Tunisie – Enseignement supérieur : Bourses à l’étranger, l’excellence se mérite !

enseignement-sup-1.jpgLa qualité de l’enseignement a toujours fait l’objet de débat au sein des cercles académiques. Une qualité qui ne cesse de se détériorer d’une année à l’autre, selon les observateurs. En cause, le système éducatif en entier, appliqué sous l’ancien régime, qui n’a fait que détériorer le niveau général de l’enseignement, des élèves et des étudiants. Ajoutons à cela la corruption et l’interventionnisme qui n’ont pas épargné ses institutions.

Mais n’empêche qu’il existe des personnes qui ont toujours su se distinguer malgré les circonstances. L’examen du baccalauréat, malgré ce qu’on lui reproche, nous fait découvrir chaque année de nouveaux talents, dont les noms se trouvent en tête de listes des résultats. Et pour l’année 2011, malgré les circonstances exceptionnelles, nombre de bacheliers tunisiens se sont distingués dans toutes les filières.

Et pour les concours d’entrée aux grandes écoles en France et en Allemagne, cette année n’a pas fait l’exception. Parmi les 2.800 demandes reçues en début d’année, 64 bacheliers ont été admis aux cycles préparatoires. Pour les concours 2011, 35 ont été admis pour la France et de 30 pour l’Allemagne. Des chiffres qui sont presque identiques à ceux enregistrés en 2010, avec respectivement 36 et 29. 

Des critères rigoureux

Ce privilège ne concerne que les bacheliers qui ont poursuivi des études en mathématiques et en sciences techniques. D’ailleurs, la candidature aux concours des grandes écoles requiert un score assez élevé –il est plus de 200 pour la plupart en 2011. La moyenne pour le premier trimestre de l’année scolaire doit être équivalente ou supérieure à 14. Le candidat ne doit pas être un redoublant au baccalauréat et son âge ne doit pas dépasser les 20 ans au 1er octobre 2011, selon l’annonce faite par le ministère de l’Enseignement supérieur pour l’année en cours.

Les heureux admis pourraient, ainsi, suivre deux années d’études préparatoires dans des filières spécifiques, selon chaque pays. En France, il s’agit de MPSI (Mathématique, Physique, Chimie, Sciences de l’Ingénieur), de PCSI (Physique, Chimie, Sciences de l’Ingénieur) et HEC (Hautes Etudes Commerciales). En Allemagne, c’est l’Ingénierie. Pour l’IPEST en Tunisie, les admis pourront suivre des études en MPSI ou en PCSI.

A noter que chaque année une liste des écoles concernées est publiée ainsi que le nombre de places disponibles pour les bacheliers tunisiens. Pour 2011, on compte 19 grandes écoles française parmi lesquelles les ENC de Paris, Cachan et Lyon, l’Ecole polytechnique, l’Ecole centrale de Paris, Télécom Paris Tech, Ponts et chaussées Tech, etc. En Allemagne, les jeunes tunisiens pourront poursuivre leurs cycles préparatoires à Hanovre et Heidelberg.

Répartition régionale

Une fois admis, ces bacheliers ont droit à une bourse d’un montant de 800 euros mensuel qui couvre les deux années d’études préparatoires au bout desquelles, ils auront à passer un autre concours pour poursuivre leurs études supérieures. Pour ceux qui s’y intéressent, il faut prendre en compte que l’annonce des concours d’entrée dans les grandes écoles se fait généralement en fin du deuxième trimestre (fin mars) où les élèves auront à déposer leurs candidatures. Les résultats sont habituellement annoncés en fin de l’année scolaire.

Un responsable au sein du ministère de l’Enseignement supérieur nous a transmis également la répartition régionale des bacheliers admis aux grandes écoles en France et en Allemagne et aussi à l’IPEST. Il s’avère que sur un total de 153, 32 sont proviennent de Sfax, 30 de Sousse, 17 de l’Ariana, 13 de Tunis, 12 de Bizerte et 12 de Nabeul. On note également 7 du Kef, 5 de Monastir et Mahdia chacun, 4 de Kasserine et Kairouan chacun, 3 de Béja, 2 de Siliana, de Gabès et de Médenine chacun, 1 de Sidi Bouzid, Tozeur et Ben Arous.

