Tunisie : De l’enthousiasme à la déception au Salon national de l’emploi !

salon-emploi-1.jpegL’organisation d’un premier Salon national de l’emploi par une société privée peut être qualifiée d’initiative louable, d’autant plus qu’il est placé sous la tutelle du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi… Aux côtés des entreprises, la présence de certains organismes de soutien comme la BTS, la BFPME et l’ANETI. Ceci démontre surtout la conscience du secteur privé quant aux besoins du marché de l’emploi pour de pareilles manifestations afin de dénicher des jeunes talents. La présence de grandes entreprises nationales et internationales implantées en Tunisie donne une idée sur la situation de l’emploi de plus en plus critique.

Rappelons que le salon a été organisé du 30 septembre au 2 octobre 2010 à la Foire de La Charguia.

L’affluence était importante, comme à chaque manifestation similaire, s’agissant ici de l’emploi. Munis de leurs CV, les jeunes diplômés étaient au rendez-vous pour tenter leurs chances. Cependant, pour certains, c’était la déception. «Dans la campagne de promotion du salon, on nous promettait des entretiens directs, mais nous n’avons rien vu de cela. Le seul avantage est que les sociétés sont regroupées dans un seul endroit. Nous sommes venus, simplement, pour déposer nos CV avec l’espoir d’une réponse positive, ni plus ni moins», regrette Bassem, un jeune diplômé.

Ce qui est confirmé à travers les entretiens que nous avons eus avec des entreprises qui nous ont affirmé que leur présence à ce Salon n’est qu’une simple formalité visant à nouer de contacts avec les demandeurs d’emploi pour des entretiens ultérieurs au sein de l’entreprise. Pas d’entretiens individuels, donc, mais des prises de contact et des dépôts de CV.

Une autre jeune diplômée affirme être totalement surprise que certaines entreprises n’acceptent même pas les CV et «nous demandent de les envoyer sur leurs adresses e-mail. Ceci sert à quoi donc de participer au salon», lance-t-elle, désabusée.  D’autres émettent des conditions : «pour déposer votre CV, l’essentiel est que vous n’ayez pas effectué un contrat SIVP auparavant !». Sont donc exclus, les jeunes diplômés qui ont eu une première expérience et ont déjà effectué leur Stage d’Initiation à la Vie Professionnelle (SIVP).

Avant la tenue du Salon, on avançait des possibilités d’entretiens et de recrutements directs. Mais les exposants se sont limités à entasser les CV et à donner quelques renseignements sur leurs activités pour les jeunes diplômés.

Sur ce point de vue, force est d’affirmer que l’encadrement des demandeurs d’emploi a fait défaut, lors de ce Salon. Si l’objectif est de dénicher les jeunes talents, ceci ne peut se faire sans porter une attention particulière sur leur capacité et leur compétence à travers un service d’évaluation. Certaines entreprises acceptent même des CV ne correspondant pas aux profils demandés ou souhaités. «Nous avons l’impression que nos CV n’ont plus aucune valeur», s’insurge Amira, une jeune diplômée.

La déception a-t-elle pris place à l’enthousiasme ? Il faudrait attendre le bilan du Salon pour en savoir plus. Pour la prochaine édition de cette manifestation, les organisateurs devraient miser sur une approche communicationnelle plus efficace et une organisation plus efficiente. La qualité des exposants n’est pas à décrier, et les jeunes diplômés devraient y trouver leur compte. Ce genre d’évènements est fait pour eux. Les entreprises devraient être conscientes que les jeunes talents se cherchent. Elles doivent faire l’effort pour aller vers le demandeur d’emploi. La participation à un Salon est un premier pas ; mais fallait-il qu’il soit réussi sur tous les plans!