Tunisie – IDEES (2) : Refonte et renforcement des Politiques Actives d’Emploi

offre-emploi-1.jpgDans une note de synthèse de son premier rapport traitant de la problématique du chômage en Tunisie, le think tank fondé par Elyès Jouini propose des solutions à court terme et des réformes structurelles pour combattre ce fléau.

Pour améliorer le fonctionnement du marché de l’emploi et, partant, réduire le chômage, Idées pour le Développement Economique Et Social (IDEES) de la Tunisie, le think tank, créé par Elyès Jouini, vice-président de l’Université Paris-Dauphine, propose de mettre en œuvre une dizaine de mesures, entre dispositions à court terme et réformes structurelles.

Les solutions à court terme, d’abord.

En premier lieu, il faut, selon l’étude réalisée par l’universitaire Mohamed Kriaa, procéder à la refonte et au renforcement des Politiques Actives d’Emploi (PAE). Après un diagnostic pour identifier les bénéficiaires, il est proposé la prise en compte des dimensions sectorielle et régionale ainsi que de la spécialité du diplôme, et «une meilleure coordination entre l’ensemble des acteurs publics (MFPE, ministère du Développement régional, ministère des Finances…), les professionnels et les acteurs sociaux et associatifs, pour une gestion collective des programmes actifs d’emploi».

En second lieu, il est nécessaire de créer un «Catalogue des métiers» définissant de manière très précise les «contours de chaque métier». Une fois disponible, ce document sera utilisé d’un côté «pour harmoniser, au détail près, l’expression des besoins des entreprises en métiers et en qualifications avec la demande d’emploi existante et potentielle» et, de l’autre, pour «prévoir et d’anticiper les métiers dont aura besoin le marché».

De même, le contexte actuel impose l’adoption d’un «Plan d’urgence» pour sauvegarder les entreprises et, de ce fait, les emplois menacés. Ce plan «doit être conçu de telle sorte qu’il puisse s’articuler avec les PAE existantes à court terme, et doit constituer à long terme un cadre général de l’ensemble des politiques publiques d’aide à l’emploi».

Quatrième mesure recommandée, l’encouragement de «l’émigration internationale organisée de la main-d’œuvre, et notamment à haut niveau de qualification, ce qui peut servir de soupape au chômage des diplômés».

Cinquième disposition jugée nécessaire par la note de synthèse d’IDEES: de plus grands efforts en matière d’identification et de développement de l’exportation des services et d’utilisation des outils du télétravail afin de couvrir des activités à l’export tels que l’ingénierie, le conseil ou les services aux entreprises et aux personnes.

Les réformes structurelles, ensuite. Elles sont au nombre de trois. La première consiste à restructurer le système productif pour diversifier la base productive et «favoriser une intégration mondiale de notre économie tirée par les secteurs à fort potentiel de valeur ajoutée». Ce qui nécessiterait, selon la note de synthèse, la révision du Code de l’investissement et du mode de financement.

La deuxième réforme de fond consiste à «repenser la politique de développement» pour «rompre avec des politiques de développement élaborés de façon centralisée, sans dialogue et sans la prise en compte des aspirations et des spécificités régionales» et «nous inscrire dans un schéma de développement concerté, partant des régions et de leur potentialité pour aboutir à une politique d’ensemble, cohérente et intégrée». Pour ce faire, il est nécessaire de revoir le découpage administratif «pour plus d’efficacité».

La troisième réforme structurelle devrait aboutir à l’adoption d’une «Politique d’emploi participative», c’est-à-dire entraînant «la participation active des régions dans la définition, la gestion et l’évaluation des réformes et actions à entreprendre». Sans cette participation, nous continuerons à créer, presque exclusivement, des emplois là où le chômage est le moins virulent, même s’il est nécessaire de le faire, alors qu’il s’agit surtout de créer des emplois là où se trouvent les taux de chômage les plus élevés.