WikiLeaks : Islamabad réfute, les USA tentent de panser les plaies

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étaire d’Etat Hillary Clinton et le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi au sommet de l’OSCE à Astana, le 1er décembre 2010 (Photo : ANDREY MOSIENKO)

[01/12/2010 18:21:48] LONDRES (AFP) Le Pakistan a réfuté mercredi les craintes sur la sécurité de son arsenal nucléaire, exprimées dans des notes américaines révélées par WikiLeaks, tandis que Washington mettait à profit un sommet de l’OSCE pour tenter de réparer les dégâts diplomatiques causés par les fuites.

Parallèlement, Julian Assange, le fondateur du site internet WikiLeaks, spécialisé dans la révélation de documents secrets et qui a entamé dimanche la publication de 250.000 messages de la diplomatie américaine, est désormais recherché par l’intermédiaire d’Interpol pour une affaire de viol en Suède.

Après l’émission par la Suède d’un mandat d’arrêt international et sa transmission à Interpol, l’organisation a diffusé mardi soir une “notice rouge” (avis de recherches international) contre l’Australien de 39 ans.

L’un des avocats de M. Assange, Mark Stephens, basé à Londres, a émis l’hypothèse que ce mandat d’arrêt soit lié aux révélations de WikiLeaks et à la réaction “belliqueuse” des Etats-Unis, très embarrassés par ces fuites.

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à la recherche de Julian Assange, le 30 novembre 2010 (Photo : Nicholas Kamm)

Me Stephens a refusé de préciser où se trouvait son client, tandis que plusieurs quotidiens britanniques estiment qu’il pourrait se cacher en Grande-Bretagne, où il séjourne régulièrement.

Pour la quatrième journée consécutive, WikiLeaks a continué à dévoiler des documents secrets américains, notamment sur le Pakistan, l’allié-clé de Washington depuis fin 2001 dans sa “guerre contre le terrorisme”.

Dans un télégramme daté de 2009, l’ambassadeur américain à Islamabad s’inquiète que des extrémistes puissent accéder aux armes nucléaires au Pakistan, seule puissance militaire atomique du monde musulman.

“Notre principale inquiétude n’est pas qu’un militant islamiste puisse s’emparer d’un engin (atomique), mais plutôt le risque que quelqu’un travaillant dans une installation du gouvernement du Pakistan puisse faire sortir progressivement du matériel nucléaire afin de produire éventuellement une arme”, écrit Anne Patterson.

Islamabad a réagi en jugeant les craintes “déplacées”. “Il n’y a jamais eu un seul incident concernant notre combustible fissile, ce qui démontre que nous contrôlons fermement” nos installations, a répondu le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Abdul Basit.

“Il est temps qu’ils (les Etats-Unis et la Grande-Bretagne NDLR) abandonnent leurs partis pris à l’égard du Pakistan”, a-t-il ajouté.

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à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

Le président français Nicolas Sarkozy est également pris à partie dans des télégrammes diplomatiques, où il est décrit comme “viscéralement” pro-américain, mais aussi “frénétique”, “impulsif”, “autoritaire” et “susceptible”. Paris a une nouvelle fois condamné la publication de ces notes censées restées secrètes.

C’est dans ce contexte tendu que Washington a cherché à rassurer les dirigeants étrangers lors d’un sommet de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Kazakhstan.

Les fuites ont été au menu de tous les entretiens bilatéraux de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, et “quand les dirigeants ne l’évoquaient pas, elle le faisait elle-même”, a rapporté un haut responsable américain.

Mme Clinton a redit à ses interlocuteurs que les télégrammes venaient “du terrain” et ne représentaient “pas forcément le point de vue des Etats-Unis”.

Elle a notamment apporté son soutien indéfectible au Premier ministre italien Silvio Berlusconi, décrit dans des notes comme “irresponsable, imbu de lui-même et inefficace”. “Nous n’avons pas de meilleur ami” que lui, a-t-elle lancé devant la presse.

D’autres dirigeants n’ont pas eu à recevoir l’attention particulière des Etats-Unis, car ils ont réagi avec humour aux notes diplomatiques. “J’ai beaucoup aimé”, a déclaré le Premier ministre kazakh Karim Massimov, en référence à des câbles décrivant une de ses soirées en discothèque. “J’aime danser avec ma femme et en faire la publicité de manière traditionnelle m’aurait coûté beaucoup d’argent”, a-t-il lancé.