Marée noire : la responsabilité de BP pourrait se compter en milliards

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à une opération de nettoyage, le 4 mai 2010 près de Chandeleur Islands en Lousiane. (Photo : Stan Honda)

[05/05/2010 15:24:33] LA NOUVELLE ORLEANS (Etats-Unis) (AFP) Le géant pétrolier BP va probablement devoir payer des milliards de dollars de dommages et intérêts aux pêcheurs et commerces touchés par l’énorme marée noire du golfe du Mexique, mais la bataille pour l’attribution de la faute promet d’être complexe.

“Les premières vagues de poursuites judiciaires déferlent alors que la marée noire n’a pas encore atteint le rivage”, remarque Olivier Houck, professeur de droit environnemental à l’université de Tulane, à La Nouvelle-Orléans (Louisiane, sud).

En tant qu’exploitant de la plateforme qui a explosé puis coulé le 22 avril, le géant britannique doit théoriquement payer pour le nettoyage de la marée noire et les dommages et intérêts dûs aux victimes.

Estimée à 9,5 millions de litres de brut et progressant à un taux de près de 800.000 litres par jour, la marée noire menace de souiller les plages de sable blanc qui bordent le golfe du Mexique.

Alors que les annulations de séjour s’accumulent, les hôteliers devraient s’ajouter à la liste des victimes demandant réparation, en plus des éleveurs de crevettes et de crabes, des ostréiculteurs et des propriétaires de marinas.

Le directeur général de BP, Tony Hayward, a affirmé sur la chaîne de télévision américaine ABC que Transocean, propriétaire de la plateforme Deepwater Horizon que BP louait, était responsable du problème technique qui a généré la catastrophe environnementale.

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ée noire : les prévisions pour le 6 mai 2010 (Photo : null)

Les plaintes déposées le 30 avril accusent également un autre sous-traitant de BP, le groupe américain de services pétroliers Halliburton, de co-responsabilité.

Le fournisseur d’équipements et de services pétroliers Cameron International, autre sous-traitant sur la plateforme, derait également voir sa responsabilité engagée.

En outre, BP était le principal exploitant de la concession du champs pétrolier mais n’en détenait que 65%, aux côté du texan Anadarko (25%) et du japonais Mitsui (10%).

BP devrait donc tenter de renvoyer une part de la responsabilité de la marée noire sur toutes ces entreprises, remarque Keith Hall, un avocat spécialisé interrogé par l’AFP.

Forts de l’expérience de la bataille judiciaire de 1989 au moment de la marée noire provoquée par le naufrage de l’Exxon Valdez au large de l’Alaska, les avocats se sont rués pour porter plainte, avant même que les dégâts aient pu être totalement évalués.

ExxonMobil avait finalement dû s’acquitter de 3,4 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros) de frais de nettoyage et de dommages et intérêts.

Mais “les pêcheurs d’Alaska avaient porté plainte tard et n’avaient pas obtenu grand-chose”, remarque M. Houck.

Le gouvernement américain avait poursuivi Exxon en premier, éclipsant les plaintes des pêcheurs et des habitants de l’Alaska.

“Ces communautés ne commencent que maintenant à recevoir les premiers paiements. Ce n’est donc pas étonnant que les plaintes de pêcheurs contre BP arrivent si nombreuses et si rapidement”, a ajouté M. Houck.

Le naufrage de l’Exxon Valdez a entraîné le vote d’une loi sur la pollution pétrolière, en 1990, qui a rendu les compagnies pétrolières responsables non seulement du nettoyage des littoraux mais aussi de l’indemnisation des commerces et des particuliers.

Si BP est légalement responsable de la marée noire dans le golfe, beaucoup de plaintes peuvent être payées à travers le Fonds d’indemnisation des marées noires, remarque M. Houck.

Créé dans la foulée de la catastrophe de l’Exxon Valdez, il collecte 8 cents sur chaque baril de pétrole vendu aux Etats-Unis.

D’après la loi sur la pollution pétrolière, BP pourrait n’être engagé qu’à hauteur de 75 millions de dollars, mais la compagnie pourrait avoir à payer plus si des infractions aux lois fédérales sont prouvées.