Tunisie – Tourisme : Arrêtons de parler pertes, parlons investissements

touristes-1.jpgSauver la saison touristique 2011 ou du moins ce qui pourrait en être sauvé, c’est l’objectif que se sont fixé les nouveaux responsables du secteur, autant public que privé. Leurs partenaires également, cette fois-ci français, pour lesquels le marché tunisien compte énormément.

«Nous ne pouvons donner des chiffres, ni des informations précises sur l’ampleur des dégâts et à la limite, peut-être vaudrait-il mieux ne pas le savoir, car cela risque d’être quelque peu déprimant…Ce sont les pertes que nous pouvons avoir à l’arrêt des ventes futures que nous ne pouvons pas quantifier et qui nous alarme un peu», a déclaré Tahar Saihi, président de la Fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV). Le plus important est de réagir à temps simultanément et de manière cohérente avec les vis-à-vis. Ceux qui sont arrivés de France dans la soirée du 8 février pour faire le point de la situation et mettre en place un plan d’attaque. Ceux qui se sont exprimés lors de la conférence de presse organisée mercredi 9 février à Tunis.

Ces vis-à-vis sont René Marc Chikli, président du CETO (Cercle d’Etudes des Tours Opérateurs) , Lionel Guerin, PDG de Transavia, Georges Colson, président du Snav (Syndicat National des Agences de Voyages), Dénis Wathier, président de Thomas Cook et d’autres décideurs de Look Voyages, du Groupe Marmara et de Fram qui valent leur pesant d’or dans l’industrie française du voyage.

Rien que le CETO, qui réunit plus de 70 professionnels, réalise pas moins de 8 millions d’euros de chiffres d’affaires annuels chacun, et représente 80% du marché des «voyages à forfait» et une partie conséquente de celui des vols «secs».

Signes positifs, Transavia et Air France ont continué à programmer leurs vols sans interruption tout au long des événements qui ont secoué la Tunisie. Les compagnies aériennes tunisiennes ont été également assez présentes et réactives sur le marché français d’autant plus qu’une vingtaine de villes françaises sont desservies de et en direction de la Tunisie.

La communauté tunisienne à l’étranger de la partie

Les actions de commercialisation devraient, pour leur part, être accentuées en direction des clients finals, les agences de voyage françaises sont, pour leur part, très confiantes et croient en le marché tunisien. Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme pour le gouvernement transitoire, l’est autant: «La Tunisie a changé, les méthodes de travail aussi, les champs d’activités sont plus larges, plus de place est accordée à la créativité. Des manifestations touristiques, politiques et économiques pourront être organisées aujourd’hui dans notre pays. Nous inviterons des leaders d’opinion à y venir. Nous avons été touchés par le formidable élan de solidarité qui s’est exprimé au niveau de la communauté tunisienne à l’étranger et qui aura beaucoup à dire et faire pour ce qui est de la relance du tourisme dans notre pays».

Le tourisme tunisien, rappelle le ministre, souffre depuis 10 années et ce ne sont pas les derniers événements qui sont la cause de ses difficultés: «C’est un secteur qui perd beaucoup plus de richesses qu’il n’en produit, mon objectif est de renverser la tendance et de le relancer. Nous voulons lancer à tout le monde des messages d’engagement. Notre pays passe par des moment extraordinaires, ce que je veux est que nous arrêtions de parler de pertes et que nous débattions investissements pour construire la Tunisie de demain».

Tout au long du soulèvement populaire en Tunisie, aucune unité hôtelière n’a été touchée, aucun touriste n’a été agressé par la population révoltée. Le Tunisien a gardé son caractère généreux et chaleureux en pleine tourmente. Le rôle qui revient au ministre du Commerce et du Tourisme est de remettre le secteur sur les rails.

Une Tunisie libre, démocratique, plus légère car ne souffrant plus du poids de la dictature ou d’une image ternie par les atteintes aux droits de l’homme et l’absence de liberté d’expression, peut devenir une destination très attrayante. Une destination où on peut non seulement profiter des richesses naturelles, mais découvrir d’autres autrement plus importantes: culturelles, historiques et surtout humaines.

L’humain est à la base de tout, et cet humain qui, pendant des années a été et a vécu en Sujet, est en train de devenir citoyen, acteur de sa vie et partie prenante dans toute décision concernant sa vie et son pays.

Les touristes français reviendront nombreux en Tunisie, parce qu’en retrouvant sa liberté, le Tunisien retrouvera ce sourire si attachant qui sort du fond du cœur; et en retrouvant sa dignité, il sera d’autant plus heureux de les accueillir et de les accompagner dans la découverte de cette nouvelle Tunisie fière, douce, émancipée et rebelle.