Société : Les tunisiens plus nombreux chez les Psy?

Par : Autres

Quelques jours après que la tenu des élections de l’Assemblée constituante, l’humeur de beaucoup de Tunisiens est morose. Ils s’interrogent sur la signification des résultats, ainsi que sur leurs conséquences sur avenir.

«Est-ce qu’on est tous schizophrènes? On descend dans la rue pour la liberté et la démocratie et on vote Ennahdha? C’est fou ce truc!», s’exclame Sami.

Il n’en revient pas, comme beaucoup de jeunes Tunisois. Pour eux, ça devait être les élections de la liberté. Et finalement, il a le sentiment que ça a tourné court: «Fini la parenthèse démocratique. D’une dictature “laïcarde“, on passe à une théocratie. Ça va être encore pire parce que chaque fois qu’on critiquera leur action, on nous répondra qu’on s’attaque à la religion». Les propos de Sami sont teintés d’exagération. Tout de même, on perçoit une certaine inquiétude quant à l’avenir. Et il n’est pas le seul à se poser des questions.

«Le nombre de consultations va augmenter. Je reçois déjà plein de coups de téléphones pour des rendez-vous, alors qu’avant les élections, ce n’était pas le cas».

Le docteur Kamel Abdelhak est psychothérapeute à Tunis. La morosité ambiante et la déprime de certains Tunisiens il les explique facilement. «C’est un choc émotionnel double que les gens subissent: d’abord, une grande joie d’avoir vu un taux de participation aux élections énorme, avec des heures d’attente et des personnes de tout le pays qui se sont déplacées et, face à ça, la stupeur face aux résultats des élections. Du coup, les gens sont dans le déni, parce ce résultat exprime une remise en question de l’identité, des libertés et des projets pour beaucoup d’entre eux».

Pour le docteur Abdelhak, cette situation va forcément avoir des conséquences sur beaucoup de Tunisiens: «on va se retrouver avec des réactions fortes, avec, d’un côté, une tendance dépressive marquée et, de l’autre, une envie de réaction de la part des gens qui se manifestera de façon agressive».

Pour lutter contre ce sentiment de dépression, le docteur Abdelhak préconise une activité sociale: «il ne faut pas oublier que même une personne qui déprime doit se ressourcer». La parole et la compagnie comme remède, pour que le Printemps arabe ne se transforme pas en hiver sombre.

– Tous les articles sur
Elections