Tunisie – Agriculture : Les CRDA servent-ils, encore, à quelque chose?

Implantés dans le paysage national depuis des dizaines d’années, les Commissariats régionaux de développement agricole (CRDA) s’acquittent-ils comme il se doit de leur mission? A en croire le dernier rapport (vingt-cinquième) de la Cour des Comptes, la réponse est négative au moins pour le CRDA de Gafsa.

D’après cette institution, présidée par Mme Faiza Kéfi, l’action de ce CRDA souffre de faiblesses dans quatre domaines: mobilisation des ressources hydrauliques et protection des sols, la gestion des périmètres irrigués, le développement de l’activité agricole, et la gestion financière.

Sur le premier point, le rapport de la Cour des Comptes rélève un déficit dans la coordination et la détermination des besoins en matière d’ouvrages de mobilisation des ressources hydrauliques. Car «il a été constaté que le taux de mobilisation des ressources hydrauliques dans la région durant la période du Xème Plan de développement n’a pas dépassé 65% alors que la moyenne nationale a atteint 86%».

En matière de gestion des périmètres publics irrigués, le CRDA de Gafsa est jugée en deçà du requis sur la lutte contre l’émiettement de la propriété –que le fait des périmètres irrigués puissent être mis en exploitation sans création officielle par décret ne contribue pas à faire reculer-, l’exploitabilité de ces terres –nécessitant notamment la mise en place d’un système de contrôle de la salinité et du caractère inondable des terres-, et leur rendement qui «pourrait être amélioré » encore bien qu’il ait déjà atteint 45% en 20008.

Outil essentiel au développement de l’activité agricole, la vulgarisation est également loin d’avoir fonctionné comme il se doit. «Faute de moyens humains nécessaires au bon fonctionnement des structures administratives», relève le rapport de la Cour des Comptes, le nombre d’actions de vulgarisation programmées durant la période 2004-2008 a enregistré une chute de 50 à 72% et celui des actions effectivement menées selon un taux allant de 45 à 68%.

De même, la carte de la production agricole régionale, élaborée il y a trois ans, «n’a pas été pleinement exploitée, puisque le CRDA n’a procédé ni à la connexion des cellules de vulgarisation au système informatique y afférent ni à l’actualisation des données y figurant dont certaines datent de 2001».

Enfin, en matière de gestion financière, il est reproché au CRDA de Gafsa de ne pas avoir respecté la méthodologie du dépouillement, ni veillé au paiement de la caution définitive par les titulaires d’un marché, de ne pas avoir préparé les dossiers de règlement définitif de 25 marchés, etc.

En réponse aux critiques et remarques de la Cour des Comptes, le CRDA de Gafsa fait une série d’annonces.  A propos des ressources hydrauliques, il annonce le taux de mobilisation va monter à environ 90% avec la réalisation du barrage de Oued El Kebir; et clamé qu’il allait veiller à «davantage de coordination avec l’administration centrale afin de prendre en compte les spécificités climatologiques et topographiques de la région».

Sur la gestion des périmètres publics irrigués, il promet que «dans le but d’augmenter le taux d’exploitation et la rentabilité des périmètres irrigués, le CRDA envisage de mettre en place un plan qui vise l’accélération du rythme d’exploitation, la réalisation d’un taux de 90% et la généralisation de l’utilisation des installations d’économie d’eau d’irrigation».

Au sujet du développement de l’activité agricole et du rôle qu’y joue la vulgarisation, le CRDA déclare qu’il s’emploiera à renforcer ses effectifs en vulgarisateurs» et «tâchera de développer la vulgarisation et de mettre en place (…) un mécanisme d’évaluation et de suivi …».

Enfin, à propos de la gestion financière, le CRDA de Gafsa promet d’en «améliorer  la gestion des marchés», de «prendre en considération les observations de la Cour des Comptes relatives, notamment, à la définition des besoins et au respect des prescriptions des cahiers des charges en matière de dépouillement des offres».

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