Le distributeur de lait cru peine à trouver sa place sur le marché

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ès de Lyon, en mai 2008. (Photo : Philippe Merle)

[27/04/2010 07:07:26] SAINT-RENAN (Finistère) (AFP) Bouteille en main, des clients attendent leur tour devant un distributeur automatique de lait à Saint-Renan (Finistère), mais au niveau national, les appareils ne rencontrent pas tous le succès économique attendu par les producteurs.

Ravies d’acheter du lait cru bio, une mère de famille et ses trois enfants testent le distributeur sur le parking à l’entrée du marché de Saint-Renan, le plus important de la pointe bretonne.

1,10 euro est introduit dans le monnayeur. La machine, réapprovisionnée tous les jours, accompagne de quelques meuglements pré-enregistrés le remplissage de la bouteille avec du lait stocké à 3°C.

Jean-Luc Raguenes, éleveur bio à Plouarzel, près de Brest, se frotte les mains. En service depuis une semaine, le distributeur (50.000 euros, dont 12.000 de subventions des conseils général et régional), a délivré 120 litres le premier samedi, puis jusqu’à 80 les jours suivants.

“Je ne regarde pas mes heures. Au départ, il faut être très présent pour expliquer le fonctionnement de la machine et mettre les gens en confiance”, concède l’éleveur.

Cette nouvelle activité, baptisée “Cabane à lait” -le nom a été déposé-, a séduit sept producteurs de lait de l’association bretonne Cabane à lait, selon Véronique Blier, conseillère nouveaux marchés à la chambre d?agriculture d?Ille-et-Vilaine.

“Ce type de vente directe leur prend plus de temps qu’ils n’avaient imaginé”, constate-t-elle en annonçant un seuil de rentabilité de 40 à 50 litres par jour pendant cinq ans. Chiffre qu’aucun des éleveurs n’a encore atteint en Bretagne.

Pour Michel Besnard, l’importateur français de ces machines italiennes totalement automatisées, le marché a été juteux puisqu’il a vendu à lui seul “98% des 110 distributeurs” installés en France, malgré un problème de conformité qui a bloqué les ventes pendant six mois en 2009.

La conjoncture, avec une crise laitière sans précédent, est favorable à son commerce qui permet, selon lui, au producteur de valoriser directement le litre de lait à 1 euro, soit deux à trois plus que le litre payé par les industriels.

Jean-Jacques Mahé y a cru Mais cet éleveur des Côtes d’Armor qui a installé en mai sa “Cabane à lait” sur le parking d’un supermarché de Lamballe a décidé de jeter l’éponge.

“Ca ne fonctionne pas bien. Je ne distribue que 20 litres par jour, c’est trop peu par rapport au temps que j’y passe”, affirme-t-il.

Une éleveuse de Seine-Maritime, Cécile Dambry, fait le même constat avec les 22 litres par jour de lait cru traditionnel que débite son distributeur implanté sur la place du marché de Notre-Dame-de-Gravenchon.

L’appareil, le second installé en France fin 2008, totalisait au départ une cinquantaine de litres. Mais le volume a vite chuté malgré une baisse du prix de 1 à 0,80 euro et la fidélité de quelques habitués.

Aujourd’hui, l’éleveuse qui a déboursé 30.000 euros hors 40% de subvention, envisage elle aussi de stopper cette activité.

Avec en moyenne 100 litres, Jean-Marc Frasson, lui, s’en sort très bien. Ce producteur de lait conventionnel de Lagupie (Lot-et-Garonne) qui a installé fin mars son distributeur sur le parking d’un centre commercial de Marmande, dépasse largement le seuil de rentabilité de 55 litres par jour.

“Les clients sont contents et fidèles, ils viennent même le dimanche”, jour de fermeture du supermarché, déclare l’éleveur,qui consacre deux heures et demie par jour à cette activité qui couvre presque le salaire d’un associé.