Les prix à la pompe poursuivent leur ascension en France

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à essence (Photo : Kenzo Tribouillard)

[28/02/2011 17:48:52] PARIS (AFP) Les prix à la pompe des carburants en France ont poursuivi leur progression la semaine dernière en France, sur fond d’incertitudes sur la situation en Libye et dans les pays producteurs du Moyen-Orient, suscitant l’inquiétude des consommateurs et des industriels.

Gazole (78% des ventes en France), et surtout super sans plomb 95 et super sans plomb 98 s’approchent petit à petit de leurs sommets de juin 2008 et évoluent toujours à des hauteurs record depuis deux ans et demi, selon les chiffres publiés lundi par la Direction générale de l’Énergie et du Climat (DGEC).

Le litre de SP95 s’est vendu toutes taxes comprises la semaine passée en moyenne à 1,4915 euro, tout près de son record de 1,4971 euro.

Le gazole a également poursuivi sa hausse, à 1,3287 euro TTC le litre, soit son plus haut niveau depuis la semaine précédente, qui avait vu le litre de gazole repasser la barre de 1,30 euro pour la première fois depuis septembre 2008. Le record historique du gazole de 1,4541 euro/litre remonte au 30 mai 2008.

“On peut craindre de battre des records la semaine prochaine, même si rien n’est sûr”, avance Jean-Louis Schilansky, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip).

Plusieurs jours s’écoulent en effet entre la hausse du baril de brut et la répercussion à la pompe, rappelle M. Schilansky, soulignant que les hausses du brut enregistrées la semaine passée n’ont pas encore été répercutées.

La hausse des prix à la pompe est en effet la conséquence directe de la flambée des cours du pétrole, qui augmentent régulièrement depuis un an face à la vigueur de la demande asiatique d’or noir.

A cette tendance de fond sont venues s’ajouter les incertitudes autour de la situation en Libye et dans les pays producteurs du Moyen-Orient. Au coeur de la crise qu’elle traverse, la Libye n’exporte plus que la moitié de ce qu’elle exportait auparavant, selon M. Schilansky.

La baril de Brent de la Mer du Nord s’échangeait lundi après-midi à Londres à un peu moins de 112 dollars, après avoir grimpé jusqu’à 114,50 dollars.

A l’été 2008, porté notamment par la forte demande de la Chine et de l’Inde et le déclin des gisements dans plusieurs pays de l’OCDE, il avait atteint le prix record de 147 dollars.

Mais l’Europe souffre depuis de la baisse de l’euro face au dollar. Avec un baril aujourd’hui encore nettement moins cher qu’à l’été 2008, les prix à la pompe approchent donc leurs records de l’époque, explique M. Schilansky.

Thierry Saniez, délégué général de l’association de consommateurs CLCV, rappelle que la majorité du prix acquitté à la pompe est composé de taxes. Selon l’Ufip, la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) représentent environ 50% du prix du gazole et 60% du prix du SP95.

“Nous sommes bien conscients qu’il y des problèmes avec les finances publiques, mais les pouvoirs publics ont du mal à reconnaître que sur les trois quarts du territoire, les consommateurs sont obligés de prendre leur voiture pour aller travailler”, pointe M. Saniez.

En moyenne, selon l’association, la facture de carburants d’une personne qui fait 50 km par jour pour aller travailler s’élève à 150 euros par mois. “On atteint un seuil de supportabilité économique difficile”, dénonce M. Saniez.

Même écho chez les industriels, qui s’inquiètent. “Il y a un double effet pétrole”, pointe Pierre Gattaz, président du Groupe des fédération industrielles (GFI): “toute l’industrie est pénalisée par l’augmentation des coûts des flux, des transports; et le prix du pétrole joue aussi sur le prix du nafta”, un dérivé du pétrole utilisé dans la chimie et la plasturgie.