le rapport à la
Banque centrale de Tunisie
(BCT). Cette institution qui régule le système bancaire et a joué «un rôle dans
les efforts de réforme de l’économie tunisienne depuis 1987, en promouvant la
modernisation et la libéralisation du système bancaire du système bancaire»,
selon la BEI, n’inspecte les banques, du moins dans le passé, que de loin en
loin, et de surcroît ses inspections sont plus strictes à l’égard des banques
privées que publiques.