Fruits et légumes : les producteurs connaissent une fois de plus la crise

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é (Photo : Sophie Lautier)

[11/08/2011 12:35:57] PARIS (AFP) Bousculés par la concurrence européenne, confrontés à une consommation atone, les producteurs français de fruits et légumes, qui manifestent une nouvelle fois jeudi contre la baisse des prix, s’enfoncent cette année encore dans la crise.

Depuis le début de l’été plusieurs produits sont en difficulté, au premier rang desquels les pêches-nectarines, les fruits les plus consommés de l’été.

Les producteurs, déjà malmenés il y a deux ans, craignent que “la crise 2011 soit pire encore que celle de 2009”.

En 2009, les arboriculteurs ont vu leurs revenus reculer de près de 45% par rapport à l’année précédente.

Depuis le début de la saison, nombre de producteurs cèdent leur récolte en-dessous de leurs coûts de revient: “les arboriculteurs vendent à 1 euro, 1,1 euro le kilo, au lieu de 1,30 euro”, précise Nathalie Francq, en charge de la commercialisation à l’association des producteurs de pêches-nectarines.

Ces dernières semaines les producteurs français ont aussi dénoncé l’arrivée de pêches-nectarines espagnoles qui ne respectent pas les normes de calibrage ou d’hygiène.

Les producteurs hexagonaux s’en prennent également aux cargaisons qui passent la frontière, sans destinataire et sans prix, à la recherche d’un acheteur, quitte à casser les prix et à entraîner le marché dans la chute.

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égumes sur le marché de Rodez, le 16 mars 2011. (Photo : Pascal Pavani)

Cette pratique, illégale, n’est pas le fait des seuls Espagnols. Les Français utilisent aussi ce procédé. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a réalisé récemment plusieurs contrôles, dont le bilan n’est pas encore connu.

Toujours prompts à dénoncer cette “concurrence déloyale”, les producteurs français reconnaissent que leurs homologues espagnols sont “eux aussi, dans une crise noire”, selon Nathalie Francq.

En Espagne, également, les producteurs vendent en dessous de leurs prix de revient.

“Une chose est certaine, c’est que le marché n’est pas bon”, reconnaît-on au ministère. Depuis le début de la saison, plusieurs fruits et légumes ont été déclarés “en crise” par le ministère de l’Agriculture. C’est le cas des pêches-nectarines, du melon, de la poire, de la prune, de la tomate, du concombre et même de l’artichaut. Leurs prix sont inférieurs de 15 à 45% à la moyenne des cinq dernières années.

Pourtant la saison paraissait prometteuse. Qualité et quantité étaient au rendez-vous, grâce à un printemps particulièrement chaud.

Mais la médaille a son revers: les produits se bousculent sur les étals. “Il reste encore trois semaines de marché pour les pêches-nectarines alors que l’on voit déjà arriver la prune et le raisin”, souligne-t-on au ministère. Le consommateur doit faire un choix.

La météo de cet été n’a pas été non plus propice à la consommation de fruits et légumes. La consommation de pêches-nectarines aurait ainsi baissé de 30% en juin, selon les producteurs.

Enfin la crise de la bactérie E. Coli en mai et juin a entraîné un plongeon des prix du concombre, de la tomate et des salades.

Il y a une “réelle situation d’urgence” pour les exploitations maraîchères dont “la pérennité est compromise”, écrit la présidente des producteurs de Légumes de France dans un courrier au ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire.

Angélique Delahaye demande des “mesures d’aides exceptionnelles”. Ne se satisfaisant pas du montant des indemnités promises aux producteurs suite à la crise E. Coli, elle souhaite aussi que les producteurs soient indemnisés à “l’euro prêt”.

Sur les 227 millions d’euros alloués par Bruxelles pour compenser les pertes des producteurs européens de légumes, la France a obtenu 1,6 million d’euros.