Un 1er mai sous le signe des revendications salariales

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éens manifestent lors du 1er mai 2011 à Séoul (Photo : Park Ji-Hwan)

[01/05/2011 14:25:26] PARIS (AFP) Les traditionnels défilés du 1er mai ont réuni dimanche des centaines de milliers de personnes qui ont manifesté de Hong Kong à Berlin, Zurich, Athènes ou Tunis pour dénoncer les sacrifices imposés aux salariés et exiger plus que des “miettes” pour vivre.

En Pologne, la plus grande confédération syndicale OPZZ a toutefois renoncé cette année à sa traditionnelle marche du 1er mai à Varsovie pour ne pas perturber les cérémonies liées à la béatification du pape Jean Paul II.

La fête du Travail a pris une tournure politique au Sri Lanka avec des manifestations anti-ONU, au Japon avec deux manifestations anti-nucléaire à Tokyo, en Russie où les partis pro-Kremlin ont organisé une démonstration de force à l’approche d’importantes échéances électorales, avec 2 millions de personnes et des slogans tels que “Medvedev ! Poutine ! Allez la Russie !”.

Après la dispersion violente de plusieurs manifestations d’opposition ces derniers mois, ces rassemblements étaient l’occasion d’afficher une forme de respect de la liberté d’expression, sauf pour les homosexuels.

A Cuba, pour la première fois, des travailleurs indépendants ont participé aux traditionnels défilés pour soutenir les réformes économiques en cours.

En Afrique, la fête du travail a permis aux syndicats de remettre des “cahiers de doléances”, comme au Bénin et au Togo, et de rappeler la “menace majeure” que constitue le chômage endémique “pour la stabilité sociale”, selon le leader syndical nigérian, Abdulwahed Omar (NLC).

Au Burkina Faso, syndicats et associations, craignant l’infiltration d’agitateurs, ont renoncé à défiler, dans un contexte de tension persistante depuis février et de mutineries qui ont même touché la garde présidentielle.

En Tunisie, où un soulèvement populaire a renversé le régime en février, des centaines de manifestants ont défilé sans heurt dans les rues de Tunis. “Travailleurs, vous préparez le pain mais vous vivez avec les miettes !”, scandaient les manifestants en colère contre le gouvernement de transition.

A Alger, les seules manifestations de rue étaient celles de supporteurs de football avant la finale de la Coupe d’Algérie 2011.

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à Moscou (Photo : Dmitry Kostyukov)

Au Maroc, environ 3.000 manifestants ont défilé à Rabat au cri notamment de “A bas le despotisme” et “Assez à la marginalisation”.

En Asie, où le prix des denrées alimentaires s’est envolé de 10% en début d’année, la question salariale était récurrente, des Philippines à Taiwan.

A Hong Kong, le 1er mai a marqué l’entrée en vigueur d’un salaire minimum dans ce territoire appartenant à la Chine, fixé à 28 dollars de Hong Kong par heure (2,43 euros). C’est une avancée mais insuffisante pour faire vivre une famille, selon les syndicats qui ont réuni 4.000 manifestants.

“Le pays est riche mais les gens sont pauvres”, ont scandé en Indonésie des milliers de manifestants qui ont aussi réclamé une meilleure couverture santé et retraite.

“En trois ans, le nombre de pauvres a augmenté mais les riches payent moins d’impôts”, a protesté à Taiwan le leader syndical Wang Jung-chang, lors d’une manifestation de plus de 3.000 ouvriers.

A Séoul, plus de 50.000 manifestants ont réclamé une meilleure sécurité de l’emploi et des hausses de salaires, estimant que les inégalités allaient en s’accroissant.

En Espagne, dont l’économie peine à sortir de la crise, la peur du chômage alimentait les revendications des manifestants (40.000 à Madrid, autant à Barcelone). Plus d’un actif sur cinq est touché.

En Grèce, où des sacrifices sans précédent sont demandés à la population depuis un an pour éviter une faillite de l’Etat, des milliers de manifestants se sont rassemblés à Athènes pour protester contre un nouveau tour de vis.

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à Athènes en Grèce (Photo : Louisa Gouliamaki)

Au même moment au Portugal, en pleine négociation du plan d’aide financière demandé à l’Union européenne et au FMI, les syndicats entendaient faire une démonstration de force avant l’annonce de nouvelles mesures d’austérité.

En France, des milliers de salariés ont défilé dans des cortèges nettement moins fournis que l’an dernier, tandis qu’à Paris, l’extrême droite paradait en l’honneur de Jeanne d’Arc, plus nombreuse qu’en 2010.

En Belgique, où la crise économique et sociale se double d’une crise politique sans précédent, la question des salaires et des bonus touchés par certains hauts dirigeants a polarisé les principales interventions à gauche.

Le président du syndicat socialiste FGTB Rudy De Leeuw a défendu l?indexation automatique des salaires sur les prix, menacée d’une remise en cause.

A Vienne, ils étaient 100.000 à réclamer plus de justice et dénoncer un système qui, selon le chancelier Werner Faymann, “s’en met plein les poches quand tout va bien et quand ça va mal, ce sont les contribuables qui paient”.

A Berlin, où des milliers de manifestants ont défilé dans le calme, le président du DGB, Michael Sommer, a mis en garde contre le dumping salarial et la tentation pour les employeurs de faire travailler des salariés “bon marché” venus d’Europe de l’Est alors que rentre en vigueur l’ouverture du marché allemand et autrichien à ces travailleurs.