Tunisie : Les syndicalistes interpellés par la Révolution

Il était prévu depuis une année que la dix-huitième session de l’Université
d’été (29-31 juillet 2011, Hôtel Phébis, Gammarth) de l’Association Club Mohamed
Ali de la Culture Ouvrière (ACMACO) revête un aspect particulier par rapport aux
précédentes. Car elle devait consacrer une bonne partie de ses travaux à la
présentation des travaux de l’étude «Tunisie 2040 –le renouvellement du projet
moderniste tunisien
».

Particulière, l’édition 2011 de cette Université d’été le sera bel et bien, pas
seulement du fait qu’une des séances de la deuxième journée de cette
manifestation mais parce que la révolution survenue entretemps a obligé les
organisateurs à chambarder leur projet de programme initial pour le focaliser
sur le tsunami politique dont la Tunisie est le théâtre depuis le 14 janvier
2011. Du coup, c’est de la contribution des mouvements syndicaux à la transition
démocratique dans le Bassin méditerranéen que l’Université d’été 2011 de l’ACMACO
va principalement discuter.

Car la révolution tunisienne, qui s’est produite «sans guide et sans maître,
sans idéologie», «pour la liberté, le travail et la dignité», «nous impose,
aujourd’hui, de reprendre, avec humilité et lucidité, l’ensemble de nos
réflexions et préconisations», observe une note introductive. D’autant que même
«si nos analyses ont, de manière pertinente, permis de souligner la profondeur
de la crise que traverse la Tunisie du fait des politiques et pratiques
despotiques, peu d’entre nous tenaient pour acquise la capacité du peuple
tunisien à faire chuter ses principaux symboles et à ouvrir la voie devant une
rupture radicale avec un régime dépassé par les événements et l’histoire».

La réflexion sur la place et le rôle des syndicats dans ce moment particulier de
l’histoire de la Tunisie sera articulée autour de trois questions: comment aider
à assurer la transition démocratique, l’exemple des syndicats des pays européens
ayant vécu une telle phase (Espagne, Portugal et Pologne), la contribution
spécifique du mouvement syndical tunisien, et pluralisme syndical et transition
démocratique.

Le débat sur ces questions ne va pas s’arrêter avec la dernière journée de
l’Université d’été, puisque l’ACMACO entend prolonger l’étude prospective sur la
Tunisie en 2040 car les contributions des chercheurs qui y ont été associés
ayant été remises quelques semaines avant le déclenchement de la révolution
tunisienne, les scénarios élaborés sont très nettement dépassés –et ont de ce
fait besoin d’être actualisés- puisqu’ils annonçaient une «dramatisation de
l’ordre politique» et une «aggravation autoritaire de cet ordre».

Le nouveau projet de recherche sera centré sur la question «des rapports entre
Pacte social et transition démocratique», car la révolution tunisienne ayant
«remis radicalement en cause (l’) équilibre passif entre la bureaucratie
politico-administrative et la bureaucratie syndicale», «la reconnaissance du
pluralisme politique doit se traduire par un pluralisme syndical et une nouvelle
conception du Pacte social».