Tunisiens résidents à l’étranger (1/2) : Le RCD a longtemps sévi…

rcd-rtf-1.jpgDepuis quasiment l’indépendance du pays, la communauté tunisienne à l’étranger était gérée sous un angle dans lequel le politique interférait beaucoup pour ne pas dire que la politique constituait l’essentiel de l’approche prônée par les pouvoirs publics à son encontre.

En pareille période, soit au début du mois d’août de chaque année, la Tunisie officielle fêtait les Tunisiens résidents à l’étranger (TRE). Les assises de la Conférence des Tunisiens résidents à l’étranger étaient une occasion pour débattre du vécu des quelque 1.100.000 Tunisiens vivant en dehors des frontières du pays, le un dixième de la population, et de marquer leur «attachement indéfectible au président Ben Ali».

Depuis quasiment l’indépendance du pays, la communauté tunisienne à l’étranger était, en effet, gérée sous un angle dans lequel le politique interférait beaucoup pour ne pas dire que la politique constituait l’essentiel de l’approche prônée par les pouvoirs publics à son encontre. Et ce malgré les mutations profondes connues par cette communauté dont le fait qu’elle s’est enrichie de nouvelles générations, des binationaux, qui ne pensent pas toujours au retour au pays d’origine et de nouvelles générations disposant de grandes compétences; rien à voir, donc, avec ses émigrés de conditions moyennes et au savoir limité.

A ce propos, les organismes chargés des Tunisiens vivant à l’étranger (le ministère des Affaires sociales et son bras exécutif, l’Office des Tunisiens à l’Etranger) ont beau dire s’adapter au nouveau contexte et mettre en place de nouvelles approches, les réflexes des premières années de l’indépendance sont restés les mêmes.

L’Etat avait adopté à l’égard des TRE la même approche que celle faite à l’endroit de toutes les composantes nationales. Une approche fondée sur le contrôle et le souci constant de la soumission. Là aussi, il s’agira du bâton et de la carotte.

Car il serait faux de dire que la communauté, qui était largement surveillée et encadrée, n’a pas bénéficié de quelques sollicitudes notamment au moment du retour pour les vacances au pays natal.

Le RCD avait ses structures, ses hommes et ses pratiques

Dans le schéma mis en place, le RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique) et des organismes satellites avaient joué un rôle important. En France, par exemple, où réside près de la moitié des TRE, le RCD avait pignon sur rue. Il avait ses structures, ses hommes et ses pratiques.

De grandes villes comme Paris, Marseille ou encore Lyon avaient, comme pour Tunis, Sousse et Kairouan, pour ne citer que ces derniers gouvernorats, leurs comités de coordination avec à leur tête qui un secrétaire général ou un sous-secrétaire général adjoint. La dénomination officielle était le Rassemblement Tunisiens de France (RTF).

Qu’est-ce qui se cachait derrière. «L’association RTF n’est pas autonome financièrement en ce sens que son budget ne dépend nullement des cotisations de ses membres», peut-on lire sur le site 00216 mag, édité par un ressortissant tunisien vivant en France.

«En effet, la quasi-totalité de son budget annuel de fonctionnement (estimé à 600.000 euros, presque le double en dinars) est couvert par une subvention émanant de l’OTE (Office des Tunisiens de l’étranger), alors que le concours public aux associations indépendantes ne dépasse pas quelques petits milliers d’euros par an», ajoute la même source.

Il conclut: «A cet appui de l’OTE, le RTF peut également compter sur les dons de mécènes ou le déblocage de fonds spéciaux destinés à couvrir les commémorations diverses (fêtes nationales, visites d’officiels…) et/ou grandes échéances électorales» (Voir, à ce propos, Un regard calme sur le RCD en France et en Europe sur www.00216mag.com).

La mission du RTF et les structures qui lui ressemblent est –on le comprend- éminemment politique: mobiliser au tour du parti au pouvoir, mais aussi surveiller les «récalcitrants» et faire de la «délation» pour assurer la survie du régime.

Le RCD était, on le sait, une nébuleuse, avec ses fédérations, ses cellules, ses organisations d’étudiants, de femmes, dépendant plus ou moins directement des organisations nationales qui ont longtemps gravité au tour du défunt RCD. On y reviendra dans le prochain article.

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