Un budget de 32 MDT

Le ministère de l’Enseignement supérieur, comme dans la plupart des pays, a un département dédié aux bourses à l’étranger qui s’occupe de l’organisation des concours, de la sélection des candidats pour toutes les bourses, et dont le budget s’élève à 32 MDT. Outre les concours aux grandes écoles, il y a également les bourses de troisième cycle qui sont proposées dans le cadre d’une offre nationale. Elles sont adressées aux étudiants voulant poursuivre leurs études supérieures (mastère et doctorat) en France et au Canada. Environ soixante places sont proposées chaque année.

Selon Dorra Louzili, sous-directeur au département des bourses à l’étranger, les spécialités concernées par ce type de bourses sont déterminées selon les besoins du ministère en formation, «essentiellement celles qui ont un apport technologique et les spécialités nouvelles». Pour le dernier appel d’offre, les spécialités ont trait au génie civil, à la nanotechnologie, au génie aéronautique, à la physique nucléaire, à l’informatique, à la maintenance réseau, etc. D’ailleurs, pour ces deux dernières filières, huit candidats ont été admis en France et cinq au Canada.

Commission spéciale

L’appel d’offre est généralement annoncé au mois de janvier de chaque année dans toutes les universités et écoles. Toutes les demandes qui sont adressées au ministère de l’Enseignement supérieur par le biais des universités seront adressées ensuite à la Commission Nationale pour les Bourses à l’Etranger (CNBE). Cette commission spéciale est composée de présidents d’universités, de directeurs généraux au ministère et de chefs de département. C’est elle qui procède à la sélection finale selon le profil de chaque candidat et qui dresse la liste finale des admis.

Il y a aussi les bourses de stage pour les résidents en médecine et pharmacie en 3ème et 4ème année. Une commission au sein du ministère de la Santé est chargée de dresser la liste de filières concernées, chaque année, selon les besoins. Un autre type de bourses est aussi proposé: des bourses d’alternance de courte durée, ne dépassant pas les six mois par année universitaire. Y est éligible tout étudiant tunisien inscrit dans une université tunisienne qui prépare sa thèse en cotutelle. Le budget de ce programme représente 25% du budget global, soit près de 7 MDT.

De l’interventionnisme

D’un autre côté, il n’est un secret pour personne que les programmes de bourses à l’étranger ont toujours fait l’objet de convoitise durant l’ancien régime, essentiellement pour les bourses de troisième cycle. Mme Louzili affirme que les interventions existaient et que plusieurs personnes ont profité de ce programme pour se voir accorder une bourse (1.000 euros par mois en France et 1.250 dollars canadiens par mois au Canada), et partir à l’étranger. Cependant, elle affirme que ceci n’a altéré en rien la crédibilité du programme. «Malgré ces circonstances, les soixante places ont toujours été réservées aux plus méritants. Les autres ont été admis par voies parallèles qui ne nous concernent en rien», insiste-t-elle.

Elle affirme également que plusieurs requêtes ont été adressées au ministère concernant des candidats qui n’ont pas été admis. Mais après examen par la cour administrative, il s’est avéré qu’ils n’ont pas été admis parce qu’ils ne répondaient pas aux critères d’admission. Pour les personnes qui ont été admises par voie illégale, Mme Louzili indique que leurs dossiers sont en cours d’examen. Plusieurs d’entre eux ont déjà terminé leurs études et d’autres les poursuivent actuellement. Pour l’heure, on ignore, pour l’instant, quelle disposition adoptera le ministère à leur égard. En attendant, il serait souhaitable de ne plus entendre parler de ce genre de comportements. Mais tout le monde en convient qu’un travail sur les mentalités doit être mené. Car, un changement de mentalités nécessite souvent plusieurs décennies.