L’économie en suspens en attendant un nouveau Premier ministre

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ésentant la reine Elizabeth II, photographiées le 16 mars 2010 à Londres (Photo : Carl Court)

[07/05/2010 15:39:44] LONDRES (AFP) La livre sterling a fortement chuté vendredi après les résultats totalement indécis des élections législatives britanniques, tandis que le patronat et les agences de notation soulignaient la nécessité de ne pas différer sine die des réformes budgétaires cruciales pour le pays.

“Le Parlement est totalement +suspendu+ et personne ne sait qui occupera le 10 Downing Street dans une semaine”, observaient les analystes de Moneycorp.

La livre a été la principale victime de cette indécision, tombant à 09h30 GMT à 1,4477 dollar pour une livre, un plus bas depuis le 23 avril 2009, contre 1,4833 la veille.

Elle est cependant remontée aux alentours de 1,4690 dollar pendant toutes les heures suivantes, quand David Cameron, chef du parti conservateur, et l’actuel Premier ministre travailliste Gordon Brown ont ouvertement tendu la main, en vue d’une alliance, au leader libéral-démocrate (Lib-Dem) Nick Clegg, faiseur de roi dans ce scrutin malgré un score décevant.

Au centre des propos de MM. Brown et Cameron a figuré l’obsédante question de la réduction du déficit public du pays, un des plus élevés d’Europe avec 12% du PIB, tandis que la dette a gonflé de manière exponentielle en trois ans, passant de 44% du PIB à 77% de 2007 à 2010, selon les calculs de l’agence Standard & Poor’s (S&P), qui s’attend même à la voir atteindre 100% en 2014.

Mais les deux hommes ont confirmé leurs positions antagonistes. M. Brown a indiqué que “la priorité économique pour le Royaume-Uni était de soutenir la reprise en 2010”, c’est-à-dire de ne pas essayer de combattre le déficit cette année, et de ne s’y attaquer qu’une fois la reprise “stabilisée”. M. Cameron au contraire a réaffirmé que “commencer à combattre le déficit cette année était essentiel”.

La CBI, principale organisation patronale, a appelé de son côté à une décision politique “claire” et “rapide”, les entreprises “ayant besoin de stabilité”.

L’Institut des Dirigeants, qui rassemble des membres de conseils d’administration, a jugé que “tout retard supplémentaire (sur les finances publiques, ndlr) ne fera que mettre en péril l’avenir de notre économie”.

Le rendement des obligations britanniques à 10 ans a été plus sensible que la livre aux propositions d’alliance, passant d’un pic à 3,981% en début de journée à 3,851% après les propos des uns et des autres, contre 3,799% la veille.

L’évolution des marchés a semblé montrer aussi qu’ils appréciaient la patience toute relative manifestée par les agences de notation après ce scrutin. Elles accordent encore au Royaume-Uni la note maximum AAA dont la perte ferait figure de drame national.

Moody’s a espéré que “l’équipe économique qui va arriver saura rassembler un soutien convaincant du Parlement pour un ajustement budgétaire qui ne soit ni plus vague ni plus lent que ce qu’ont énoncé les trois grands partis durant leurs campagnes électorales respectives”.

L’agence Standard & Poor’s, qui a déjà assorti son AAA d’une perspective “négative”, premier pas vers la dégradation, s’est donné jusqu’à “la fin de l’année” pour “évaluer les détails de la stratégie budgétaire” du nouveau gouvernement, avant de modifier sa notation le cas échéant.

Quant à la Bourse de Londres, elle a connu une séance d’une volatilité qui a rappelé les pires moment de la crise financière. Entre l’ouverture et 14H30 GMT, le Footsie a zigzagué de +0,07% à -4,1%. Sa situation n’était pas pire cependant que celle des Bourses voisines, rappelant que l’issue de l’élection britannique n’est qu’un des nombreux problèmes de l’Europe, aux prises aussi avec la crise grecque et sa possible contagion.